🐙 Bernanos Histoire D Un Homme Libre

MichelBernanos est un écrivain français né le 20 janvier 1923 à Fressin (Pas-de-Calais).Il utilisa notamment les noms de plume Michel Talbert et Michel Drowin.. PoÚte et auteur de romans fantastiques et policiers, il vécut au Brésil dans les états du Minas Gerais au cours de l'adolescence, puis de l'Amazonas aprÚs guerre.Il y fera évoluer un grand nombre de ses

" Le monde moderne, c'est nous ! ", s'exclamait Bernanos. Loin de se retrancher de la civilisation dont il condamne le matĂ©rialisme, l'Ă©crivain est... Lire la suite 8,96 € Neuf DĂ©finitivement indisponible " Le monde moderne, c'est nous ! ", s'exclamait Bernanos. Loin de se retrancher de la civilisation dont il condamne le matĂ©rialisme, l'Ă©crivain est sur tous les fronts la guerre d'Espagne, la montĂ©e du totalitarisme en Europe, la DeuxiĂšme Guerre mondiale. Dans l'univers romanesque qui est le sien, la rĂ©alitĂ© oscille entre deux pĂŽles, la saintetĂ© et la damnation. Les crĂ©atures les plus ordinaires y sont la proie du sacrĂ©, et leur aventure personnelle acquiert une dimension qui les dĂ©passe. Mais il n'en va pas autrement dans la vie. Bernanos nous rappelle, Ă  travers ses Ă©crits de combat, que l'Histoire est le lieu oĂč se joue le destin surnaturel de l'homme. " Une parole libre ", libre des modes, des idĂ©ologies et des systĂšmes, tel est ce que l'Ă©crivain revendique, afin d'accomplir sa vocation d'Ă©veilleur. Date de parution 20/10/1998 Editeur Collection ISBN 2-220-04296-0 EAN 9782220042961 Format Poche Nb. de pages 90 pages Poids Kg Dimensions 10,7 cm × 17,6 cm × 0,9 cm Biographie de Claire Daudin Normalienne, Claire DAUDIN a consacrĂ© sa thĂšse Ă  PĂ©guy et Bernanos. Elle est l'auteur de Alcools d'Apollinaire, aux Ă©ditions BrĂ©al 1998.

FaceĂ  l'histoire contemporaine, les diffĂ©rentes prises de position de son Ɠuvre politique, au premier abord contradictoires, imposent l'image d'un homme anticonformiste, libre de toute allĂ©geance Ă  une hiĂ©rarchie catholique ou Ă  un mouvement politique (l'Action française). Admirateur de Drumont, qu'il appelle son « vieux maĂźtre », Bernanos rĂ©cuse l'antisĂ©mitisme

1 À l’heure oĂč j’écris, une gĂ©nĂ©ration s’en va. Celle qui a connu l’occupation nazie et, pour une part, subi la solution finale de la question juive » par l’Allemagne hitlĂ©rienne, tĂ©moin ou victime des arrestations de juifs et de la disparation de familles entiĂšres dont plus aucune trace n’a survĂ©cu. À mesure que les annĂ©es passaient dans le monde redevenu normal, le traumatisme d’avoir vĂ©cu une telle souffrance impensable, doublĂ©e de l’injustice d’avoir Ă©tĂ© abandonnĂ© de l’humanitĂ©, ne s’est jamais apaisĂ©. 2 À l’approche de la mort maintenant, la crainte que tout cela ne se rĂ©pĂšte, que le plus jamais ça » n’ait plus aucune signification, grandit. Partir sans assurance qu’une luciditĂ© demeure, parmi les vivants, pour les engrenages de la haine menant aux exterminations de masse, sans espoir que la connaissance du passĂ© vienne armer les sociĂ©tĂ©s prĂ©sentes, sans certitude que les leçons de l’histoire seront entendues, est une torture. Une torture que nous leur infligeons par notre passivitĂ© individuelle et collective devant des faits inacceptables, le retour de la haine des juifs 3 Car voici qu’en moins d’une dĂ©cennie trois Ă©pisodes sont venus confirmer que la France, complice Ă  travers l’État français de Vichy de la solution finale [1] », n’avait rien appris du plus obscur du passĂ© national. En janvier 2014, des Mort aux juifs » ponctuent les manifestations organisĂ©es Ă  Paris contre le mariage pour tous. Les mĂȘmes cris sont entendus quatre ans plus tard lors des premiĂšres manifestations de Gilets jaunes » dans la capitale, en dĂ©cembre 2018. Trois ans encore et une nouvelle flambĂ©e de haine antisĂ©mite avec les manifestations de l’étĂ© 2021 contre la vaccination pour la Covid 19. Cette dĂ©cennie que nous subissons intervient aprĂšs une sĂ©rie d’assassinats prenant les juifs pour cible, Ilan Halimi le 13 fĂ©vrier 2006, trois enfants et un professeur de l’école Ozar Hatorah Ă  Toulouse le 19 mars 2012. Ils succĂšdent aux attentats rue des Rosiers et Ă  la synagogue de la rue Copernic. Ils se poursuivent dans la derniĂšre dĂ©cennie avec les assassinats de l’Hyper Cacher de Vincennes le 9 janvier 2015, de Sarah Halimi le 4 avril 2017, de Mireille Knoll le 23 mars 2018 [2]. 4 En dĂ©pit des dĂ©clarations les plus fermes, des avertissements les plus Ă©loquents, de l’action d’institutions dĂ©diĂ©es, de l’étude Ă  marche forcĂ©e de l’antisĂ©mitisme, rien ne fait. L’expression antisĂ©mite se rĂ©pand, la banalisation progresse, la violence s’aggrave, les digues cĂšdent. Les entreprises de faussaires se multiplient, la derniĂšre contestant la complicitĂ© de Vichy dans la solution finale ». La dĂ©portation des juifs assumĂ©e par le rĂ©gime ne pouvait mener qu’à l’extrĂȘme – personne ne pouvait l’ignorer avec le nazisme et son antisĂ©mitisme consubstantiel – pour ces populations livrĂ©es Ă  l’occupant. Est-ce exagĂ©rer les faits, culpabiliser les Françaises et les Français en leur rappelant de pareilles indignitĂ©s nationales et en les rapprochant des drames prĂ©sents ? 5 Quand les faits antisĂ©mites, aussi graves soient-ils, sont pris isolĂ©ment, ils peuvent peut-ĂȘtre Ă©chapper Ă  l’interrogation critique, rester Ă©trangers Ă  l’esprit de raison. Ils demeurent Ă  la merci des minimisations, des dĂ©nĂ©gations mĂȘmes. RapprochĂ©s, ils font sens, ils montrent des Françaises et des Français transformĂ©s en ennemis parce que juifs, prĂ©cipitĂ©s dans des morts odieuses. C’est le rĂ©sultat de l’obsession antisĂ©mite des uns et du passage Ă  l’acte des plus radicaux. Accepter cette rĂ©alitĂ© de longue durĂ©e est un acte de luciditĂ© et le contraire de l’abaissement. La luciditĂ© libĂšre et mobilise les volontĂ©s. Lorsque l’historien et philosophe Élie HalĂ©vy rĂ©vĂšle publiquement en 1936 que le vĂ©ritable dĂ©fi lancĂ© aux dĂ©mocraties n’est pas la seule menace fasciste et nazie, mais l’ensemble des tyrannies allant jusqu’à Moscou, il n’accroĂźt pas leur fragilitĂ©. Il leur donne, Ă  l’inverse, les moyens intellectuels de penser et d’organiser leur rĂ©sistance Ă  l’ùre des tyrannies [3] ». 6 Il est temps de combattre la menace antisĂ©mite, de protĂ©ger celles et ceux qui sont visĂ©s par ces violences d’un passĂ© insoutenable, inimaginables quand on mesure qu’elles sont revenues un demi-siĂšcle seulement aprĂšs la catastrophe de la Shoah et l’affirmation solennelle, au retour des dĂ©portĂ©s des camps de la mort, du plus jamais ça ». L’entreprise gĂ©nocidaire n’a pourtant jamais cessĂ©. Les proclamations ont Ă©tĂ© vaines. Si la connaissance s’est efforcĂ©e d’avancer, parfois dans un dĂ©sert tant le refus de savoir Ă©tait grand – on l’a vu avec le gĂ©nocide des Tutsi de 1990-1994 –, la conviction qu’avec elle le monde serait immunisĂ© contre la tentation raciste et antisĂ©mitisme s’est transformĂ©e en illusion fatale. On s’est cru protĂ©gĂ©s, d’autant qu’en parallĂšle aux pouvoirs du savoir se dressaient les forces du droit. Mais ni les uns ni les autres n’ont pu agir comme on l’avait espĂ©rĂ©. On est demeurĂ©s avec des certitudes sans exactitude, cette valeur Ă  laquelle Albert Camus exhortait les sociĂ©tĂ©s afin de s’édifier, moralement et intellectuellement, dans la vĂ©ritĂ© et la responsabilitĂ©. Elle signifie non seulement de nommer le rĂ©el, mais aussi de le dĂ©finir et de l’historiciser afin d’échapper Ă  la domination de l’histoire qui se fait sans les ĂȘtres, et mĂȘme contre eux. 7 Sans retour critique sur ses usages sociaux et politiques, sans conscience claire des limites de sa vertu intellectuelle et morale, la connaissance se rĂ©vĂšle impuissante Ă  comprendre les prĂ©cipices au long desquels chemine l’humanitĂ©. Pire, en s’affirmant comme un rempart Ă  la destruction des sociĂ©tĂ©s alors qu’elle n’en dĂ©ployait pas suffisamment de moyens, elle a laissĂ© croĂźtre l’illusion que le plus jamais ça » Ă©tait une rĂ©alitĂ©. Avec elle, l’expression de l’antisĂ©mitisme perdait sa dimension de prodrome Ă  l’extermination de masse des juifs, de mĂȘme que le ciblage racial de population matrice de processus gĂ©nocidaire. La rĂ©alitĂ© de l’un comme de l’autre apparaissait dĂ©connectĂ©e de ses possibles. Une autre limite affectant les pouvoirs de la connaissance a dĂ©coulĂ© d’une seconde singularitĂ© historiographique, cette fois portant sur les Ă©tudes relatives Ă  l’antisĂ©mitisme, nombreuses, mobilisant des chercheurs en sciences sociales et des Ă©quipes de recherche dynamiques. L’antisĂ©mitisme y est traitĂ© dans la longue durĂ©e historique comme dans sa complexitĂ© sociologique et ses ressorts psychologiques. 8 Sur ces importants travaux, deux critiques peuvent nĂ©anmoins ĂȘtre Ă©mises, sans remettre bien sĂ»r en question la validitĂ© d’une telle connaissance produite depuis que l’antisĂ©mitisme s’est rĂ©vĂ©lĂ©, dans la seconde moitiĂ© du xixe siĂšcle, comme une menace grandissante pour un groupe humain et sa survie – tant sociale et culturelle que physique et matĂ©rielle [4]. La premiĂšre porte sur des hĂ©sitations Ă  ramener l’antisĂ©mitisme vers la Shoah, avec l’argument qu’une telle confrontation paralyserait la rĂ©flexion sur les phĂ©nomĂšnes antisĂ©mites contemporains et culpabiliserait Ă  outrance leurs auteurs. La seconde critique concerne la disparition presque complĂšte d’un angle d’étude centrĂ© sur les rĂ©ponses opposĂ©es Ă  l’antisĂ©mitisme. LĂ©on Poliakov avait assumĂ© l’une et l’autre de ces perspectives dans son Ă©tude de rĂ©fĂ©rence, l’horizon de la solution finale » comme les formes de lutte dans l’histoire [5]. Bien sĂ»r, l’approfondissement de la connaissance du phĂ©nomĂšne est dĂ©jĂ  un moyen de lutte on ne combat que ce que l’on connaĂźt bien. Mais ces luttes sont Ă  peine retenues par l’histoire. La Shoah a pu laisser penser qu’elles avaient Ă©chouĂ©. Ou bien qu’elles n’avaient pas de rapport avec les menaces antisĂ©mites d’aujourd’hui. En est-on si certain, en particulier pour celles qui relĂšvent du grand Ă©vĂ©nement de l’affaire Dreyfus, face Ă  un antisĂ©mitisme de tout premier plan ? 9 ÉmergĂ© Ă  la fin du xixe siĂšcle, exploitant les libertĂ©s dĂ©mocratiques pour mieux les asservir Ă  sa cause, l’antisĂ©mitisme moderne fait passer la haine des juifs d’une tradition antijudaĂŻque Ă  une doctrine de masse, inscrite dans la modernitĂ©, la pensĂ©e et la politique. Elle devient de fait beaucoup plus difficile et pĂ©rilleuse Ă  combattre. Toute la pĂ©riode contemporaine le dĂ©montre jusqu’à nos jours. L’antisĂ©mitisme tĂ©tanise l’esprit public, impose ses mots et ses peurs Ă  la sociĂ©tĂ©, dĂ©fait les barriĂšres morales qui le contiennent, Ă©puise les Ă©lites attachĂ©es Ă  comprendre le phĂ©nomĂšne en les Ă©loignant de l’étude des combats qui l’ont dĂ©fiĂ© au moment mĂȘme de son Ă©mergence. L’histoire de cette fin de xixe siĂšcle a encore beaucoup Ă  nous apprendre, quand une authentique rĂ©sistance Ă  l’antisĂ©mitisme s’est jouĂ©e lĂ , faisant d’un tel combat commun un fondement de la sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique en construction et la base des progrĂšs de libertĂ© en RĂ©publique. 10 Aussi l’oubli de la lutte frontale contre la haine des juifs, l’abandon de la bataille contre l’antisĂ©mitisme ne contribuent-ils pas seulement Ă  les renforcer, Ă  leur offrir des espaces mortifĂšres d’impunitĂ© et leur permettre de nourrir toute forme de racisme contemporain. Ces renoncements percent au cƓur de la sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique, touchent ce que nous sommes au plus profond de notre conscience, de notre rapport Ă  l’humanitĂ© et au monde. Les hommes et les femmes qui ont menĂ© des combats dĂ©cisifs contre l’antisĂ©mitisme Ă  la fin du xixe siĂšcle, qui ne les ont pas oubliĂ©s et qui en ont transmis le sens et la dignitĂ© savaient qu’avec les forces de la raison et du savoir, ils dĂ©finissaient les fondements de la dĂ©mocratie rĂ©publicaine en train de naĂźtre. Ces combats, qui sont comme une enfance rĂ©publicaine, rĂ©vĂšlent l’importance de se porter au-devant de l’antisĂ©mitisme et de ne rien cĂ©der Ă  la haine raciale. Ce sont des premiers combats, en ce sens qu’ils dĂ©terminent tout authentique progrĂšs dĂ©mocratique de la RĂ©publique, tant l’antisĂ©mitisme brise ses valeurs morales et sa pensĂ©e politique. 11 Face Ă  tant d’impuissance aujourd’hui pour agir et penser face Ă  l’antisĂ©mitisme, il n’est pas vain d’écouter ces paroles d’outre-tombe et de rappeler Ă  la France, Ă  l’Europe, le meilleur de ce qu’elles ont Ă©tĂ© dans le passĂ©, afin de demeurer capables encore d’édifier des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques. Restituer en historien des rĂ©cits de combats, aujourd’hui celui de la lutte contre l’antisĂ©mitisme au tournant du xixe siĂšcle, ne contribue pas seulement Ă  la connaissance universelle d’un temps troublĂ© mais rĂ©el de progrĂšs dĂ©mocratiques, politiques et sociaux. Il s’agit aussi de redonner du sens au prĂ©sent en l’éclairant d’expĂ©riences individuelles et collectives majeures, constitutives de notre contemporain, de notre dĂ©termination Ă  refuser la haine de l’humanitĂ©. Ces rĂ©cits de combats hĂ©roĂŻques rĂ©insufflent Ă  la raison dĂ©mocratique un supplĂ©ment d’ñme. Il ne suffit pas d’invoquer la dĂ©mocratie pour la dĂ©fendre. Il faut avoir foi en elle et trouver, dans cette croyance de raison, le courage de se battre pour elle, comme n’hĂ©site pas Ă  l’écrire Raymond Aron depuis Londres en mai 1942 [6]. 12 Deux annĂ©es plus tĂŽt, alors que la France subit la dĂ©bĂącle » face Ă  l’armĂ©e allemande, dans la prĂ©fecture de Chartres un homme seul rĂ©siste aux mĂ©thodes et Ă  l’idĂ©ologie nazies. PrĂ©fet de la RĂ©publique, Jean Moulin tient tĂȘte Ă  ses geĂŽliers, en des heures sombres oĂč il risque sa vie pour conserver son idĂ©al et remplir sa mission. Celle que lui a confiĂ©e Georges Mandel ne pas abandonner ses administrĂ©s. À l’évocation du nom du ministre de l’IntĂ©rieur, ses bourreaux s’emportent Vous osez parler du juif Mandel ! [
] Vous ĂȘtes un pays dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, un pays de juifs et de nĂšgres [7]
 » Pour conserver la mĂ©moire de ces heures oĂč son destin bascule face Ă  l’antisĂ©mitisme nazi, Jean Moulin dĂ©cide d’en Ă©crire le rĂ©cit, au printemps 1941 Ă  Montpellier. 13 Sous le titre Premier Combat, et prĂ©facĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle, les Éditions de Minuit publient en 1947 ce journal inĂ©dit des jours dramatiques de juin 1940 en Eure-et-Loir. Elles l’accompagnent du discours en mĂ©moire du gĂ©nĂ©ral Marceau prononcĂ© le 5 mars 1939 Ă  Chartres, au cours duquel Jean Moulin dĂ©clare Je suis de ceux qui pensent que la RĂ©publique ne doit pas renier ses origines et qu’elle doit, tout au contraire, se pencher avec fidĂ©litĂ©, avec respect, sur les grandes heures qui ont marquĂ© sa naissance. » L’affaire Dreyfus et la mĂ©moire dreyfusarde y occupent une place privilĂ©giĂ©e, constitutives de son enfance rĂ©publicaine [8] ». Le titre de ce Tract » s’inspire du premier combat » de Jean Un temps critique. Retour de l’antisĂ©mitisme, repli de la dĂ©mocratie 14 L’antisĂ©mitisme n’a jamais disparu en France, mĂȘme lorsque le lien avec l’extermination des juifs d’Europe fut Ă©tabli, par la mĂ©moire, par la recherche, par l’enseignement, publiquement. Les lois de rĂ©pression de la haine antisĂ©mite et raciale ont dĂ©montrĂ© la volontĂ© du lĂ©gislateur de combattre l’antisĂ©mitisme. Les pouvoirs publics se mobilisent face aux crimes et dĂ©lits qui frappent les juifs de France. Cet arsenal ne dĂ©courage pas les expressions de l’antisĂ©mitisme que nous avons personnellement suivies, en historien, depuis qu’en 1994, en relation avec la commĂ©moration de la condamnation du capitaine Dreyfus, des Ă©crits, des paroles et des agressions ont imaginĂ© rĂ©pondre Ă  l’évocation de passĂ©s obscurs et de vĂ©ritĂ©s historiques. PrĂšs de trente ans dĂ©jĂ  d’expression antisĂ©mite en continu plus que par intermittence, marquĂ©s d’assassinats de Françaises et Français, d’enfants, visĂ©s et exĂ©cutĂ©s comme juifs. Avec les attentats de la rue Copernic, de la rue des Rosiers, quarante ans d’affirmation de l’antisĂ©mitisme alors qu’est connue son issue fatale, avec l’extermination du groupe attaquĂ©, depuis que l’Allemagne nazie a mis en Ɠuvre la solution finale de la question juive » et que la France de Vichy s’en est rendue complice. Cette permanence et plus encore cette rĂ©invention permanente de l’antisĂ©mitisme sont inconcevables. Pourtant elles sont rĂ©elles et cette rĂ©alitĂ© nous fait un devoir de penser un tel abaissement national, un tel recul europĂ©en. La situation est mĂȘme vertigineuse si l’on considĂšre les efforts rĂ©solus des pouvoirs français et des responsables europĂ©ens pour contrer ces vagues antisĂ©mites grossissantes. 15 Y a-t-il une fatalitĂ© dans un antisĂ©mitisme qui serait sans fin » comme nous l’avons qualifiĂ© [9], annonçant de nouvelles submersions comme celles qu’ont dĂ©jĂ  subies la France, l’Europe et mĂȘme les États-Unis avant la Seconde Guerre mondiale ? Albert Camus avait averti en 1947 que le bacille de la peste, mĂȘme vaincu, ne meurt ni disparaĂźt jamais [
] et que, peut-ĂȘtre, le jour viendrait oĂč, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste rĂ©veillerait ses rats et les enverrait mourir dans une citĂ© heureuse [10] ». 16 S’impose la nĂ©cessitĂ© de comprendre les politiques et les attitudes de lutte contre l’antisĂ©mitisme. Deux composantes majeures Ă©mergent de la rĂ©flexion. Il existe en premier lieu une mĂ©connaissance ou une minimisation des objectifs de l’arme antisĂ©mite qui ne vise pas seulement la destruction de la personne et de la vie juive mais atteint aussi ce qui est reconnu comme le rempart de la haine, Ă  savoir la sociĂ©tĂ© dĂ©mocratique connue en France sous le nom de dĂ©mocratie rĂ©publicaine », une expression de Jean JaurĂšs [11]. L’antisĂ©mitisme est l’arme des anti-dĂ©mocrates, des anti-dĂ©mocraties. Imposer l’antisĂ©mitisme dans l’espace public et privĂ©, c’est triompher de la dĂ©mocratie en lui infligeant une dĂ©faite politique et une humiliation morale. Ne considĂ©rer que le tort et la violence faite Ă  une partie sans connaĂźtre les blessures qu’elle inflige au tout est une profonde erreur qui contribue au progrĂšs de l’antisĂ©mitisme et Ă  l’affaiblissement de la dĂ©mocratie. Ramener les juifs Ă  leur seul ĂȘtre religieux ou, pire, racial », les dĂ©tacher en cela de la communautĂ© des citoyens et des personnes, est une faute lourde de consĂ©quences. 17 En second lieu persiste une attitude de dĂ©ni rĂ©sultant de l’optimisme dĂ©mocratique, une forme d’incrĂ©dulitĂ© gĂ©nĂ©rale, avec l’illusion qu’avec les valeurs rĂ©publicaines la France triomphe naturellement et pour toujours de cette violence mĂȘme redoublĂ©e. Ces postures qui se veulent comprĂ©hensives, humanistes, ou rĂ©pondant Ă  des devoirs critiques de distance et de raison, font aussi Ă©cran, empĂȘchent de voir et d’ Des mots aux crimes. L’antisĂ©mitisme contemporain, l’effondrement des certitudes morales 18 En France aujourd’hui, trois doctrines de l’antisĂ©mitisme cheminent en parallĂšle, celle de l’islamisme radical, celle de l’anti-rĂ©publicanisme conservateur et celle du racialisme totalitaire. Bien que trĂšs diffĂ©rentes, avec des militants et des propagandistes qui ne se ressemblent pas, voire s’opposent idĂ©ologiquement, il n’est pas Ă  exclure que la haine des juifs renverse ces distinctions et prĂ©cipite une fusion des antisĂ©mitismes. 19 Cette contamination des antisĂ©mitismes et ce risque de fusion ne sont pas le propre de la France. Les anti-dĂ©mocraties encouragent la violence contre les juifs, l’antisĂ©mitisme devenant un instrument de destruction des opposants, ainsi d’Osman Kavala [12], l’agent de Soros en Turquie » pour le prĂ©sident Erdogan [13]. Dans les dĂ©mocraties, l’antisĂ©mitisme s’est renforcĂ© aux États-Unis avec Donald Trump et son hystĂ©rie du complot contre l’AmĂ©rique, et en Angleterre avec la dĂ©rive du Parti travailliste. En Hongrie et en Pologne, oĂč les rĂ©gimes combattent ouvertement les fondements de la dĂ©mocratie europĂ©enne, l’arme antisĂ©mite est sortie. 20 Mais le cas français est doublement exceptionnel et donc significatif de la puissance de l’antisĂ©mitisme contemporain capable d’anĂ©antir des faits acquis Ă  l’histoire, fondateurs de principes majeurs de la dĂ©mocratie rĂ©publicaine. Ces faits tĂ©moignent d’un destin national vertigineux commencĂ© avec une victoire le combat victorieux de l’affaire Dreyfus quand la France Ă©clairĂ©e s’est levĂ©e pour la dĂ©fense d’un juif innocent et condamnĂ©, quand la RĂ©publique a combattu l’antisĂ©mitisme par la vĂ©ritĂ©, la justice et la libertĂ©. Bien des nuances pourraient ĂȘtre apportĂ©es Ă  cette vision. Elle est toutefois juste dans cette conclusion. Il est parfois nĂ©cessaire d’aller Ă  l’essentiel. Ce destin, une autre France dĂ©cide de le nier moins de cinquante ans plus tard, s’engageant dans un antisĂ©mitisme d’État, livrant des juifs Ă  l’occupant nazi en connaissance de cause, sinon de la solution finale », du moins de la mise en danger extrĂȘme de populations pour lesquelles le premier devoir Ă©tait leur protection [14]. La double culpabilitĂ© française d’avoir, durant la Seconde Guerre mondiale, commis l’irrĂ©parable », selon les mots de Jacques Chirac au Vel’ d’Hiv’, et d’avoir sacrifiĂ© un temps de combat victorieux, ne s’est jamais guĂ©rie, laissant la France trĂšs vulnĂ©rable face aux remontĂ©es d’antisĂ©mitisme et Ă  son actuelle banalisation. 21 Cette dĂ©faite sur l’histoire, ce renoncement au passĂ© demeurent des blessures Ă  vif. Elles expliquent l’état de sidĂ©ration devant le retour vĂ©cu comme inexorable de l’antisĂ©mitisme, retour d’autant plus critique qu’en revenant, l’antisĂ©mitisme mue et se renforce, menaçant toujours plus les dĂ©mocraties. Avec cette force nouvelle, il se rend capable de fusionner les extrĂȘmes, de briser les digues, de nier les faits acquis et de contaminer la pensĂ©e comme la politique, atteignant au final la dĂ©finition qu’une nation se donne d’elle-mĂȘme. On le voit aujourd’hui, l’irruption de l’antisĂ©mitisme sur la scĂšne publique, convoquĂ© pour mieux lĂ©gitimer des protestations populaires, engendre des situations d’abaissement national impressionnantes oĂč l’on n’hĂ©site plus Ă  remettre en cause les faits acquis Ă  l’histoire. On ne peut qu’ĂȘtre effarĂ©s devant cette doctrine destructrice de l’histoire, piĂ©tinant l’éthique des dĂ©mocraties pour la vĂ©ritĂ©. 22 Tant que l’Europe et la France en particulier ne se dĂ©cident pas Ă  se dresser contre ces idĂ©ologies de la haine et du mensonge, tant qu’elles ne choisissent pas de faire de la solidaritĂ© avec une partie de ses concitoyens le fondement de son identitĂ© et de sa vĂ©ritĂ©, l’effondrement moral gagnera et avec lui, comme on l’a dit, la mise en danger extrĂȘme d’une partie de sa population. Pour ceux qui pensent que l’on en fait trop avec les juifs », il convient de rappeler que la connaissance de la persĂ©cution, qui peut frapper tout le monde Ă  tout moment dans le monde d’aujourd’hui, a Ă©tĂ© permise par la connaissance de l’histoire des juifs et de leur terrible destin depuis le Moyen Âge. Et il convient de leur dire que le retour de la persĂ©cution ne peut que prĂ©cipiter leur pays dans la honte si elle est tolĂ©rĂ©e. Tandis que la combattre honore une nation. L’antisĂ©mitisme n’est pas le problĂšme des juifs et il n’est pas seulement le fait des antisĂ©mites. L’accepter, se tenir dans le silence ou l’abstention, ne pas se figurer son danger global et systĂ©mique conduisent Ă  rechercher sa propre mort et celle de la sociĂ©tĂ© dans laquelle nous vivons, que nous aimons. Ce ne sont pas de vaines paroles. Il n’est jamais trop tard pour agir. L’antisĂ©mitisme n’est pas une fatalitĂ©, la question juive » une option. Les pouvoirs publics, les autoritĂ©s politiques, des penseurs et intellectuels, des associations et des chercheurs sont bien dans l’action. Les faits en sont nombreux, les discours en sont Ă©loquents, les rĂ©alisations dignes de respect. Mais force est de reconnaĂźtre que leur impact est faible, que le sentiment d’échec est lĂ , nourrissant Ă  rebours l’impunitĂ© des antisĂ©mites, leur fiertĂ© mĂȘme. Et donnant raison Ă  celles et ceux qui se dĂ©robent Ă  leur devoir. 23 Des conditions sont requises pour retrouver le sens de l’action, Ă  commencer par l’arrimer solidement Ă  la rĂ©flexion. Il convient Ă  cet Ă©gard de comprendre pourquoi l’expression de l’antisĂ©mitisme n’entraĂźne pas de rĂ©probations universelles et de rĂ©ponses fortes, Ă  la hauteur du prĂ©judice commis contre l’humanitĂ© entiĂšre comme sur des personnes et des Ăąmes. La simple application du droit pourrait permettre de restituer toute sa gravitĂ© au dĂ©lit de provocation Ă  la discrimination, Ă  la haine ou Ă  la violence racistes. Comme le relĂšve le professeur de droit Thomas Hochmann, des condamnations pour ce motif peuvent entraĂźner, comme le prĂ©voit la loi sur la presse en son article 24, une peine d’inĂ©ligibilitĂ© [15]. La disposition est pourtant rarement appliquĂ©e. 24 Il convient de voir la rĂ©alitĂ© bien en face, Ă  savoir que l’antisĂ©mitisme annonce l’effondrement des sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques. Il est vain d’imaginer qu’on pourra vivre avec, s’en accommoder sans risque. L’antisĂ©mitisme est le symptĂŽme d’un temps de catastrophes Ă  venir c’est sa force, et sa faiblesse parce qu’il dĂ©voile sa menace. Avec lui on est informĂ©s du pire, on peut engager sans tarder la lutte, sans attendre l’effondrement et l’impossibilitĂ© pratique alors de combattre. Il est mĂȘme possible d’agir avec des ressources nombreuses mais restĂ©es invisibles, souvent dĂ©prĂ©ciĂ©es. Pendant ce temps avancent l’antisĂ©mitisme et ses Des justifications de l’antisĂ©mitisme Ă  la destruction des sociĂ©tĂ©s 25 L’expression de l’antisĂ©mitisme s’entoure, afin de la rendre tolĂ©rable, licite ou mĂȘme salutaire, de discours de justification. Elle profite aussi de frilositĂ©s d’action et de dĂ©faites de la pensĂ©e. Il est possible d’en faire un inventaire non exhaustif. 26 Les minoritĂ©s dans une sociĂ©tĂ© devraient accepter les consĂ©quences de l’appartenance minoritaire, Ă  savoir des risques inĂ©vitables. Ce serait le prix Ă  payer pour rester une minoritĂ©. L’existence mĂȘme de minoritĂ©s implique la possibilitĂ© de la persĂ©cution. Rien ne serait plus normal si l’on se soumet au processus de dĂ©veloppement des sociĂ©tĂ©s, au sein des États-nations qui grandissent et se renforcent dans le monde actuel, y compris Ă  l’échelle des nouveaux empires » comme la Chine, la Russie, la Turquie, l’Iran, qui ne sont en rĂ©alitĂ© que de vastes États nationaux, voire des États ethniques. Appartenir Ă  une minoritĂ© expose Ă  la discrimination et Ă  la persĂ©cution. C’est un sort jugĂ© normal. Les minoritĂ©s menacent ces constructions socio-Ă©tatiques, mais Ă©galement l’affirmation du fait religieux majoritaire et la recomposition des sociĂ©tĂ©s en ethnies majoritaires » ou mĂȘme en races » auto-proclamĂ©es. 27 Parmi les minoritĂ©s, les juifs en constituent la plus connue parce que la plus ancienne et la plus admise. Mais aussi la plus exposĂ©e. Le fait mĂȘme qu’ils soient ainsi tenus pour l’archĂ©type de la minoritĂ© les conditionne naturellement Ă  la persĂ©cution qui constituerait leur ĂȘtre au monde, leur destin historique. Rien de plus naturel en somme. L’ordre des choses, la normalitĂ© la plus commune. Cette assimilation touche Ă  l’inconscient collectif qui devient de plus en plus conscient et assumĂ©. La persĂ©cution est indissociable de leur existence minoritaire. Plus les juifs sont assignĂ©s Ă  ce statut minoritaire, plus la violence qui les frappe apparaĂźt logique. Et plus les juifs, rĂ©agissant Ă  la persĂ©cution, renforcent leur appartenance minoritaire, plus ils sont jugĂ©s comme en Ă©tant la cause. 28 Des conceptions plaçant le conflit au sein des sociĂ©tĂ©s, les approchant sous le prisme du darwinisme social, amĂšnent Ă  dĂ©fendre la nĂ©cessitĂ© du bouc Ă©missaire dont le sacrifice serait indispensable au dĂ©veloppement des groupes, conditionnant la soliditĂ© du corps social et ethnique. La thĂšse du sacrifice de certains pour la promotion de la majoritĂ© est de plus une idĂ©e ancienne qui n’a pas disparu et que l’extrĂȘme droite, en particulier, rĂ©gĂ©nĂšre. La haine du fait minoritaire alimente l’antisĂ©mitisme. Les juifs ont Ă©tĂ© ces victimes expiatoires dans le passĂ©. La tradition les dĂ©signe pour le demeurer. Loin de discrĂ©diter la persĂ©cution, le fait que les juifs en aient Ă©tĂ© les premiĂšres victimes dans le passĂ© peut entĂ©riner l’idĂ©e qu’il s’agit d’une loi historique immuable. 29 S’il y a eu persĂ©cution contre les juifs, expliquent les antisĂ©mites, c’est en raison du danger qu’a constituĂ© leur peuple sans État ni nation, leur propension au cosmopolitisme et Ă  l’internationalisme, leur atavisme Ă  la trahison et au complot. Bien que forgĂ© par des antisĂ©mites notoires et des assassins de juifs Ă  Kichinev en Russie, le protocole des sages de Sion » est tenu comme une vĂ©ritĂ© dont il faudrait tirer toutes les consĂ©quences. Eux ou nous », ont proclamĂ© les nazis comme les bourreaux des Herero, des ArmĂ©niens et des Tutsi. Avec les juifs apparaissent les complots, avec l’antisĂ©mitisme vient le pouvoir de les dĂ©masquer. La haine des juifs ne serait que secondaire face Ă  l’objectif de traquer les traĂźtres. Elle n’en est que plus dangereuse pour l’humanitĂ© puisqu’autorisĂ©e, lĂ©gitimĂ©e. 30 Les juifs, avec le fait minoritaire et la persĂ©cution systĂ©matique qui les dĂ©finissent, entraĂźnent tout rĂ©cit national Ă  la repentance, au besoin de rĂ©paration Ă©ternelle, au malheur en d’autres termes. Il importerait donc de réécrire ce rĂ©cit en minimisant cette persĂ©cution, en l’inversant au besoin pour vanter la protection des juifs et rĂ©habiliter les rĂ©gimes qui ont tolĂ©rĂ© la persĂ©cution, voire l’ont encouragĂ©e jusqu’à devenir complice de la solution finale ». L’étude de la Shoah devient un contre-rĂ©cit national, insupportable, qui ne s’expliquerait qu’en raison d’un lobby juif » Ă  satisfaire ou Ă  la manƓuvre. À nouveau les juifs risquent d’apparaĂźtre comme des ennemis de la nation. 31 Le nĂ©gationnisme, qui dĂ©clare que le lobby juif » est l’inventeur du mensonge des chambres Ă  gaz, profite d’un tel soupçon sur l’histoire de la Shoah accusĂ©e de survaloriser les juifs au dĂ©triment d’autres victimes. Il faudrait lui substituer un rĂ©cit national Ă©radiquant les responsabilitĂ©s locales, comme l’exige l’actuel pouvoir polonais par ailleurs engagĂ© dans une rĂ©pression des libertĂ©s civiles. La dĂ©mocratie se corromprait en dĂ©fendant un principe de solidaritĂ© pour les victimes et de reconnaissance de vĂ©ritĂ© sur les crimes du passĂ©. L’hostilitĂ© pour la connaissance de la Shoah constitue de fait un indice d’une offensive plus large. Si la dĂ©mocratie est la cible des antisĂ©mites, alors la lutte contre l’antisĂ©mitisme par l’action dĂ©mocratique mĂ©rite d’ĂȘtre relevĂ©e. 32 Ces menaces globales sont loin d’ĂȘtre comprises aujourd’hui. Une sĂ©rie de raisons l’explique, dĂ©ficit de perspective historique, minimisation d’une rĂ©alitĂ© vĂ©cue comme anxiogĂšne, malaise pour la lutte contre l’antisĂ©mitisme qui accentuerait le sĂ©paratisme puisque menĂ©e en faveur d’une seule minoritĂ©, dĂ©construction du rĂ©cit dĂ©mocratique fragilisant les bases d’un tel combat, soupçon sur l’universalisme de l’humanité  Ces menaces existent pourtant. Il faut bien en arriver Ă  la rĂ©alitĂ© », Ă©crivait Émile Zola dans sa Lettre Ă  la jeunesse » de 1897, Ă  propos de l’antisĂ©mitisme dĂ©jĂ  L’histoire est lĂ  [16]. » Cette luciditĂ© renforçait sa volontĂ© de dĂ©chirer les Ă©crans, Ă  l’abri desquels grandissait l’antisĂ©mitisme. Et il ne s’agissait pas seulement d’une affaire d’hommes. Les femmes du journal La Fronde Ă©taient aux avant-postes de ce combat de Des Ă©crans qui voilent la rĂ©alitĂ©, brouillent le danger, disqualifient la lutte 33 Le dĂ©ni de la gravitĂ© de l’antisĂ©mitisme, et partant le refus de le combattre en tant que menace fondamentale, pĂšsent sur la sociĂ©tĂ© française pour des raisons diamĂ©tralement opposĂ©es, provenant Ă  la fois des sphĂšres qui l’instrumentalisent et se dĂ©fendent logiquement de le faire, et de celles qui, Ă  l’inverse, se reconnaissent dans les valeurs dĂ©mocratiques Ă  mĂȘme de le combattre mais refusent de considĂ©rer qu’elles sont menacĂ©es. Pour ces derniĂšres, reconnaĂźtre la gravitĂ© du phĂ©nomĂšne de l’antisĂ©mitisme serait attester d’un recul gravissime de la dĂ©mocratie, d’une remise en question de combats historiques menĂ©s pour le repousser et faire des juifs des citoyens Ă  part entiĂšre, reconnus dans tous leurs droits et protĂ©gĂ©s de la persĂ©cution par la sociĂ©tĂ©. Renoncer Ă  cet idĂ©al, accepter qu’il ne soit plus, est intolĂ©rable, indicible mĂȘme. On peut mesurer la souffrance qu’engendre la vĂ©ritĂ©, la peur d’échanger la confiance en l’avenir avec la crainte du lendemain. Mais les faits sont lĂ . Les dĂ©nier n’abolit pas le rĂ©el qui grandit au contraire dans l’aveuglement. Ces Ă©crans qui se dressent entre les sociĂ©tĂ©s dĂ©mocratiques et la rĂ©alitĂ© de l’antisĂ©mitisme affaiblissent les premiĂšres et aggravent la seconde. 34 Une sĂ©rie d’arguments, que l’on se donne Ă  soi-mĂȘme pour Ă©viter les introspections trop douloureuses, s’efforce donc de minimiser la portĂ©e du phĂ©nomĂšne actuel de l’antisĂ©mitisme et sa gravitĂ©. Les Ă©voquer ne mĂ©connaĂźt pas leur complexitĂ© et les raisons qui les animent. C’est revenir aux effets que nul ne doit ignorer toute expression de l’antisĂ©mitisme, par le travail de sape qu’elle rĂ©alise sur les fondements dĂ©mocratiques, dĂ©cuple son danger. Minorer le phĂ©nomĂšne entraĂźne des lendemains douloureux pour la dĂ©mocratie. Et pourtant cette tentation existe, un rĂ©flexe classique face Ă  une rĂ©alitĂ© trop prĂ©sente. 35 L’antisĂ©mitisme ne serait que marginal, ou un fait d’opinion restant Ă  ce stade, sans autre consĂ©quence. L’antisĂ©mitisme serait avant tout un vĂ©hicule d’expression radicale utilisĂ© pour communiquer des rĂ©voltes, en particulier sociales ou identitaires ; il ne serait donc qu’indirect et de cette maniĂšre plutĂŽt inoffensif. En dĂ©coule l’argument que l’antisĂ©mitisme serait prioritairement une question sociale, rĂ©vĂ©latrice de tensions ou de frustrations au sein de la sociĂ©tĂ© s’exprimant alors par cette voie. Ramener l’antisĂ©mitisme Ă  sa signification politique et historique relĂšverait d’un abus, rendrait incapable sa dĂ©construction et, disons-le aussi, impliquerait de se soumettre Ă  l’État d’IsraĂ«l coupable d’instrumentaliser la Shoah. Le rappel que l’antisĂ©mitisme est la matrice principale de la destruction des juifs durant la Seconde Guerre mondiale, et que sa rĂ©surgence comporte des risques de gĂ©nocide, est-il ainsi susceptible d’ĂȘtre critiquĂ©, d’autant qu’il introduit les responsabilitĂ©s de la France dans la solution finale ». 36 Autre minimisation qui amĂšne Ă  perdre de vue l’inscription de l’antisĂ©mitisme dans la sociĂ©tĂ© française, son Ă©vocation comme produit d’importation Ă©mergĂ© du conflit israĂ©lo-arabe et de l’islamisme radical. L’antisĂ©mitisme serait donc Ă©tranger dans sa forme actuelle Ă  la dimension nationale et devrait ĂȘtre strictement apprĂ©hendĂ© dans la sphĂšre moyen-orientale et musulmane. 37 Lorsque la gravitĂ© de l’antisĂ©mitisme est davantage reconnue, elle est aussitĂŽt repoussĂ©e au motif de la puissance prĂ©sumĂ©e des anticorps de la sociĂ©tĂ© française et du modĂšle europĂ©en capables de rĂ©ponses fortes. La dĂ©mocratie française est solide, installĂ©e depuis plus de deux siĂšcles dans notre pays, la RĂ©publique possĂšde des forces intĂ©rieures qui repoussent de telles menaces, Ă  commencer par son universalitĂ© proclamĂ©e. CĂ©lĂ©brer l’égalitĂ© civique, les droits de l’homme et du citoyen, la dĂ©mocratie rĂ©publicaine devrait suffire Ă  repousser toute menace rĂ©actionnaire et discriminante comme le serait l’antisĂ©mitisme. C’est faire fi de la longue durĂ©e historique. 38 Au-delĂ  se tient, comme pour le fascisme du reste, la vision irĂ©nique d’une France naturellement allergique Ă  l’antisĂ©mitisme, par essence universelle dans sa dĂ©finition, hostile Ă  toute discrimination fondĂ©e sur l’appartenance ethnique, religieuse ou nationale. Si quand mĂȘme l’antisĂ©mitisme a existĂ© et continue de faire entendre sa voix, il ne s’agirait alors que de traits culturels, de produits du terroir ou d’originalitĂ©s d’écrivains par ailleurs monstres sacrĂ©s de la littĂ©rature nationale. Y insister, souligner la gravitĂ© de l’antisĂ©mitisme quel qu’il soit serait une atteinte au patrimoine de la nation, un affront Ă  la rĂ©putation d’élites certes un peu conservatrices mais tellement françaises
 39 Plus largement est dĂ©laissĂ©e la mise en rĂ©cit des batailles passĂ©es, l’histoire des barrages contre l’antisĂ©mitisme, de la prise de conscience de son danger. Cette mise en rĂ©cit rĂ©vĂšle les faillites de la nation, nuit Ă  son image et sa bonne rĂ©putation. Ces luttes impliqueraient, dans une vision purement ethniciste de l’antisĂ©mitisme qui nierait son pouvoir destructeur de l’humanitĂ©, une soumission Ă  une minoritĂ© et mĂȘme un risque d’affaiblissement de la fiertĂ© nationale. En cela, l’affirmation de la lutte frontale contre l’antisĂ©mitisme suscite du malaise et de la rĂ©probation. Pas seulement parce qu’elle dĂ©signerait un fait que beaucoup souhaitent tenir pour marginal, circonstanciel, sans consĂ©quence grave. Je l’ai constatĂ© aprĂšs mon article du 24 dĂ©cembre 2018 dans Le Monde au sujet des actes et propos antisĂ©mites lors des premiĂšres manifestations de Gilets jaunes ». J’ai Ă©tĂ© le premier Ă  les relever publiquement. On a pu souligner et dĂ©plorer le caractĂšre transgressif d’une telle mise en lumiĂšre, coupable de venir affaiblir la puretĂ© doctrinale d’un mouvement populaire naissant. Plus encore, en soulignant que l’antisĂ©mitisme produit par l’extrĂ©misme islamique ou les internationalismes nĂ©o-nazies n’est pas tout l’antisĂ©mitisme, que celui-ci se loge dans les replis d’une France de vrais Français », on oblige la nation Ă  se poser la question de son rapport direct avec la haine des juifs. Question intolĂ©rable pour certains, qui n’a pas lieu d’ĂȘtre. 40 Reprocher aux antisĂ©mites leur antisĂ©mitisme pourrait donc conduire Ă  affaiblir l’image de la France, Ă  dramatiser des propos de salon, de plume ou de dĂ©filĂ©, Ă  mĂ©connaĂźtre ce que dit l’antisĂ©mitisme du malaise social et identitaire, Ă  se priver d’une mesure des pulsions françaises. La lutte contre l’antisĂ©mitisme interdirait de voir les vraies victimes, qui ne seraient pas les juifs mais les antisĂ©mites eux-mĂȘmes. Elle serait aussi suspecte puisqu’elle cautionnerait une identitĂ© particuliĂšre, alimentant le sĂ©paratisme et la fragmentation. Si bien qu’il serait prĂ©fĂ©rable de s’abstenir, laissant aux mĂȘmes toujours le soin de dĂ©noncer et combattre en les exposant ils contribueraient Ă  une logique communautariste, Ă  l’ exceptionnalisme juif ». On finirait par leur reprocher de provoquer l’antisĂ©mitisme, et aux juifs de l’inciter s’ils se dĂ©fendent. Qu’on laisse l’universalisme rĂ©publicain agir ! Agit-il pour autant ? 41 Il faut en avoir conscience l’hĂ©sitation devant l’antisĂ©mitisme condamne les populations visĂ©es Ă  la solitude dans leur propre pays, Ă  l’effroi face au retour du pire passĂ© qui puisse exister. L’antisĂ©mitisme ambiant comme ses manifestations ostensibles rendent des populations fragiles toujours plus vulnĂ©rables, appelant sur elles toutes les formes de violences puisque celles-ci sont sans danger pour les auteurs. Et avec des consĂ©quences inqualifiables tant elles sont graves. Il est nĂ©cessaire donc de rappeler toujours que l’antisĂ©mitisme est une atteinte Ă  l’humanitĂ© entiĂšre et que chacun est en devoir de le combattre. Il n’y a pas de lutte antiraciste sans combat contre l’antisĂ©mitisme. L’historicitĂ© de l’antisĂ©mitisme comme sa gravitĂ© l’expliquent. Refusant Ă  une population stigmatisĂ©e le droit de vivre en paix et dans la sĂ©curitĂ©, les antisĂ©mites fabriquent de l’inhumain qui est la base de tous les processus gĂ©nocidaires [17]. 42 L’étude des gĂ©nocides a progressĂ© sur ce plan. La commission de recherche que j’ai prĂ©sidĂ©e sur le Rwanda et le gĂ©nocide des Tutsi a rĂ©vĂ©lĂ© cette lente et mĂ©thodique transformation d’une minoritĂ© en figures d’inhumanitĂ© dont le seul destin Ă©tait de pĂ©rir. Pour mieux parfaire cette deshumanisation, les Tutsi, comme les juifs, comme les ArmĂ©niens, vivaient dans l’attente effrayante de l’anĂ©antissement Ă  venir. Comme l’a rappelĂ© le prĂ©sident français Ă  Kigali le 27 mai 2021, un gĂ©nocide vient de loin. Il se prĂ©pare. Il prend possession des esprits, mĂ©thodiquement, pour abolir l’humanitĂ© de l’autre. Il prend sa source dans des rĂ©cits fantasmĂ©s, dans des stratĂ©gies de domination Ă©rigĂ©es en Ă©vidence scientifique. Il s’installe Ă  travers des humiliations du quotidien, des sĂ©parations, des dĂ©portations. Puis se dĂ©voile la haine absolue, la mĂ©canique de l’extermination [18] ». 43 La souffrance juive face Ă  la violence antisĂ©mite, le dĂ©sintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral pour cette terreur si proche, l’impunitĂ© dont elle s’entoure souvent, l’enfermement qui est infligĂ© aux juifs seuls dans leur destin de victimes, l’aliĂ©nation qu’ils subissent en s’interdisant de rĂ©sister pour ne pas accroĂźtre l’antisĂ©mitisme, tout cela est proprement insupportable. IntolĂ©rable. Obliger les juifs Ă  se dĂ©fendre seuls contre l’antisĂ©mitisme est une double peine qu’on inflige Ă  des innocents contraints de se vivre en coupables ils subissent une atteinte profonde Ă  leur ĂȘtre et Ă  leur existence, et l’accrĂ©ditent en mĂȘme temps en semblant agir de maniĂšre communautaire. Mais ils n’ont pas le choix puisqu’on leur renvoie l’antisĂ©mitisme comme Ă©tant leur problĂšme », le produit de la question juive » qu’ils rĂ©aliseraient par leur seule existence. La mĂ©connaissance involontaire ou la dissimulation volontaire de l’antisĂ©mitisme comme affront Ă  la sociĂ©tĂ© entiĂšre empĂȘche que chacun, solidaire d’une humanitĂ© martyrisĂ©e, dĂ©cide d’agir pour le bien commun et la dignitĂ© de sa conscience. 44 Les lignes qui concluent ce temps critique de la dĂ©faite face Ă  l’antisĂ©mitisme relĂšvent-elles seulement de propos d’indignation morale, susceptibles d’ĂȘtre facilement invalidĂ©s en arguant de diffĂ©rents arguments rhĂ©toriques philosĂ©mitisme supposĂ© de leur auteur, pensĂ©e subjective, intention de nuire Ă  la France, etc.? De telles objections, accusant autant de partis pris idĂ©ologiques que d’incurie de l’argumentation, se heurtent de plus Ă  une rĂ©alitĂ© objective qu’on ne peut Ă©carter et confĂšre de la lĂ©gitimitĂ© Ă  la lutte frontale contre l’antisĂ©mitisme. Celle-ci s’entoure en effet d’une forte historicitĂ© elle a existĂ© dans le passĂ©, elle s’est inscrite dans l’histoire et dans la pensĂ©e, elle a dĂ©cidĂ© de libertĂ©s nouvelles qui font la gloire des dĂ©mocraties. Cette lutte a su vaincre le doute sur sa dimension universelle et son impĂ©ratif moral. Être historien, philosophe, intellectuel, artiste, simple citoyen ou citoyenne, personne dans le monde conduit un jour, immanquablement, Ă  rencontrer ce temps historique et philosophique. Et Ă  reprendre Un temps historique et philosophique. La dĂ©mocratie rĂ©publicaine en lutte contre l’antisĂ©mitisme 45 Le rappel de faits acquis Ă  l’histoire et Ă  la pensĂ©e est nĂ©cessaire, quand l’impuissance devant l’antisĂ©mitisme prend des airs de fatalitĂ©, ou de grande fatigue. 46 Il a existĂ©, Ă  la fin du xixe siĂšcle et au tournant du siĂšcle dernier, un temps oĂč la lutte contre l’antisĂ©mitisme a revĂȘtu une intensitĂ© qui ne s’est jamais reprĂ©sentĂ©e ensuite, mobilisant des consciences individuelles aussi bien que des figures politiques, et d’autant plus dĂ©cisive qu’elle a affrontĂ© les formes modernes de la haine des juifs. Cette lutte consciente et volontaire a su remporter d’incontestables victoires. Mais les faits acquis Ă  l’histoire ont refluĂ©. Ils se sont perdus pour la sociĂ©tĂ©, conservĂ©s seulement par quelques-uns, leur assurant une pleine dĂ©termination dans la poursuite des combats frontaux, permettant qu’une transmission se rĂ©alise en direction de nouvelles gĂ©nĂ©rations. 47 Cette rĂ©alitĂ© passĂ©e, oĂč la lutte contre l’antisĂ©mitisme menait au courage de la vĂ©ritĂ©, portait le sursaut d’une dĂ©mocratie rĂ©publicaine, est peu connue. Elle est pourtant centrale Ă  l’histoire de France, Ă  la fois par son avancĂ©e politique et morale, par ce lien majeur du singulier et de l’universel, et parce qu’elle Ă©claire des Ă©vĂ©nements centraux de l’histoire de France, l’affaire Dreyfus et la dĂ©fense rĂ©publicaine. On est invitĂ©s Ă  les revisiter. À en dĂ©couvrir la modernitĂ©, Ă  comprendre leur contemporanĂ©itĂ©. Ou simplement Ă  commencer par apprendre les faits, ces faits acquis Ă  l’histoire comme les dĂ©signaient les dĂ©fenseurs du capitaine Dreyfus. Des faits qu’il est impossible de nier dĂšs lors qu’on les restitue avec leur matĂ©rialitĂ©. Ces combats sont inauguraux, indissociables de la dĂ©fense des droits humains, indispensables Ă  leur connaissance. Des premiers combats », dont l’idĂ©alisme s’ancre dans une pensĂ©e de l’histoire. 48 Le lien majeur entre la lutte contre l’antisĂ©mitisme et le progrĂšs dĂ©mocratique n’est pas naturel toutefois. Alfred Dreyfus est condamnĂ© Ă  la suite d’un procĂšs d’État fomentĂ© par les institutions d’un rĂ©gime qui Ă©tait le plus Ă  mĂȘme de le protĂ©ger, qui avait dĂ©jĂ  proclamĂ© dans le passĂ© son aversion de la haine religieuse opposant les citoyens les uns contre les autres. Il apportait aux justiciables les garanties d’une justice Ă©quitable. Avec l’antisĂ©mitisme dĂ©cidant de la culpabilitĂ© d’un innocent, le libĂ©ralisme comme le juridisme de la RĂ©publique se retournent contre les acquis dĂ©mocratiques du rĂ©gime, contre ces lois qui rĂ©sument les pauvres progrĂšs de l’humanitĂ©, les modestes garanties qu’elle a peu Ă  peu conquises par le long effort des siĂšcles et la longue suite des rĂ©volutions [19] », selon Jean JaurĂšs. 49 L’expression de l’antisĂ©mitisme atteste du recul de la dĂ©mocratie en mĂȘme temps qu’elle est sa cause. Agir contre l’antisĂ©mitisme mĂšne non seulement Ă  le repousser mais simultanĂ©ment Ă  consolider la dĂ©mocratie. La France de la fin du xixe siĂšcle et du dĂ©but du xxe siĂšcle dĂ©montre ce lien majeur. Et elle souligne comment la force de l’antisĂ©mitisme est aussi sa faiblesse en menaçant Ă  ce point la dĂ©mocratie, en rĂ©vĂ©lant au plus grand nombre combien elle peut ĂȘtre fragile, l’antisĂ©mitisme peut susciter contre lui des ressources considĂ©rables. 50 L’évocation d’un temps de luttes contre l’antisĂ©mitisme et d’impacts dĂ©cisifs sur le progrĂšs dĂ©mocratique arrive aujourd’hui dans un pays travaillĂ© par l’histoire, capable de se nourrir de ce passĂ© pour se construire, pour avancer et penser Ă  l’avenir avec des rĂ©fĂ©rences qui mobilisent, qui rassemblent. Ce passĂ© retrouvĂ© s’entoure de rĂ©cits positifs, rĂ©cits de luttes qui portent en elles le souvenir de victoires passĂ©es et la promesse de victoires futures. L’introuvable combat cĂšde le pas Ă  l’engagement possible. La premiĂšre condition en est alors de s’arracher au prĂ©sentisme qui paralyse l’action, de se redonner de la perspective, de l’imagination, de la visĂ©e au loin en revenant Ă  la profondeur de l’histoire, au temps historique retravaillĂ© pour en faire notre La rĂ©publique face au surgissement de l’antisĂ©mitisme 51 Alors que la RĂ©publique tend Ă  se dĂ©mocratiser Ă  partir des annĂ©es 1880, grandit la haine des juifs dans des proportions jamais connues en France, en particulier depuis que la RĂ©volution française a proclamĂ© leur Ă©mancipation. Cet acte fondateur saluĂ© universellement n’a toutefois pas Ă©tabli les bases de l’égalitĂ© rĂ©elle, n’a pas mĂȘme Ă©cartĂ© le risque de racialisation, faute d’avancĂ©es concrĂštes sur le front du droit et des libertĂ©s. Les institutions arbitraires ou de coercition de l’Empire ont perdurĂ© dans la RĂ©publique aprĂšs 1870. L’armĂ©e impĂ©riale a maintenu ses codes, l’entreprise coloniale a promu des expĂ©riences mortifĂšres d’ethnicisation et de violence extrĂȘme sur les populations. Le surgissement de l’antisĂ©mitisme traduit bien l’affrontement d’un monde d’ordre hĂ©ritĂ© avec les libertĂ©s dĂ©mocratiques rĂ©alitĂ© d’un antisĂ©mitisme incomprĂ©hensible 52 Ce surgissement d’un antisĂ©mitisme moderne, s’affichant en ennemi dĂ©clarĂ© de la RĂ©publique Ă©galitaire et dĂ©mocratique, laisse les contemporains pour la plupart dĂ©semparĂ©s et pour beaucoup terrorisĂ©s par la puissance de l’attaque, la force de la propagande et la violence du danger. Cette offensive apparaĂźt mĂȘme incomprĂ©hensible, avec l’affirmation de la RĂ©publique et sa promesse de paix et de prospĂ©ritĂ©, dans une France qui retrouve sa puissance aprĂšs la dĂ©faite de 1870 et le dĂ©chirement de la Commune. Mais l’antisĂ©mitisme rĂ©vĂšle sa force, capable Ă  la fois de se parer des habits de la modernitĂ© intellectuelle, de l’élan du mouvement social et de la cause nationale, et d’épouser les inquiĂ©tudes collectives nĂ©es de ce monde en pleine mutation, dont les frontiĂšres s’ouvrent et les certitudes se transforment. 53 Alors l’antisĂ©mitisme rĂ©ifie des accusations rituelles datant pour certaines du Moyen Âge et les intĂšgre Ă  une doctrine raciale de la sociĂ©tĂ© pensĂ©e Ă  l’ombre de Darwin et de la raciologie, oĂč il s’agit de se dĂ©fendre contre des corps Ă©trangers, nuisibles et menaçants. La racialisation des populations, qui ne date pas toutefois de cette Ă©poque, s’empare de toute l’Europe entraĂźnĂ©e dans le sillage des sciences dites raciales. Le pouvoir de l’antisĂ©mitisme contemporain tient dans cette proclamation de modernitĂ©, mais aussi dans la lutte sociale qu’il entend mener pour s’attaquer aux inĂ©galitĂ©s. Il pĂ©nĂštre ainsi les milieux ouvriers et socialistes permĂ©ables Ă  la stigmatisation d’un capitalisme juif » usurier et sans patrie. Le thĂšme nationaliste est omniprĂ©sent avec la croisade contre le corps Ă©tranger et ses diffĂ©rentes reprĂ©sentations, des populations aux idĂ©es. Il aimante un pays encore marquĂ© par la dĂ©faite, oĂč se dĂ©veloppe la psychose de l’espion allemand. 54 Une question juive » rassemblant ces peurs et ces attentes est inventĂ©e, aux fins d’ĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©e comme une vĂ©ritĂ© dont il s’agit de se protĂ©ger, par la stigmatisation publique des juifs, la persĂ©cution au quotidien, l’exclusion de la communautĂ© civique, l’enfermement et la dĂ©portation au besoin. La condamnation pour haute trahison du capitaine Dreyfus, Ă  Paris par un conseil de guerre le 22 dĂ©cembre 1894, autorise la violence antisĂ©mite qui dĂ©borde de la presse et de la rue vers l’armĂ©e et le Parlement. Les mesures les plus dĂ©finitives en faveur d’une persĂ©cution gĂ©nĂ©rale d’une minoritĂ© sont exigĂ©es depuis la tribune de la Chambre par des dĂ©putĂ©s nationalistes, monarchistes et catholiques, rejoints en 1898 par les Ă©lus des listes antisĂ©mites ». 55 DĂšs la dĂ©cennie 1880, la France et les Français, mais aussi les EuropĂ©ens, font face au dĂ©fi de l’antisĂ©mitisme. Avec la publication de La France juive d’Édouard Drumont en 1886, vĂ©ritable phĂ©nomĂšne de librairie qui polarise la civilisation du journal et hystĂ©rise l’opinion publique, la haine antisĂ©mite dĂ©guisĂ©e en question juive » s’impose comme un fait de sociĂ©tĂ©, affirmant sa puissance de sĂ©duction sur les masses comme sur les Ă©lites. La captation du thĂšme de la race, qui se veut un dĂ©passement du critĂšre religieux pour dĂ©finir les juifs, offre aux antisĂ©mites de nouveaux moyens de les distinguer, condition dĂ©terminante pour accroĂźtre leur persĂ©cution. Une propagande nouvelle pĂ©nĂštre l’antisĂ©mitisme avec la culture de masse. La dĂ©mocratie rĂ©publicaine naissante est interrogĂ©e dans ses fondements les plus profonds. 56 Refusant l’intrusion de l’antisĂ©mitisme dans le dĂ©bat public comme les procĂ©dĂ©s des antisĂ©mites, avertissant du piĂšge fatal tendu par la question juive », quelques personnalitĂ©s littĂ©raires ou politiques se dĂ©cident Ă  les affronter. Elles ne peuvent se rĂ©soudre Ă  son extension qui paraĂźt pourtant irrĂ©sistible, portĂ©e par la modernitĂ© comme par la tradition, par le national comme par l’international, par des laĂŻcs rationalistes comme par des religieux catholiques, par des conservateurs comme par des socialistes
 Ces personnalitĂ©s publiques en identifient le danger, exposent son caractĂšre contraire aux traditions françaises ainsi qu’aux principes rĂ©publicains. Elles sont peu nombreuses. Leur courage est dĂ©fier des querelles de race » 57 Anatole France, l’un des premiers Ă  rĂ©agir au brĂ©viaire antisĂ©mite, relĂšve le 2 mai 1886 dans Le Temps qu’une Ɠuvre ardente d’apĂŽtre et d’illuminĂ©, un livre incohĂ©rent, bizarre, furieux, aux mille pages enflammĂ©es, a Ă©tĂ© jetĂ© comme un brandon sur Paris, et voilĂ  les tĂȘtes en feu. La question juive, qui couvait, Ă©clate avec violence. C’est une question immense, confuse, pleine d’obscuritĂ©s et que les passions vont obscurcir encore. DĂšs qu’on l’aborde, on est embarrassĂ©. » L’écrivain n’y est pas insensible, proposant ainsi que l’omniprĂ©sence juive soit combattue par des moyens pacifiques. En revanche, il dĂ©nonce vivement la solution » proposĂ©e par Drumont, qui annonce les bĂ»chers » de demain. Sans aller vers une dĂ©claration de solidaritĂ© envers les juifs bientĂŽt frappĂ©s d’un nouveau temps de persĂ©cution, il avoue son admiration pour l’énergie d’ IsraĂ«l » Ă  rĂ©sister et survivre. 58 Pressentant le risque de la racialisation d’une minoritĂ© que seule l’appartenance religieuse est en mesure de distinguer, le philosophe et historien Ernest Renan, qui s’est essayĂ© Ă  cette dĂ©finition raciale dans le passĂ© [20], y renonce avec l’article race » de la Grande EncyclopĂ©die avant de la combattre vigoureusement. Sa confĂ©rence Ă  la SociĂ©tĂ© des Ă©tudes juives dĂ©nonce l’emploi abusif du terme de race » Ă  propos des juifs. En 1891, la traductrice de Darwin en France, ClĂ©mence Royer, dĂ©ment elle aussi la thĂšse d’une race juive devant la SociĂ©tĂ© anthropologique de Paris. La mĂȘme annĂ©e, Ă  l’École du Louvre, l’historien Salomon Reinach attaque les notions de race aryenne et de supĂ©rioritĂ© aryenne, trĂšs en vogue pour construire la fausse catĂ©gorie de race juive. 59 Au mĂȘme moment, des fondateurs respectĂ©s de la RĂ©publique, le vieux Jules Simon et le libĂ©ral Francisque Sarcey, dĂ©crivent le systĂšme barbare que reprĂ©sente l’antisĂ©mitisme et son opposition complĂšte avec la tradition française. Le premier exprime, le 6 juin 1891 dans Le Petit Marseillais, sa stupĂ©faction devant la nouvelle attitude des Français Ce peuple qui n’aime pas les provocations, qui n’est ni sanguinaire, ni mĂȘme violent, qui se montre souvent dĂ©bonnaire pour ses ennemis, accueille avec empressement les calomnies dont les juifs sont l’objet. Il n’a pour eux ni justice ni misĂ©ricorde. Il ne demande pas de preuves ; il n’exige mĂȘme pas la vraisemblance. S’il ne se livre pas contre eux Ă  des sĂ©vices, c’est uniquement parce qu’il y a des gendarmes [21]. » Le second prĂ©dit la fragilitĂ© de l’antisĂ©mitisme auxquelles s’oppose le libĂ©ralisme de notre Ă©ducation ». 60 Jean JaurĂšs, qui a ralliĂ© le socialisme, s’exprime Ă  son tour dans La DĂ©pĂȘche. S’il ne parvient pas Ă  se dĂ©prendre de la doxa [22] sur la race juive », frĂ©quente Ă  l’époque, il dĂ©nonce pour autant cette sorte de campagne en bloc entreprise contre “le Juif” ». Et avoue son aversion pour les querelles de race », affirmant qu’ au fond il n’y a qu’une race, l’humanitĂ© ». JaurĂšs n’en a pas fini avec ses prĂ©jugĂ©s mais son article du 2 juin 1892 sur la question juive » vaut pour sa prise de position contre la race, et sur l’histoire des juifs – partie intĂ©grante de l’histoire de l’ Un sursaut rĂ©publicain sans lendemain 61 En avril 1892, Édouard Drumont lance un quotidien, La Libre Parole, s’inscrivant dans le droit fil de La France juive et s’affichant comme journal antisĂ©mite. Il inaugure la publication avec une campagne haineuse visant la prĂ©sence des officiers juifs » dans l’armĂ©e. Plusieurs officiers se voient injuriĂ©s dans leur patriotisme et demandent rĂ©paration en duel aux insulteurs. La Libre Parole s’en rĂ©jouit, en appelant le 28 mai 1894 aux Ă©pĂ©es françaises » contre les Ă©pĂ©es juives ». Un aristocrate antisĂ©mite, le marquis de MorĂšs, blesse Ă  mort, lors d’un traquenard dĂ©guisĂ©, un des officiers juifs, le capitaine Mayer. Les rĂ©actions Ă  la mort de ce brillant capitaine du gĂ©nie, polytechnicien et professeur d’escrime Ă  l’École polytechnique, sont nombreuses. Mais elles ne dissuadent pas La Libre Parole, bientĂŽt rejointe par les monarchistes de La Gazette de France, de poursuivre sa campagne. 62 Comme en lien avec une affaire Dreyfus qui serait inscrite dans les gĂšnes sĂ©mites, La Libre Parole annonce qu’ un juif trahira [23] ». Les quelques rĂ©sistances politiques Ă  l’offensive du printemps, dont celle du ministre de la Guerre, Charles de Freycinet, Ă  la tribune de la Chambre, sont balayĂ©es et aucune enquĂȘte n’est dĂ©crĂ©tĂ©e. L’émotion des obsĂšques du capitaine Mayer, suivies par cent mille Parisiens [24], est rapidement oubliĂ©e. Les digues cĂšdent devant les antisĂ©mites. Si les institutions semblent encore rĂ©tives Ă  la haine des juifs, leur dĂ©mocratisation marque toutefois le pas. Les attentats anarchistes qui se multiplient entraĂźnent le vote de lois considĂ©rĂ©es comme fortement liberticides puisqu’elles doivent frapper les penseurs de la sociĂ©tĂ© mourante ». La rĂ©pression du mouvement anarchiste Ă©clipse un temps l’offensive antisĂ©mite. Mais elle la renforce aussi en dĂ©montrant que la RĂ©publique est prĂȘte aux mesures d’exception, tolĂšre la haine dans les prĂ©toires et Ă  la Chambre. Les Ă©crivains et les penseurs d’avant-garde ont acquis de leur cĂŽtĂ© une forte sensibilitĂ© aux menaces contre les libertĂ©s et au sort des opprimĂ©s. Pour Bernard Lazare, l’affaire Dreyfus commence dĂšs ce moment. C’est en tout cas ce qui ressort d’un mĂ©moire de 1899 qui retrace son engagement pendant l’affaire Dreyfus. Son rĂ©cit dĂ©bute par l’évocation de la rĂ©pression anti-anarchiste et de ses articles de protestation [25].L’antisĂ©mitisme triomphant. Le parlement atteint 63 Moins de dix ans aprĂšs la parution de La France juive et l’acclimatation de formes modernes d’antisĂ©mitisme en France, une dĂ©mocratie politique consent au dogme de la trahison juive et aux moyens extrĂȘmes pour s’en prĂ©munir. La violence publique prend un tour trĂšs aggravĂ© avec la conspiration d’État aboutissant Ă  la fabrique du traĂźtre » puis Ă  la condamnation de l’officier et Ă  l’application de peines infamantes la dĂ©portation Ă  perpĂ©tuitĂ© dans une enceinte fortifiĂ©e spĂ©cialement choisie en Guyane française, sur l’üle du Diable au large de Kourou, et la dĂ©gradation en place publique qui a lieu le 5 janvier 1895. Avec la condamnation pour crime de trahison d’un officier juif, l’antisĂ©mitisme dĂ©ferle dans l’espace public. La grande presse est obligĂ©e de s’aligner sur les feuilles antijuives. Les appels au respect des droits de la justice sont vains, mĂȘme assimilĂ©s Ă  une preuve de complicitĂ© pour le traĂźtre ». 64 Les penseurs libĂ©raux, les Ă©crivains engagĂ©s sont contraints au silence. Les forces politiques, mĂȘme les plus rĂ©publicaines, ne s’opposent pas Ă  l’hystĂ©rie ambiante, d’autant que le gouvernement a voulu les peines infamantes infligĂ©es au capitaine Dreyfus et que le ministre de la Guerre a annoncĂ© sa culpabilitĂ© avant mĂȘme son procĂšs. Le dogme de l’antisĂ©mitisme a pĂ©nĂ©trĂ© l’État et la RĂ©publique, conduisant Ă  la fabrication d’un coupable, offrant son sacrifice aux foules. La cĂ©rĂ©monie de dĂ©gradation Ă  l’École militaire fait entendre les cris de mort aux juifs » de vingt mille Parisiens massĂ©s place de Fontenoy, quand le capitaine Dreyfus proteste de son innocence devant le front des troupes [26]. 65 Seuls les anarchistes de plume, notamment ceux qui composent la rĂ©daction de La Revue blanche, protestent contre la domination du militarisme sur la nation [27]. La France, Ă  travers son opinion publique, semble unanime pour exiger la rĂ©pression du crime d’un officier que son appartenance juive conditionne Ă  la trahison par nature historique, sociologique, biologique mĂȘme. L’arrestation d’un officier juif, que La Libre Parole est l’un des tout premier Ă  annoncer [28], sonne comme le triomphe de Drumont. Le verbe et la vĂ©ritĂ© antisĂ©mites submergent la presse et les Ă©crits. La France du 14 fĂ©vrier 1895 proclame Il n’est pas un crime, pas un dĂ©lit, pas une fraude dans laquelle on ne trouve le juif. » La question juive » arrive dans les dĂ©bats de la Chambre dĂšs le 10 janvier [29]. Alexandre Ribot, chef du gouvernement, conteste l’existence d’une question de race [30] », mais ironise sur la question juive [
] qui date de dix-neuf siĂšcles ». Les 25 et 27 mai, le dĂ©putĂ© des Landes ThĂ©odore Denis dĂ©clare que la trahison de Dreyfus appelle des mesures Ă©nergiques de proscription. Le vicomte d’Hugues avertit quant Ă  lui pĂ©ril juif [qui] menace la nation » et appelle les antisĂ©mites Ă  dĂ©loger le gibier ».2. Le choix du combat frontal. L’honneur des intellectuels 66 Les rĂ©serves qu’assortissent les rares rĂ©publicains engagĂ©s contre l’antisĂ©mitisme sont rĂ©currentes. Leur intention est moins de dĂ©fendre les juifs comme individus et citoyens persĂ©cutĂ©s que de protĂ©ger la paix publique et l’unitĂ© de la nation. Leurs concessions sur les abus commis par des membres de la communautĂ©, l’indignation unanime pour la trahison du capitaine Dreyfus, leur souci de l’émotion populaire pour le pĂ©ril juif » sont autant d’encouragements implicites aux antisĂ©mites. Faisant exception, Émile Zola s’engage Pour les juifs » dans Le Figaro du 16 mai 1896. Il annonce le temps du combat frontal contre l’antisĂ©mitisme. Il n’advient cependant que dix-huit mois plus tard, quand le nom de Dreyfus identifie une affaire publique. Elle entraĂźne la naissance des intellectuels » parmi les Ă©crivains, les savants et les artistes de France, un phĂ©nomĂšne qui dĂ©borde rapidement les zola 67 L’article ne concerne Ă  l’époque ni Dreyfus ni l’Affaire. Celle-ci n’a pas encore Ă©clatĂ©. Émile Zola veut rĂ©agir au climat de violence antisĂ©mite qui s’abat sur les juifs, victimes depuis quelques annĂ©es » d’une campagne qui s’apparente Ă  une monstruositĂ© ». Son plaidoyer est un rĂ©quisitoire contre l’histoire fanatique qui les a parquĂ©s dans des quartiers infĂąmes, comme des lĂ©preux », un systĂšme de persĂ©cution que les antisĂ©mites du temps prĂ©sent veulent recrĂ©er, en pire, la pire des abominations, une persĂ©cution religieuse, ensanglantant toutes les patries ». 68 S’il ne conteste pas le fait de la puissance financiĂšre des juifs et de leur propension Ă  vivre entre eux, il veut en dire toute la vĂ©ritĂ© c’est que les juifs, tels qu’ils existent aujourd’hui, sont notre Ɠuvre, l’Ɠuvre de nos dix-huit cents ans d’imbĂ©cile persĂ©cution ». Face Ă  la propagande antisĂ©mite, il convient de substituer l’intĂ©gration Ă  la persĂ©cution ouvrir les bras tout grands, rĂ©aliser socialement l’égalitĂ© reconnue par le Code. Embrasser les juifs, pour les absorber et les confondre en nous. Nous enrichir de leurs qualitĂ©s, puisqu’ils en ont. Faire cesser la guerre des races en mĂȘlant les races. Pousser aux mariages, remettre aux enfants le soin de rĂ©concilier les pĂšres. Et lĂ  seulement est l’Ɠuvre d’unitĂ©, l’Ɠuvre humaine et libĂ©ratrice ». 69 Émile Zola n’est pas encore libĂ©rĂ© de prĂ©jugĂ©s sur les juifs. Mais il ne donne en rien raison aux antisĂ©mites. Il accroĂźt mĂȘme la pression sur ceux qui laissent Ă  l’histoire le pire des hĂ©ritages, celui de la violence brute et du procĂšs de civilisation. La lutte frontale contre l’antisĂ©mitisme, qu’il inaugure, soutient son espoir en l’ unitĂ© humaine, Ă  laquelle nous devons tous nous efforcer de croire, si nous voulons avoir le courage de vivre, et garder dans la lutte quelque espĂ©rance au cƓur ! ». La menace que reprĂ©sente l’antisĂ©mitisme et sa perception par l’écrivain le conduisent Ă  des propositions dĂ©finitives sur l’avenir de l’humanitĂ©, seules capables de mettre fin Ă  cette barbarie des forĂȘts, ceux qui s’imaginent faire de la justice Ă  coups de couteau ».Juifs et protestants unis. Les affinitĂ©s Ă©lectives 70 L’un des premiers intellectuels Ă  rĂ©vĂ©ler le procĂšs d’État de dĂ©cembre 1894 est un juif, Ă©crivain, journaliste, anarchiste, Bernard Lazare. L’affaire publique n’a pas encore Ă©clatĂ©. IsolĂ©, Bernard Lazare n’en est que plus dĂ©terminĂ© dans son but qui est de montrer les origines multiples de ce mouvement, d’en faire voir les moteurs cachĂ©s, d’exposer les intĂ©rĂȘts qu’il sert, de faire comparaĂźtre les individualitĂ©s ou les groupes dont il Ă©mane ». Il avance comme un historien il faut exposer les vrais mobiles de la nouvelle croisade, celle qui Ă©tait dirigĂ©e hier contre les juifs seuls, qui est dirigĂ©e en mĂȘme temps aujourd’hui contre les libres-penseurs, les francs-maçons et les protestants ». Bernard Lazare dĂ©veloppe une lecture trĂšs politique de l’antisĂ©mitisme, capable d’ĂȘtre entendue par l’ensemble des dĂ©mocrates attachĂ©s Ă  la libertĂ© et Ă  la justice. Il ne sert plus Ă  rien de tenter un dialogue avec Édouard Drumont comme il s’y est essayĂ©. Juif sorti des ghettos, citoyen menacĂ© dans ses droits d’homme [31] », Bernard Lazare proclame qu’ il est encore temps de se ressaisir » La libertĂ© de tous les citoyens se trouve atteinte par la façon atroce dont quelqu’un a Ă©tĂ© jugĂ©, et c’est les dĂ©fendre tous que d’en dĂ©fendre un seul. J’ai dĂ©fendu le capitaine Dreyfus, mais j’ai dĂ©fendu aussi la justice et la libertĂ© ». 71 En ces temps oĂč le procĂšs de Dreyfus ne s’est pas encore transformĂ© en affaire publique, Bernard Lazare est rejoint par un historien de confession protestante, convaincu aprĂšs une recherche personnelle que l’officier juif est innocent. AttaquĂ© avant mĂȘme qu’il ne se soit exprimĂ©, Gabriel Monod rĂ©pond Ă  ses dĂ©tracteurs dans Le Temps du 6 novembre 1897. ObĂ©issant au devoir de sa conscience, il affirme, lui descendant de persĂ©cutĂ©s », le devoir de solidaritĂ© et le droit Ă  l’indignation, l’indignation que j’ai Ă©prouvĂ©e en voyant se mĂȘler ces haines de religion et de race Ă  une pure question de justice et de patriotisme, et par le dĂ©sir de dĂ©fendre un juif dans un temps oĂč les juifs sont l’objet de prĂ©jugĂ©s cruels et de mesquines persĂ©cutions ».Zola de retour 72 C’est le 25 novembre 1897 qu’Émile Zola intervient dans l’affaire Dreyfus naissante. La rĂ©alitĂ© d’un procĂšs d’État et d’une machination contre un officier juif commence Ă  Ă©merger dans les milieux libĂ©raux. Des journaux s’interrogent tandis qu’un parlementaire alsacien, figure des temps hĂ©roĂŻques de la RĂ©publique, vice-prĂ©sident du SĂ©nat, se dĂ©cide Ă  parler pour Dreyfus. Scheurer-Kestner Ă©choue devant l’opposition conjuguĂ©e du gouvernement et de la Chambre haute. Avec sa dĂ©faite, les attaques nationalistes redoublent. Émile Zola dĂ©cide de prendre sa dĂ©fense et Le Figaro Ă  nouveau accueille son plaidoyer. D’emblĂ©e, il Ă©largit le propos Ă  l’ opinion publique exaspĂ©rĂ©e, surmenĂ©e par la plus odieuse des campagnes » que conduit une certaine presse, affolant les uns, terrorisant les autres, vivant de scandales pour tripler leur vente ». Le rĂ©sultat ne s’est pas fait attendre L’imbĂ©cile antisĂ©mitisme a soufflĂ© cette dĂ©mence. La dĂ©lation est partout, les plus purs et les plus braves n’osent faire leur devoir, dans la crainte d’ĂȘtre Ă©claboussĂ©s. » 73 La perversion de la jeunesse lui est particuliĂšrement odieuse, et la responsabilitĂ© des dĂ©putĂ©s spĂ©cialement engagĂ©e. C’est Ă  la jeunesse de France qu’Émile Zola s’adresse le 14 dĂ©cembre 1897. Il Ă©crit sous le coup d’une profonde Ă©motion, avec la dĂ©couverte qu’en elle, les idĂ©es d’humanitĂ© et de justice se trouvaient obscurcies ». Des jeunes en effet se sont joints aux manifestations antisĂ©mites contre les premiers dĂ©fenseurs de Dreyfus. Il veut leur expliquer Ă  quelle perversion de l’esprit public ils s’associent, Ă  quelle monstruositĂ© de l’histoire ils offrent leur Ăąge et leurs idĂ©aux. 74 L’adhĂ©sion Ă  l’antisĂ©mitisme est d’autant plus grave qu’il est devenu l’instrument d’une destruction de la justice. L’antisĂ©mitisme criminalise ceux qui combattent contre elle [32], fait rĂ©gner une honteuse terreur », conduit au despotisme. Si la France prĂ©sente n’a traversĂ© une heure plus trouble, plus boueuse, plus angoissante pour sa raison et pour sa dignitĂ© », cela tient Ă  l’antisĂ©mitisme triomphant. Il faut y mettre fin. C’est le devoir particulier de la jeunesse Qui se lĂšvera pour exiger que justice soit faite, si ce n’est toi qui n’es pas dans nos luttes d’intĂ©rĂȘts et de personnes, qui n’es encore engagĂ©e ni compromise dans aucune affaire louche, qui peux parler haut, en toute puretĂ© et en toute bonne foi ? ». Aller Ă  l’humanitĂ©, Ă  la vĂ©ritĂ©, Ă  la justice ! », conclut-il. 75 Cette Lettre Ă  la jeunesse » prĂ©cĂšde une Lettre Ă  la France », du 6 janvier 1898. À cette date, l’affaire Dreyfus est devenue un Ă©vĂ©nement national, bientĂŽt international. Zola le pressent, appelant le pays Ă  se rĂ©veiller » face au monde, Ă  revendiquer sa gloire » faite de sa libertĂ© et du devoir de vĂ©ritĂ©. Arrive J’accuse
! », la lettre au prĂ©sident de la RĂ©publique » que publie Georges Clemenceau le 13 janvier. Zola prolonge son analyse du procĂšs Dreyfus comme d’un crime, par la dĂ©monstration des mĂ©canismes mis en Ɠuvre, l’odieux antisĂ©mitisme » en premier lieu dont la grande France libĂ©rale des droits de l’homme mourra, si elle n’en est pas guĂ©rie ».Danger majeur, engagement total herr, bouglĂ©, boutroux 76 Émile Zola combat dĂ©sormais au milieu d’une petite phalange de dreyfusards. Georges Clemenceau exige toute la vĂ©ritĂ© » dans L’Aurore du 18 novembre 1897. Une pĂ©tition appelant au respect des garanties des citoyens devant la justice est en prĂ©paration dans les derniers jours de 1897, et ses listes commencent Ă  paraĂźtre dans Le SiĂšcle et d’autres journaux libĂ©raux Ă  partir du 14 janvier 1898. AgrĂ©gĂ© de philosophie, bibliothĂ©caire de l’École normale supĂ©rieure, socialiste et libertaire, Lucien Herr est proche des milieux de l’avant-garde littĂ©raire, intellectuelle et socialiste, comme des sphĂšres plus Ă©litistes et parisiennes. Avec Protestation » du 1er fĂ©vrier dans La Revue blanche, il rejette vigoureusement la thĂ©orie des races aux origines du nouvel antisĂ©mitisme et s’inquiĂšte d’une terrible confusion que celui-ci provoque dans les milieux Ă©clairĂ©s. 77 Pour Lucien Herr, lutter sur le terrain seul de l’antisĂ©mitisme revient Ă  sĂ©parer le combat dreyfusard de l’engagement pour le droit et la justice, combat qui est celui des juifs comme de tous les autres Français. Cette question est d’autant plus sĂ©rieuse que c’est le droit et la justice qui sont directement mis en cause dans l’affaire Dreyfus. Dreyfus n’a pas Ă©tĂ© condamnĂ© par l’antisĂ©mitisme mais d’abord par des juges militaires qui ont violĂ© le droit. Par eux, l’État s’est dressĂ© contre la loi. La question politique, la question de l’État, sont primordiales. Mais la diffusion de l’antisĂ©mitisme rĂ©vĂšle ce processus de destruction de la dĂ©mocratie. Pour s’y opposer, la question de l’éthique des savoirs est fondamentale. Il appelle la jeunesse des Ă©coles Ă  demeurer fidĂšle, dans leur vie, Ă  l’esprit critique rĂ©sultant de la mĂ©thode scientifique et de l’enseignement de la philosophie. À l’heure actuelle, reconnaĂźt Lucien Herr, elle n’a pas le droit d’ĂȘtre ignorante et de ne pas penser librement. La haute conception kantienne et rationaliste oĂč la RĂ©publique les a Ă©levĂ©s, leur a enseignĂ© Ă  ne jamais respecter des hommes, mĂȘme haut placĂ©s, mais seulement des idĂ©es [
] ils doivent savoir que toute autre philosophie les reconduit aux philosophies de la servitude ». 78 Le jeune philosophe Élie HalĂ©vy, dĂ©jĂ  inquiet du fatalisme devant le matĂ©rialisme historique et du sursaut de mysticisme dĂ©sarmant la raison, Ă©crit Ă  son ami CĂ©lestin BouglĂ© As-tu lu, dans le numĂ©ro de La Revue blanche, un article vigoureux sur la situation ? Il faut lire cela et le faire lire, d’autant que je le crois Ă©crit par un maĂźtre de la jeunesse, lui-mĂȘme jeune. Mais, en somme, mes contemporains me dĂ©goĂ»tent ; ceux qui viendront aprĂšs seront-ils pires ou meilleurs ? Cela dĂ©pend de nous, heureusement, dans une faible mesure, malheureusement [33] ». Il passe aux actes. S’impliquant dans le recueil des signatures pour la pĂ©tition civique, HalĂ©vy obtient une lettre sur l’antisĂ©mitisme du philosophe Émile Boutroux. Elle paraĂźt aussitĂŽt en une du Temps. Quel sens pourrait donc avoir dans notre pays cet accouplement monstrueux “Vive l’armĂ©e ! À bas les juifs” », s’interroge ce mĂ©ditatif retirĂ©, impropre de toute maniĂšre Ă  la vie active », mais dĂ©cidĂ© Ă  unir intimement [sa] vie Ă  celle de [son] pays [34] ». 79 CĂ©lestin BouglĂ© ne reste pas inactif non plus. RĂ©agissant Ă  un article de l’acadĂ©micien Ferdinand BrunetiĂšre laissant cours Ă  des justifications antisĂ©mites, il publie une rĂ©futation sĂ©vĂšre de sa philosophie », dĂ©montrant que c’est prĂ©cisĂ©ment l’entreprise historique de persĂ©cution des juifs qui a engendrĂ© des traits sociaux distinctifs soumettez tout un peuple, enfermez-le dans un ghetto, marquez-le d’une rouelle jaune, interdisez-lui l’accĂšs de certaines professions, et trĂšs probablement vous imprimerez Ă  tous ses membres, courbĂ©s sous le mĂȘme poids, des traits analogues. En ce sens, il est vrai qu’il s’est constituĂ© un caractĂšre juif ; mais Ă  qui la faute ? Aux formes sociales, non aux conformations anatomiques [35] ». La conclusion de l’article de BouglĂ© retrouve la parole d’indignation d’Émile Boutroux choisissant la patrie contre l’antisĂ©mitisme. 80 Nous demander, au nom de la diversitĂ© des races, des lois spĂ©ciales contre une catĂ©gorie de citoyens parce qu’ils sont plus ou moins dolichocĂ©phales que la majoritĂ© des autres ; nous presser de les exclure de nos droits, c’est donc – il faut s’en rendre compte – nous inviter Ă  renier ce rationalisme gĂ©nĂ©reux qui est la tradition de la France. [
] Lors donc que les antisĂ©mites prennent le masque du nationalisme », invoquent les vieilles traditions françaises », en appellent au gĂ©nie du pays », ce n’est qu’une ironie sanglante. Rendez Ă  l’Allemagne des idĂ©es importĂ©es d’Allemagne ; c’est nous qui aurions le droit de vous dire Votre philosophie ne choque pas seulement l’esprit scientifique, elle heurte les idĂ©es qui sont l’ñme mĂȘme de la France. Parce que vous n’avez su comprendre ni le progrĂšs de la science, ni la logique nationale, vous n’ĂȘtes pas seulement des philosophes aveugles, mais des Français Ă©garĂ©s. »À maurice barrĂšs. cela ne se discute pas » 81 BaptisĂ©s du substantif d’ intellectuels [36] », ces penseurs jeunes et moins jeunes n’hĂ©sitent pas Ă  affronter les antisĂ©mites et leurs prĂ©tentions savantes. L’antisĂ©mitisme redouble avec l’éclat public de la mobilisation en faveur du dĂ©portĂ© de l’üle du Diable, dĂ©montrant le lien entre la vague antisĂ©mite et la mise en danger des fondements dĂ©mocratiques de la sociĂ©tĂ©. La lutte contre la premiĂšre passe en consĂ©quence par le progrĂšs des seconds. Mais il convient de ne pas laisser sans rĂ©ponse les cautions intellectuelles Ă  l’antisĂ©mitisme, dont celle, particuliĂšrement emblĂ©matique, de Maurice BarrĂšs, l’un des princes de la littĂ©rature française de l’époque. Le 1er fĂ©vrier 1898, l’auteur des DĂ©racinĂ©s publie une attaque en rĂšgle contre ces Ă©crivains, savants et artistes engagĂ©s pour la justice. Il invoque le double patronage du nationalisme et de l’antisĂ©mitisme. Il affirme une vision darwinienne de la sociĂ©tĂ©, oĂč la sauvegarde des races impliquerait le sacrifice des dĂ©cĂ©rĂ©brĂ©s » que sont les juifs Ă©mancipĂ©s et les intellectuels dreyfusards. 82 Par son article du Journal, BarrĂšs s’affirme aprĂšs Charles Maurras comme l’un des grands thĂ©oriciens de l’antidreyfusisme. La dĂ©fense de Dreyfus par les intellectuels les consacre comme des ennemis de la race française » aussi nettement que ne le sont les juifs eux-mĂȘmes. 83 Maurice BarrĂšs mobilise le substrat antisĂ©mite pour discrĂ©diter les intellectuels, dĂ©chet fatal dans l’effort tentĂ© par la sociĂ©tĂ© pour crĂ©er une Ă©lite ». Soutenant un traĂźtre, il les juge des sans-patries » ayant perdu la foi de la nation. Il multiplie les accusations, la plus dĂ©cisive selon lui Ă©tant leur collusion avec les juifs. En associant aux intellectuels » la dĂ©chĂ©ance juive, BarrĂšs pense dĂ©truire Ă  bon compte cette rĂ©sistance civique il lui suffit d’invoquer l’antisĂ©mitisme. Un tel raisonnement ne fonctionne que dans le contexte de la croyance antisĂ©mite, quasi naturelle pour un homme comme BarrĂšs qui place le culte de l’instinct au-dessus de la morale de la raison que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race », Ă©crira-t-il lors du procĂšs de Rennes. Et d’ajouter Il n’y a de justice qu’à l’intĂ©rieur d’une mĂȘme espĂšce [37]. » 84 La radicalitĂ© de l’attaque, la prĂ©tention Ă  faire systĂšme de la lutte des races » mobilisent Lucien Herr. Son nouvel article, qui dĂ©molit les thĂšses racistes des antisĂ©mites, rejette la vision d’un pays refermĂ© sur la haine. 85 Il y a chez vous une idĂ©e constante, fixe Ă  force d’ĂȘtre constante, fixe Ă  force d’ĂȘtre, si je compte bien, votre unique idĂ©e. C’est l’idĂ©e de la race, et des sous-races dans la race [
]. Tout cela, c’est de la littĂ©rature ce n’est ni de la vĂ©ritĂ©, ni de la vie. Soyez convaincu que, si le mot race a un sens, vous ĂȘtes, comme nous tous, non pas l’homme d’une race, mais le produit de trois, de six, de douze races fondues en vous et indissolublement mĂȘlĂ©es. [
] L’homme qui, en vous, hait les juifs, et hait les hommes d’outre-Vosges, soyez sĂ»r que c’est la brute du xiie siĂšcle, et le barbare du xviie. Et croyez que le monde moderne serait peu de chose, s’il n’était l’avĂšnement du droit nouveau, la lente croissance d’une volontĂ© raisonnable, maĂźtresse de ces instincts et tueuse de ces haines. [
]L’ñme française ne fut vraiment grande et forte qu’aux heures oĂč elle fut Ă  la fois accueillante et donneuse. Vous voulez l’ensevelir dans la raideur tĂ©tanique oĂč l’ont mise les rancunes et les haines. [
] Vous avez contre vous Ă  la fois le vrai peuple et les hommes de volontĂ© rĂ©flĂ©chie, les dĂ©racinĂ©s, ou, si vous le voulez bien, les dĂ©sintĂ©ressĂ©s, la plupart des hommes qui savent faire passer le droit et un idĂ©al de justice avant leurs personnes, avant leurs instincts de nature et leurs Ă©goĂŻsmes de groupes. Ceux-lĂ , qui sont la force active, auront raison de vous et des brutalitĂ©s que vous dĂ©chaĂźnez [38]. 86 La rĂ©action de BarrĂšs Ă  Lucien Herr obĂ©it Ă  sa logique raciale Je ne savais pas qu’il fut juif ! [39] ».3. Un souffle dĂ©mocratique dans la rĂ©publique 87 Que des lois spĂ©cialement dirigĂ©es contre les juifs aient pu ĂȘtre proposĂ©es, cela prouve combien, mĂȘme en France, les droits de l’homme sont restĂ©s une parole vide », relĂšve l’économiste Charles Gide [40] au dĂ©but de l’affaire Dreyfus. Celle-ci voit la naissance de la Ligue française pour la dĂ©fense des droits de l’homme et du citoyen au sein de l’avant-garde dreyfusarde. Le 3 juin 1899, invitĂ© par la Ligue de l’enseignement, Ferdinand Buisson se fĂ©licite de l’arrĂȘt de la Cour de cassation annulant le verdict de condamnation d’Alfred Dreyfus. La RĂ©publique n’a pas permis que l’on violĂąt le droit ; elle a voulu la justice, et la justice s’est faite. » Quant aux antisĂ©mites qui crient À bas les juifs », il dĂ©clare Il faut avoir le courage de leur rĂ©sister en face, dans ce pays qui, il y a cent ans, a eu le courage d’émanciper les juifs et d’en faire des citoyens, des hommes [41]. »Citoyens et dĂ©putĂ©s 88 La RĂ©publique doit retrouver une vocation dĂ©mocratique, et celle-ci ne peut exister qu’avec des citoyens conscients de leurs responsabilitĂ©s, mesurant leur rĂŽle face Ă  l’histoire. C’est en ces termes que Georges Clemenceau, avocat d’Émile Zola pour son procĂšs, s’adresse aux jurĂ©s, garants d’un ordre de droit et de justice, seul antidote vĂ©ritable Ă  la fureur antisĂ©mite qui se dĂ©chaĂźne en AlgĂ©rie Quand je vois qu’on a massacrĂ© des juifs coupables d’aller chercher du pain pour leur famille, j’ai le droit de dire que les guerres religieuses n’ont pas prĂ©sentĂ© d’autre spectacle dans l’histoire. C’est pourquoi je demande aux jurĂ©s d’aujourd’hui, en se prononçant dans le sens de la libertĂ© et de la justice pour tous, mĂȘme pour les juifs, de marquer leur volontĂ© de mettre un terme Ă  ces excĂšs, de dire aux fauteurs de ces sauvageries “Au nom du peuple français, vous n’irez pas plus loin !” [
] Vous comparaissez devant l’histoire. » 89 Au mĂȘme moment, la Chambre des dĂ©putĂ©s se transforme en enceinte hostile oĂč la haine antisĂ©mite se nourrit des proclamations nationalistes. Le gouvernement laisse libre cours aux attaques. JaurĂšs fait front 90 Et puisque, messieurs, on semble mĂȘler Ă  ce dĂ©bat, pour y glisser je ne sais quel soupçon dĂ©testable, des questions de religion ou de race, je rappellerai que lorsque, dans un dĂ©bat rĂ©cent, de tout autre proportion, il est vrai, de tout autre ampleur et portĂ©e, lorsqu’il s’agissait des victimes de la barbarie en Orient, nous ne nous sommes pas demandĂ© si c’étaient des chrĂ©tiens ou des catholiques abandonnĂ©s ici par le parti catholique [
]. Nous avons protestĂ© toujours, et voilĂ  pourquoi envers un juif comme envers tout autre, nous avons le droit de rĂ©clamer l’observation des garanties lĂ©gales. [
] Il n’y a qu’un moyen, dans ce pays de franchise, d’en finir avec les questions, c’est de dire la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©. 91 Les violences qui Ă©clatent au palais de justice de Paris, visant Zola et ses dĂ©fenseurs, amĂšnent le dĂ©putĂ© radical Hubbard Ă  protester vigoureusement. Les cris de Mort aux juifs » accompagnent ceux de la France aux Français », dont le maire d’Alger se fait le propagandiste zĂ©lĂ©. Cette inscription de meurtre, de massacre, qui vise une catĂ©gorie spĂ©ciale de citoyens [est] contraire aux doctrines rĂ©publicaines et aux doctrines de la libertĂ© », s’indigne-t-il. La RĂ©publique est touchĂ©e au cƓur alors que l’antisĂ©mitisme laisse les responsables rĂ©publicains au mieux silencieux, au pire complaisants. Hubbard rappelle au prĂ©sident du Conseil les avertissements qui lui ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© adressĂ©s, face Ă  des actes que vous n’auriez jamais cru admissibles ni possibles ». Repoussant Ă  lui seul l’offensive concertĂ©e des antisĂ©mites sur l’AlgĂ©rie, conçue comme un laboratoire futur de la sĂ©grĂ©gation antijuive, le dĂ©putĂ© socialiste Gustave Rouanet dĂ©clare accomplir une tĂąche rĂ©publicaine ». Ceux qui veulent rester libres et indĂ©pendants » 92 Des rĂ©publicains ont dĂ©jĂ  franchi le pas. Au SĂ©nat, le 28 fĂ©vrier 1899, Pierre Waldeck-Rousseau, figure modĂ©rĂ©e mais hĂ©ritier de Gambetta, rompt le silence qu’il observe depuis le dĂ©but de l’Affaire. Il dĂ©crit une RĂ©publique corrompue par l’antisĂ©mitisme, dominĂ©e par le nationalisme. 93 Il faut, messieurs, non pas prendre au tragique certains Ă©pisodes de notre histoire, mais les prendre au sĂ©rieux pour en observer les causes ; il faut se demander si le laisser-aller dans la dĂ©fense, opposĂ© Ă  la vigueur, Ă  l’outrance de l’attaque, va dĂ©gĂ©nĂ©rer en une sorte de rĂ©signation de ce pays [
].Je voudrais ĂȘtre optimiste ; je ne le peux ; car une chose grandit et grandit sans cesser dans ce pays c’est le pouvoir de la menace et de la calomnie [
]. Certains mots ont perdu leur sens craindre qu’une erreur ait Ă©tĂ© commise, ce n’est pas obĂ©ir au plus noble devoir et au plus noble sentiment de l’humanitĂ©, non ; dans un certain jargon nationaliste, cela a Ă©tĂ© mĂ©connaĂźtre la patrie. Vouloir rĂ©parer cette erreur, cela a Ă©tĂ© une forfaiture. Et voilĂ  qu’on nous demande maintenant des tribunaux exceptionnels ou extraordinaires ! Il semble en vĂ©ritĂ© que certains actes soient oubliĂ©s et que certains souvenirs ne mordent plus au cƓur comme autrefois les fils ou les descendants des proscrits de 1851. Je me refuse Ă  amnistier le passĂ© ; nous ne fournirons pas aux rĂ©actions de l’avenir un prĂ©cĂ©dent rĂ©publicain. 94 Quatre mois plus tard, Waldeck-Rousseau parvient Ă  composer une majoritĂ© de dĂ©fense rĂ©publicaine » et forme un gouvernement dont la politique apparaĂźt encore comme l’une des plus rĂ©ussie de la IIIe RĂ©publique. Anticipant sur un tel sursaut des consciences, Gustave Rouanet avait dĂ©clarĂ© le 24 mai 1899 nous ne sommes pas seulement responsables de ce que nous faisons, nous sommes encore responsables de ce que nous ne faisons pas ».4. L’adieu au temps de l’affaire ? 95 En 1910, Charles PĂ©guy Ă©crit dans Notre jeunesse que l’affaire Dreyfus ne finira jamais ». Plus elle est finie, explique-t-il, plus elle prouve [42] ». Elle prouve ce qu’elle a Ă©tĂ©, une vĂ©ritable catholicitĂ© de la justice, une opinion de la terre habitĂ©e, une opinion publique universelle » hĂ©ritĂ©e du remords d’avoir laissĂ© le peuple armĂ©nien ĂȘtre massacrĂ© en 1894, destinĂ©e Ă  demeurer L’affaire Dreyfus ne sera pas la derniĂšre oĂč elle se prononcera. » Elle a donnĂ© des exemples de courage civique sans comparaison, dont ceux du capitaine Dreyfus et de sa femme Lucie. Si, pour Charles PĂ©guy, la mystique » a fait place Ă  la politique », les Ă©crits et les hommages ont parlĂ© [43]. L’Affaire est Ă©ternelle, ses leçons peuvent ĂȘtre entendues de tout temps et en tout lieu. Qu’elle se soit identifiĂ©e Ă  la lutte contre la persĂ©cution, au combat contre l’antisĂ©mitisme, Ă  l’honneur de l’esprit français, lui confĂšre cette force singuliĂšre », sans Ă©gal, qui dure. Elle oblige au prĂ©sent, face Ă  l’antisĂ©mitisme qui menace Ă  nouveau les progrĂšs dĂ©mocratiques de la RĂ©publique et l’universalitĂ© en chaque ĂȘtre humain. Mais l’oubli de l’Affaire et l’indiffĂ©rence aux victimes accompagnent l’entrĂ©e dans le siĂšcle nouveau, le xxe siĂšcle qui se rĂ©vĂ©lera celui des tyrannies et des gĂ©nocides. 96 L’antisĂ©mitisme redevient la chose des juifs, leur responsabilitĂ© mĂȘme. La solidaritĂ© pour le genre humain, le rejet universel de la persĂ©cution s’effacent. Le capitaine Dreyfus est presque seul, avec ses amis dreyfusards, Ă  dĂ©fendre la justice qui l’a rĂ©habilitĂ© le 12 juillet 1906 et dont l’arrĂȘt est systĂ©matiquement attaquĂ© dans les journaux de l’extrĂȘme droite, Ă  commencer par la presse de l’Action française. Charles Maurras thĂ©orise les quatre États confĂ©dĂ©rĂ©s des protestants, juifs, francs-maçons et mĂ©tĂšques [44] » qui menacent l’identitĂ© française. L’ union sacrĂ©e », avec les juifs de France combattant hĂ©roĂŻquement dans les tranchĂ©es aux cĂŽtĂ©s de leurs frĂšres d’armes, s’estompe dĂšs la fin de la PremiĂšre Guerre mondiale. Il faut faire toujours plus, quand on est juif, pour mĂ©riter sa patrie, explique Alfred Dreyfus Ă  son fils Pierre, tous deux mobilisĂ©s [45]. 97 L’affaire Dreyfus se change en dĂ©faite, se confie en 1932 le philosophe LĂ©on Brunschvicg Ă  son ami Emmanuel Levinas [46]. Le 7 avril 1934, Roger Martin du Gard Ă©crit au capitaine Dreyfus Nous avons devant nous, en 1934, les mĂȘmes spectres ; il faut les connaĂźtre et les dĂ©masquer [47]. » Le hĂ©ros de l’Affaire dĂ©cĂšde un an plus tard. L’antisĂ©mitisme progresse en France, devient une doctrine d’État en Allemagne, bientĂŽt une solution finale de la question juive » en acte. À la LibĂ©ration, Jules Isaac explique comment la question juive », parce que l’affaire Dreyfus en avait dĂ©masquĂ© l’intention criminelle, a radicalisĂ© le nationalisme français dans les annĂ©es 1930. Les annĂ©es suivantes devaient voir cette atroce persĂ©cution aboutir Ă  des monstruositĂ©s uniques dans l’“histoire”, la tentation d’extermination de tout un groupement humain de plusieurs millions, ce qu’on a appelĂ© d’un nom nouveau de gĂ©nocide [48] ». 98 En obligeant les juifs de France Ă  se dĂ©finir socialement et politiquement comme tels, les promoteurs de la RĂ©volution nationale ont rĂ©vĂ©lĂ© la nature tyrannique du rĂ©gime alliĂ© au nazisme. À cet antisĂ©mitisme du xxe siĂšcle s’opposent la valeur historique de l’expĂ©rience dreyfusarde et le sens qu’elle revĂȘt pour les dĂ©mocrates, juif ou non-juifs peu importe, unis dans le mĂȘme combat, de l’Affaire Ă  la RĂ©sistance. En faisant du destin d’un juif l’emblĂšme et l’origine d’un engagement pour la dĂ©mocratie, les intellectuels dreyfusards ont inventĂ© une Ă©thique de la libertĂ© et de l’égalitĂ© fondĂ©e sur la raison critique et le devoir de justice. Devenu un irrĂ©ductible opposant au rĂ©gime de Vichy, Georges Bernanos avertit ses maĂźtres » de ce qu’il adviendra si Georges Mandel est assassinĂ©, celui dont le nom avait Ă©tĂ© saluĂ© par Jean Moulin face Ă  l’ennemi nazi vous aurez Ă  payer ce sang juif d’une maniĂšre qui Ă©tonnera l’histoire – entendez-vous bien, chiens que vous ĂȘtes – chaque goutte de ce sang juif versĂ© en haine de notre ancienne victoire nous est plus prĂ©cieuse que toute la pourpre d’un manteau de cardinal fasciste – est-ce que vous comprenez bien ce que je veux dire, amiraux, marĂ©chaux, Excellences, Éminences et RĂ©vĂ©rences [49] ? ». 99 Cette philosophie politique Ă  la hauteur de la menace antisĂ©mite est restĂ©e malgrĂ© le dĂ©ni de l’histoire, cette mĂ©moire courte [50] » dont s’alarma l’écrivain Jean Cassou en 1953. Une pensĂ©e dreyfusarde et libĂ©rale survĂ©cut. En 1980, rĂ©agissant Ă  l’attentat de la rue Copernic, Jean-Pierre Vernant dĂ©montre que la seule question juive » qui vaille est la solidaritĂ© immĂ©diate avec les victimes TĂ©moins et acteurs de ce drame oĂč nous fĂ»mes tous engagĂ©s, que pourrions-nous dire Ă  la communautĂ© israĂ©lite sinon qu’à travers elle c’est chacun de nous qui a Ă©tĂ© atteint dans ce qu’il a de plus prĂ©cieux, ce pour quoi, en combattant durant ces annĂ©es oĂč les antisĂ©mites Ă©taient rois, il a donnĂ© le meilleur de lui-mĂȘme une certaine idĂ©e de la France et de l’homme [51]. » Des extraits de ce texte forment une dĂ©claration publique signĂ©e par une vingtaine de personnalitĂ©s de la RĂ©sistance. 100 La protestation de Jean-Pierre Vernant s’inscrit dans la dimension de l’histoire et de la mĂ©moire, seule capable de faire entendre une parole de vĂ©ritĂ© qui puisse dĂ©passer les formules d’indignation officielle ». L’antisĂ©mitisme installĂ© chez nous dans les fourgons de l’armĂ©e hitlĂ©rienne » a rĂ©vĂ©lĂ©, derriĂšre les ratiocinations de l’idĂ©ologie raciste, un dĂ©lire de l’intelligence, une perversion du sentiment des valeurs, une passion, obsessionnelle et fanatique, pour abaisser et pour dĂ©truire tout ce qui, sous la forme de l’autre, met chacun de nous en question ». Notre responsabilitĂ© personnelle est dĂšs lors engagĂ©e. Cette haine morbide, cette folie meurtriĂšre n’auraient pu prendre racine dans notre pays si elles n’y avaient trouvĂ©, pour s’en nourrir, un terreau fait d’indiffĂ©rence Ă©goĂŻste, de prĂ©jugĂ©s bien ancrĂ©s, de mĂ©fiance jalouse ou d’hostilitĂ© franche envers ce qui n’est pas tout Ă  fait familier. » L’historien insiste sur l’enterrement de la nation française en ce temps de monstrueuse vĂ©ritĂ© » 101 Devant l’horreur, il y eut chez beaucoup de Français une attitude de prudente rĂ©serve ; chez d’autres, accoutumĂ©s Ă  hurler avec les loups, tranquille consentement ; chez ceux enfin qui trouvaient lĂ  l’occasion de rĂ©gler leurs comptes, sur le dos du voisin, avec leur propre vie manquĂ©e, complicitĂ© ouverte Ă  coups de dĂ©nonciations. Ce temps de la barbarie sauvage et de lĂąchetĂ©, quand les chantres de la race conduisaient en fanfare l’enterrement de la nation française, reste inscrit dans notre mĂ©moire comme le visage mĂȘme de l’antisĂ©mitisme, sa monstrueuse vĂ©ritĂ©. 102 Un mĂȘme engagement conduit Jean-Pierre Vernant, le 13 juillet 1993, Ă  se porter au premier rang des signataires de l’ Appel Ă  la vigilance » imaginĂ© par le poĂšte Yves Bonnefoy et l’historien Maurice Olender, soulignant l’impossibilitĂ© d’oublier que les propos de l’extrĂȘme droite ne sont pas simplement des idĂ©es parmi d’autres, mais des incitations Ă  l’exclusion, Ă  la violence, au crime [52] », appelant Ă  une Europe de la vigilance » face Ă  la banalisation de la haine et la sĂ©duction qu’elle opĂšre en direction d’une nouvelle droite » Ă  l’offensive. L’antisĂ©mitisme dĂ©truit les cadres premiers de la pensĂ©e et de la relation au monde. Les philosophes doivent s’armer pour dĂ©fendre la libertĂ© de l’esprit et dĂ©voiler, sous de fausses philosophies, les discours de justification de l’innommable, comme Pierre Bourdieu Ă  son tour l’affirme face au scandale Heidegger, quand l’homme et la philosophie s’étaient mis au service du nazisme [53]. 103 La clartĂ© du propos, le courage de l’action font penser au temps de l’affaire Dreyfus. Les victoires dĂ©mocratiques restent toujours imparfaites et provisoires, et c’est leur force que de rappeler combien l’histoire est incertaine, l’humanitĂ© fragile. Cette incertitude, cette fragilitĂ© bien comprises conduisent Ă  se souvenir et Ă  agir, Ă  demeurer vigilants et ne pas renoncer Ă  l’inquiĂ©tude qui fait penser et comprendre. À rester fidĂšles Ă  l’épilogue de La Peste d’Albert Camus. À se mettre dans les pas du Premier combat de Jean Moulin. Notes [1] Jacques Chirac, discours du Vel’ d’Hiv’, Paris, 16 juillet 1995. Les notes Ă  l’appui de cet essai se limitent aux rĂ©fĂ©rences strictement nĂ©cessaires. Voir sur le site du CESPRA EHESS-CNRS les publications de l’auteur Ă  ce sujet ainsi qu’un fichier PDF des textes citĂ©s dans cet essai. [2] StĂ©phane Habib, Il y a l’antisĂ©mitisme, Les Liens qui libĂšrent, 2020. [3] Élie HalĂ©vy, L’Ère des tyrannies [1938], Les Belles Lettres, 2016. [4] Cela ne veut pas signifier que de telles idĂ©ologies raciales animĂ©es d’intentions exterminatrices n’aient pas existĂ© dĂšs l’époque moderne. Voir les travaux de Denis Crouzet, JĂ©rĂ©mie Foa et Jean-FrĂ©dĂ©ric Schaub. [5] LĂ©on Poliakov, Histoire de l’antisĂ©mitisme, Calmann-LĂ©vy, 1955-1968. [6] Nous ne luttons pas seulement contre l’Allemagne, nous luttons contre des idĂ©es, contre un rĂ©gime fondĂ© sur le mĂ©pris des hommes, l’inĂ©galitĂ© des races, la nĂ©gation du droit, l’exploitation des faibles. Entretenir la foi dans les idĂ©es de la dĂ©mocratie rĂ©pond donc Ă  une authentique nĂ©cessitĂ©. Nous voulons sauvegarder dans la victoire nos raisons de vaincre. Et, si l’on peut gagner la guerre sans croire en la dĂ©mocratie, on ne gagnera pas la paix si l’on ne croit pas en elle. » Raymond Aron, La StratĂ©gie totalitaire et l’avenir des dĂ©mocraties », mai 1942, dans Croire en la dĂ©mocratie 1933-1944, Fayard, 2017 Pluriel ». [7] Jean Moulin Max, 1941 Premier Combat. Journal Posthume, Les Éditions de Minuit, 1947, p. 99. [8] Daniel Cordier, Alias Caracalla, Gallimard, 2009 TĂ©moins », p. 335. [9] Vincent Duclert, L’antisĂ©mitisme sans fin », Esprit, mars 2019, p. 12-17. [10] Albert Camus, La Peste, Gallimard, 1947, rééd. Folio », p. 279. [11] Jean JaurĂšs, L’ArmĂ©e nouvelle [1911], ƒuvres de Jean JaurĂšs, vol. 13, Fayard, 2012. [12] IncarcĂ©rĂ© sans jugement depuis 2017 dans une prison de haute sĂ©curitĂ©, ce mĂ©cĂšne et humaniste a confiĂ© avoir lu rĂ©cemment, dans sa cellule, La Peste d’Albert Camus Entretien, Le Monde, 2 juin 2020. [13] CitĂ© par Le Monde, 23 octobre 2021. [14] Au sujet de l’histoire des juifs sous l’occupation nazie et le rĂ©gime de Vichy, voir en particulier les travaux de Claire Andrieu, ZoĂ© Grumberg, Laurent Joly, Serge Klarsfeld, Pierre Laborie, Robert Paxton, RenĂ©e Poznanski, Jacques Semelin, Annette Wieviorka, Le Genre humain, nos 28 et 30-31, ainsi que les tĂ©moignages notamment rĂ©unis par l’Union des DĂ©portĂ©s d’Auschwitz. [15] Thomas Hochmann, Pourquoi Éric Zemmour devait ĂȘtre inĂ©ligible », Huffpost, 11 octobre 2021. [16] Émile Zola, Lettre Ă  la jeunesse », La VĂ©ritĂ© en marche, Ă©ditĂ© par Vincent Duclert, Tallandier, 2013 Texto », rééd. 2020, p. 103. Les citations suivantes d’Émile Zola renvoient Ă  cette Ă©dition. [17] Marylin Maeso, La Petite Fabrique de l’inhumain, L’Observatoire, 2021. [18] Emmanuel Macron, discours au mĂ©morial de Gisozi Ă  Kigali, 27 mai 2021. [19] Jean JaurĂšs, Les Preuves. L’affaire Dreyfus [1898], La DĂ©couverte, 1998, p. 47-49. [20] Ernest Renan, Le JudaĂŻsme comme Race et comme Religion, Paris, 1883 et Maurice Olender, Les Langues du paradis, Seuil, 1989. [21] CitĂ© par Salomon Reinach, Drumont et Dreyfus. Études sur la Libre Parole » de 1894 Ă  1895, Stock, 1898, p. 10. [22] Gilles Candar et Vincent Duclert, Jean JaurĂšs, Fayard, 2014. [23] Voir les travaux de Marc Angenot dont son article de Romantisme en 1995 Ă  complĂ©ter avec les travaux de Pierre Birnbaum, Stephen Englund, GrĂ©goire Kauffmann, Bertrand Joly, notamment. [24] Michael R. Marrus, Les Juifs de France Ă  l’époque de l’affaire Dreyfus, prĂ©face de Pierre Vidal-Naquet, Calmann-LĂ©vy, 1972, p. 229. [25] MĂ©moire de Bernard Lazare sur ses activitĂ©s pendant l’affaire Dreyfus », dans B. Lazare, Anarchiste et nationaliste juif, Ă©d. Ph. Oriol, Champion, 1999, p. 241-243. [26] Alfred Dreyfus, L’Honneur d’un patriote, Fayard, 2006, nouv. Ă©d., 2016 Pluriel ». [27] Victor Barrucand, FĂ©lix FĂ©nĂ©on, Passim », La Revue blanche, 1er fĂ©vrier 1895. [28] L’arrestation de l’ officier juif A. Dreyfus » a Ă©tĂ© annoncĂ©e dĂšs le 1er novembre 1894 par La Libre Parole, en une et en caractĂšre d’affiche. Le 2 novembre, le journal titre La trahison du juif Dreyfus » [29] Laurent Joly, AntisĂ©mites et antisĂ©mitisme Ă  la Chambre des dĂ©putĂ©s sous la IIIe RĂ©publique », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 3/2007. [30] Nous avons Ă©tabli dans ce pays la libertĂ© de toutes les opinions, le respect de toutes les croyances. Nous n’avons pas Ă  rechercher les origines. » [31] Bernard Lazare, dans Le Voltaire, 31 mai 1896. [32] Avoir Ă©tĂ© en proie au besoin de vĂ©ritĂ©, est un crime. Avoir voulu la justice, est un crime. » [33] Élie HalĂ©vy, Correspondance 1891-1937, prĂ©face de François Furet, Bernard de Fallois, 1996, p. 220. [34] Émile Boutroux, lettre Ă  Élie HalĂ©vy, 25 janvier 1898, ENS, Archives Élie-HalĂ©vy. [35] CĂ©lestin BouglĂ©, Philosophie de l’antisĂ©mitisme », La Grande Revue, 1er janvier 1899, p. 152, 157-158. [36] Introduit le 23 janvier 1898 par Georges Clemenceau dans L’Aurore. [37] CitĂ© par Zeev Sternhell, Maurice BarrĂšs », dans Michel Drouin dir., L’Affaire Dreyfus de A Ă  Z, Flammarion, 1994, p. 123. [38] Lucien Herr, À M. Maurice BarrĂšs », La Revue blanche, 15 fĂ©vrier 1898. [39] Charles Andler, Vie de Lucien Herr 1864-1926 [1832], rééd. François Maspero, 1977, p. 126. [40] CitĂ© par Henri Dagan, EnquĂȘte sur l’antisĂ©mitisme, Stock, 1899, p. 57-58. [41] CitĂ© par Le SiĂšcle, 5 juin 1899. [42] Charles PĂ©guy, Notre jeunesse [1910], Gallimard, 1993 Folio essai », p. 139-140. [43] Charles PĂ©guy, Le Ravage et la RĂ©paration », La Revue blanche, 15 novembre 1899, et ƒuvres en prose complĂštes, t I, Gallimard, 1987 BibliothĂšque de la PlĂ©iade », p. 282. [44] Une formule que Maurras a systĂ©matisĂ©e pour la premiĂšre fois en 1903 » Laurent Joly, Gabriel Monod et “l’État Monod”. Une campagne nationaliste de Charles Maurras 1897-1931 », Revue historique, 4/2012. Voir aussi, du mĂȘme, Naissance de l’Action française, Grasset, 2015. [45] Lettre du 12 octobre [1918], collection Charles-Dreyfus. [46] L’Agenda de LĂ©on Brunschvicg », Évidences, 1949, no 2, republiĂ© dans Difficile libertĂ©, Hachette, 1984 Livre de poche Biblio-essais », p. 67-68. [47] MusĂ©e d’art et d’histoire du JudaĂŻsme Fonds Alfred-Dreyfus. [48] Jules Isaac, 1941 les persĂ©cutions antisĂ©mites ». Fonds Jules-Isaac. [49] Georges Bernanos, Nous vous jetterons sur le parvis » [fĂ©vrier 1943], Essais et Ă©crits de combat, t. II, Gallimard, 1995 BibliothĂšque de la PlĂ©iade », p. 511. [50] Jean Cassou, La MĂ©moire courte [1953], rééd. Baruch, Sillage, 2007. [51] Jean-Pierre Vernant, Copernic », Le Monde, 3 octobre 1980, repris dans Entre mythe et politique, t. I, Seuil, 1996 La Librairie du xxe siĂšcle », p. 587-588. [52] Maurice Olender, Race et histoire et Singulier Pluriel, Seuil, 2018 et 2020. [53] Pierre Bourdieu, L’assassinat de Maurice Halbwachs », dans Visages de la RĂ©sistance, La LibertĂ© de l’esprit, no 16, automne 1987, p. 161-167. Maurice Blanchot tient un mĂȘme raisonnement, concluant Ă  la responsabilitĂ© la plus grave » d’Heidegger corruption d’écriture, abus, travestissement et dĂ©tournement du langage » Les intellectuels en question. Ébauche d’une rĂ©flexion », Le DĂ©bat, no 29, mars 1984, p. 5.

499 €. Texte intĂ©gral rĂ©visĂ© suivi d'une biographie de Georges Bernanos. Sous couvert d'une biographie d'Edouard Drumont, quarante-cinq ans d'histoire de France — de 1870 Ă  1915, de la Commune Ă  l'Affaire Dreyfus en passant par le scandale du canal de Panama — forment la trame de ce brillant pamphlet-hommage.

LA LIBERTE POURQUOI FAIRE ?, GEORGES BERNANOS 1888-1948 21 Mars 2017 RĂ©digĂ© par TRICOIRE CLAUDE et publiĂ© depuis Overblog La libertĂ©, pour quoi faire?Georges BernanosParis, Gallimard, Un prophĂšte n'est vraiment prophĂšte qu'aprĂšs sa mort, et jusque-lĂ  ce n'est pas un homme trĂšs frĂ©quentable. Je ne suis pas un prophĂšte, mais il arrive que je voie ce que les autres voient comme moi, mais ne veulent pas voir. Le monde moderne regorge aujourd'hui d'hommes d'affaires et de policiers, mais il a bien besoin d'entendre quelques voix libĂ©ratrices. Une voix libre, si morose qu'elle soit, est toujours libĂ©ratrice. Les voix libĂ©ratrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes. Elles ne se contentent pas de nous inviter Ă  attendre l'avenir comme on attend le train. L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait.» A son retour en France, en juin 1945, Georges Bernanos revient en France aprĂšs six annĂ©es oĂč il s’est exilĂ© au BrĂ©sil dĂšs le dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale. Déçu par ce qu’il constate Ă  son retour dans le monde politique il publie en 1948 une sĂ©rie d’articles et de confĂ©rence sous le titre La LibertĂ© pourquoi faire ? oĂč il reprend sans cesse les thĂšmes majeurs de sa LibertĂ© pour quoi faire ?-La France devant le Monde de et L'Esprit veut dĂ©noncer le monde moderne devenu esclave de la technique, le retour aux vieilles magouilles politiciennes pour redonner une Ăąme Ă  la France. FidĂšle Ă  ses idĂ©es il s’en prend aux Ă©lites enfermĂ©es sur elles-mĂȘmes et il prĂ©conise pour la France au sortir de la LibĂ©ration de placer la renaissance du pays sur le plan strictement spirituelA relire cet ouvrage aujourd’hui on peut se poser la question Bernanos n’a-t-il pas Ɠuvre de prophĂšte ? En dĂ©nonçant un monde oĂč rĂšgne l’argent est roi, une technicitĂ© Ă  outrance, une mondialisation dĂ©jĂ  ! qui nivelle par le bas, oĂč les politiques sont plus soucieux de leurs intĂ©rĂȘts propres que du bien commun Bernanos donne raison Ă  tous les polĂ©mistes dĂ©clinistes d’aujourd’hui. Mais rare sont ceux qui ont le talent, qui possĂšdent une prose aussi puissante d’un Bernanos ! Les dĂ©bats actuels manquent d’une telle plume pour nous donner Ă  penser vĂ©ritablement C’est la derniĂšre fois, Ă  la veille de mourir, que Bernanos jette son dĂ©fi d'homme libre au monde contemporain, tant il est vrai qu'une des fonctions de l'esprit est de rĂ©veiller sans cesse l'inquiĂ©tude, et de renverser toutes les garanties du confort intellectuel.Un prophĂšte n'est vraiment prophĂšte qu'aprĂšs sa mort, et jusque-lĂ  ce n'est pas un homme trĂšs frĂ©quentable. Je ne suis pas un prophĂšte, mais il arrive que je voie ce que les autres voient comme moi, mais ne veulent pas voir. Le monde moderne regorge aujourd'hui d'hommes d'affaires et de policiers, mais il a bien besoin d'entendre quelques voix libĂ©ratrices. Une voix libre, si morose qu'elle soit, est toujours libĂ©ratrice. Les voix libĂ©ratrices ne sont pas les voix apaisantes, les voix rassurantes. Elles ne se contentent pas de nous inviter Ă  attendre l'avenir comme on attend le train. L'avenir est quelque chose qui se surmonte. On ne subit pas l'avenir, on le fait.»L’auteur Georges BernanosIl est nĂ© Ă  Paris en grandit dans un milieu catholique qui influença profondĂ©ment son orientation et lui fit prendre conscience trĂšs tĂŽt de la valeur surnaturelle de la 1913, aprĂšs avoir obtenu une licence en droit et en lettres, l’Action française lui confia la direction de l’avant garde de Normandie, hebdomadaire monarchiste de Rouen. S’il rompit avec l’Action française en 1926 aprĂšs sa condamnation par Rome, il en restera commença sa carriĂšre d’écrivain avec Sous le soleil de Satan 1926, roman qui eut un succĂšs immĂ©diat. Au mois de novembre, parut son Saint-Dominique, puis L’imposture 1927, La joie prix Femina de 1929 et Jean ne relapse les 1930, s’attaquant violemment Ă  la bourgeoisie qui l’avait déçu, il rĂ©digea La grande peur des Bien-Pensants. Dans un article du Figaro de 1931, il rompit alors avec Charles Maurras et l’Action française. SĂ©journant Ă  Palma de Majorque d’octobre 1934 Ă  mars 1937, il y suivit de prĂ©s les Ă©vĂ©nements de la guerre civile. D’abord favorable aux franquistes, il s’en dĂ©tourna au vu des rapports Ă©troits entre l’Eglise et Franco. A ce moment il Ă©crivit Les Grands CimetiĂšres sous la lune, parus en 1938. Entre-temps avaient vu le jour Un Crime1935, Le journal d’un curĂ© de campagne grand prix du roman de l’acadĂ©mie française,1936 et Nouvelle Histoire de Mouchette 1937. Il quitta les BalĂ©ares et l’annĂ©e suivante en 1938, embarqua pour le BrĂ©sil oĂč il jusqu’à la LibĂ©ration en 1945. Parurent d’abord Le scandale de la VĂ©ritĂ© et Nous autres français. Pendant la deuxiĂšme guerre mondiale, s’insurgeant contre le gouvernement de PĂ©tain, il inspira l’esprit de la rĂ©sistance avec la lettre aux anglais 1942Ecrit de combat1944Le chemin de la croix des Ăąmes1945 oĂč sont rĂ©unis des articles de juillet 1945, il rentra en France et ce qu’il y trouva provoqua son indignation. Il collabora quelque temps avec La bataille, le Figaro, Combat, Carrefour et l’Intransigeant, publia en 1946 Monsieur Ouine , son plus profond roman commencĂ© en 1933 et, en 1947, La libertĂ©, pourquoi faire ? et la France contre les robots. Quittant Ă  nouveau la France, il s’installa en Tunisie. Mais il devait mourir Ă  Paris le 5 juillet 1948. Partager cet article Pour ĂȘtre informĂ© des derniers articles, inscrivez vous Cesmots datent de 1955, belle Ă©poque du terrorisme intellectuel. Le sectarisme de la gauche communiste sĂ©vit naturellement contre la droite, mais se dĂ©chaĂźne aussi en guerre des gauches. Il faudra attendre les annĂ©es 1980 –
Carte mentaleÉlargissez votre recherche dans UniversalisFigure emblĂ©matique de l'Ă©crivain catholique au xxe siĂšcle – avec Claudel et Mauriac –, Bernanos ne saurait relever d'une Ă©cole littĂ©raire ou d'une tendance politique univoque. Si ses premiers romans Sous le soleil de Satan, L'Imposture, La Joie s'insĂšrent, par leur Ă©criture, dans la tradition balzacienne, ils n'en dĂ©passent pas moins les structures romanesques du xixe siĂšcle en y introduisant l'univers du surnaturel, tandis que Monsieur Ouine semble prĂ©figurer les recherches du nouveau Ă  l'histoire contemporaine, les diffĂ©rentes prises de position de son Ɠuvre politique, au premier abord contradictoires, imposent l'image d'un homme anticonformiste, libre de toute allĂ©geance Ă  une hiĂ©rarchie catholique ou Ă  un mouvement politique l'Action française. Admirateur de Drumont, qu'il appelle son vieux maĂźtre », Bernanos rĂ©cuse l'antisĂ©mitisme d'Hitler. Fervent catholique, il fustige l'Église espagnole pour son comportement pendant la guerre d'Espagne. Adepte de Maurras, il se rallie d'emblĂ©e Ă  l'appel du 18 juin 1940 lancĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle et incarne, en AmĂ©rique latine, lors de la Seconde Guerre mondiale, l'esprit de la RĂ©sistance au moment oĂč, dans son ensemble, l'Action française soutient le marĂ©chal PĂ©tain. Monarchiste, Bernanos rejette la Terreur de 1793, mais se rĂ©clame du mouvement rĂ©volutionnaire de 1789. FonciĂšrement anticommuniste, il rĂ©prouve les excĂšs du capitalisme. Seule, une vision du monde humaniste spĂ©cifique peut rendre compte de ces de l'enfanceGeorges Bernanos naĂźt Ă  Paris, le 20 fĂ©vrier 1888, au cƓur de la RĂ©publique opportuniste » 1879-1899, qui avait progressivement Ă©tabli un rĂ©gime rĂ©publicain et promulguĂ© une lĂ©gislation anticlĂ©ricale opposĂ©e aux valeurs de l'Ancien rĂ©gime, monarchiste et catholique, auxquelles adhĂ©raient ses parents. Son ascendance – espagnole et lorraine par son pĂšre tapissier-dĂ©corateur Ă  Paris, berrichonne par sa mĂšre paysanne – devait exercer sur lui une profonde veut dĂ©couvrir le secret de sa vocation dĂ©crivain doit se pencher sur son enfance, oĂč prennent naissance les sources d'une crĂ©ation littĂ©raire, qui s'est accomplie sur une pĂ©riode relativement brĂšve 1926-1948 J'ignore pour qui j'Ă©cris, mais je sais pourquoi j'Ă©cris. J'Ă©cris pour me justifier. – Aux yeux de qui ? – Je vous l'ai dĂ©jĂ  dit, je brave le ridicule de vous le redire. Aux yeux de l'enfant que je fus. » Les Enfants humiliĂ©s. L'enfance de Bernanos est, en effet, le temps et le lieu d'une expĂ©rience privilĂ©giĂ©e la prise de conscience de la nĂ©cessitĂ© de vivre une foi chrĂ©tienne authentique. DispensĂ©e par ses parents, puis dans des Ă©tablissements religieux – Ă  Paris et en province – au cours de ses Ă©tudes secondaires, l'Ă©ducation catholique transmet Ă  Bernanos une foi qui ne se rĂ©duit en aucune maniĂšre au respect traditionnel d'un code moral imposĂ©, mais se rĂ©vĂšle, au contraire, ĂȘtre l'adhĂ©sion de l'ĂȘtre entier Ă  une personne au Dieu sensible au cƓur » de sa vie, dans ses romans inspirĂ©s par Balzac, dĂ©couvert et lu avec passion Ă  l'Ăąge de treize ans comme dans ses essais politiques – oĂč il veut porter tĂ©moignage par fidĂ©litĂ© Ă  Drumont, dont son pĂšre Ă©tait un fervent lecteur –, Bernanos cherchera Ă  transmettre, par le langage, une expĂ©rience de et monarchiste par tradition familiale, il n'est pas homme Ă  sĂ©parer la pensĂ©e de l'action. Menant de front, Ă  Paris, licence en droit et licence Ăšs lettres, entre 1906 et 1913, il milite activement dans les rangs des camelots du roi de l'Action française, au point d'ĂȘtre arrĂȘtĂ© par la police au cours d'une manifestation, et condamnĂ© Ă  cinq jours de prison Ă  la SantĂ©, en mars 1909. RĂ©formĂ© pour raison de santĂ© en 1911, il parvient, en aoĂ»t 1914, Ă  se faire admettre au sein du 6e rĂ©giment de Dragons, engagĂ© au front. Il est blessĂ© en 1918 et reçoit la Croix de de la Grande Guerre et des souffrances assumĂ©es dans les tranchĂ©es, Sous le soleil de Satan rĂ©pond Ă  une volontĂ© de rendre au langage – dĂ©naturĂ© par de multiples formes de mensonges au cours des annĂ©es de guerre et d'aprĂšs-guerre – sa vĂ©ritĂ©, en lui donnant mission d'Ă©voquer la rĂ©alitĂ© la plus haute et la plus pure Ă  laquelle puisse accĂ©der l'homme la saintetĂ©. Le succĂšs inattendu de ce premier roman, publiĂ© en mars 1926, incite Bernanos Ă  abandonner sa profession d'inspecteur [...]1 2 3 4 5 
pour nos abonnĂ©s, l’article se compose de 5 pagesÉcrit par docteur Ăšs lettres, diplĂŽmĂ© de l'Institut d'Ă©tudes politiques de Paris, critique de cinĂ©maClassificationLittĂ©raturesÉcrivainsÉcrivains europĂ©ensÉcrivains de langue françaiseÉcrivains françaisAutres rĂ©fĂ©rences BERNANOS GEORGES 1888-1948 » est Ă©galement traitĂ© dans ČEP JAN 1902-1974Écrit par Milan BURDA ‱ 982 mots NĂ© en 1902 en Moravie dans une famille paysanne pauvre, Jan Čep est un des reprĂ©sentants les plus importants de la littĂ©rature spiritualiste tchĂšque d'inspiration catholique du xx e siĂšcle. AprĂšs le baccalaurĂ©at, obtenu en 1922, il entre Ă  l'universitĂ© Charles de Prague, oĂč il Ă©tudie le tchĂšque, l'anglais et le français. Il ne termine pas ses Ă©tudes et, pendant l'annĂ©e 1926, il collabore Ă  l'acti [
] Lire la suiteDIALOGUES DES CARMÉLITES F. PoulencÉcrit par Juliette GARRIGUES ‱ 1 252 mots ‱ 1 mĂ©dia L’ opĂ©ra Dialogues des carmĂ©lites de Francis Poulenc, en trois actes et douze tableaux reliĂ©s par de brefs interludes, connut une genĂšse singuliĂšre. En 1953, le compositeur est en voyage en Italie. Lors d’une rencontre avec le directeur de la maison d’édition italienne Ricordi, Guido Valcarenghi, ce dernier lui suggĂšre d’écrire un opĂ©ra sur le thĂšme de la foi et de faire appel Ă  l’écrivain catho [
] Lire la suiteDIALOGUES DES CARMÉLITES F. Poulenc, en brefÉcrit par TimothĂ©e PICARD ‱ 322 mots Faire du mystĂšre de la grĂące et des exigences de la foi un sujet d'opĂ©ra, qui plus est un opĂ©ra ne faisant entendre majoritairement que des voix fĂ©minines n'allait pas de soi ; et pourtant ces Dialogues des carmĂ©lites , commandĂ©s par la Scala de Milan, ne posĂšrent de problĂšme ni Ă  Francis Poulenc qui, nullement intimidĂ© par le chef-d'Ɠuvre austĂšre et brĂ»lant de Georges Bernanos, acheva l'ouvrage e [
] Lire la suiteSOUS LE SOLEIL DE SATAN, Georges Bernanos - Fiche de lectureÉcrit par Claude-Henry du BORD ‱ 959 mots Dans le sillage de LĂ©on Bloy et de Barbey d'Aurevilly, Georges Bernanos 1888-1948 incarne un autre type d'Ă©crivain engagĂ© le romancier et le pamphlĂ©taire catholique. Son combat s'inscrit plus dans une perspective psychologique, orientĂ©e vers le surnaturel, que vers une apologĂ©tique partisane. Bien qu'il soit nĂ© Ă  Paris, Bernanos, Ă©levĂ© dans le Pas-de-Calais, gardera durant sa vie d'errance un [
] Lire la suiteVoir aussiLITTÉRATURE FRANÇAISE XXe et dĂ©but du XXIe s. les essaisRecevez les offres exclusives Universalis
LesGrands CimetiĂšres sous la lune est un pamphlet de l'Ă©crivain français Georges Bernanos, paru en 1938, dans lequel celui-ci dĂ©nonce violemment les rĂ©pressions franquistes de la guerre d'Espagne. « TĂ©moignage d'un homme libre » [1], Les Grands CimetiĂšres sous la lune est la deuxiĂšme Ɠuvre de Bernanos en tant que pamphlĂ©taire, aprĂšs La Grande Peur des bien Vos programmes Hauts-de-France direct Nord-Pas-de-Calais Programme national 19/08 360 min direct Picardie Programme national 19/08 360 min En ce moment L'info Nos programmes Les matinales Élections lĂ©gislatives 2022 Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Elections lĂ©gislatives 2022 - Picardie Elections lĂ©gislatives 2022 - Hauts-de-France Toute l'information autour de chez vous Accueil Hauts-de-France Programmes OscarWilde. 12. Il faut beaucoup d'innocence et d'inconsĂ©quence pour s'engager dans l'Ă©dification d'un ĂȘtre quand souvent, trĂšs souvent on ne dispose mĂȘme pas des moyens d'une sculpture de soi ou d'une construction de son propre couple dans la forme appropriĂ©e Ă  son tempĂ©rament. Michel Onfray , La puissance d'exister.
Lille 92, rue des Postes - 59000 Lille Strasbourg 6, rue La BruyĂšre - 67200 Strasbourg Paris 25, rue de Saint-Quentin - 75010 Paris
CettediversitĂ© ne nous empĂȘchera pas de nous retrouver autour des grands principes qui nous rassemblent depuis la premiĂšre Ă©dition en 2009 : proposer un théùtre de troupe, mettant au cƓur de son projet les acteurs et les textes, et se voulant gĂ©nĂ©reux, convivial et ouvert Ă  tous. Le plateau Jean Vilar est ouvert ! 1789 - Théùtre du soleil : 13, 16, 19, 22 et 25 aoĂ»t L'Echange QuatriĂšme RĂ©publique Prologue IdĂ©ologie et politique Les commentaires sont allĂ©gĂ©s, les coupes signalĂ©es 
 Retrouvez l’intĂ©gralitĂ© dans nos Chroniques de l’Histoire en citations. Il faut refaire des hommes libres. »2831 1888-1948, La LibertĂ© pour quoi faire ? 1946 
 Ce catholique engagĂ©, qui refusera tous les postes et tous les honneurs pour rester libre, prĂ©cise Je n’entends nullement opposer le capitalisme au marxisme [
] deux symptĂŽmes d’une mĂȘme civilisation de la matiĂšre [
] Le libĂ©ralisme capitaliste, comme le collectivisme marxiste, fait de l’homme une espĂšce d’animal industriel soumis au dĂ©terminisme des lois Ă©conomiques. » La libertĂ© est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. »2832 Albert CAMUS 1913-1960, Les Justes 1949 RĂ©dacteur en chef de Combat, il est de ces intellectuels qui se mĂȘlent ardemment Ă  l’actualitĂ© de leur temps marquĂ© par le totalitarisme, pour crier sa soif de justice, revendiquer dans L’Homme rĂ©voltĂ©, la libertĂ©, seule valeur impĂ©rissable de l’Histoire » et prĂ©fĂ©rer la rĂ©volte Ă  la rĂ©volution Je me rĂ©volte, donc nous sommes. » 
 L’internationalisme qui fut un beau rĂȘve n’est plus que l’illusion tĂȘtue de quelques trotskistes. »2833 Jean-Paul SARTRE 1905-1980, Situations III 1949 Pendant dix ans, de la LibĂ©ration aux Ă©vĂ©nements de Budapest, c’est l’époque des maĂźtres Ă  penser et des engagements impĂ©ratifs. Sartre rĂšgne en maĂźtre contestataire, et d’ailleurs contestĂ© 
 La vĂ©ritĂ© est une, seule l’erreur est multiple. Ce n’est pas un hasard si la droite professe le pluralisme. »2834 Simone de BEAUVOIR 1908-1986. Les Temps modernes, nos 109 Ă  115 1955, Jean-Paul Sartre Ces mots datent de 1955, belle Ă©poque du terrorisme sectarisme de la gauche communiste sĂ©vit naturellement contre la droite, mais se dĂ©chaĂźne aussi en guerre des faudra attendre les annĂ©es 1980 – dĂ©mobilisation, dĂ©sillusion, dĂ©politisation – pour voir le dĂ©clin de tous les ismes ». Catholicisme ou communisme exige, ou du moins prĂ©conise, une soumission de l’esprit [
] Le monde ne sera sauvĂ©, s’il peut l’ĂȘtre, que par des insoumis. »2835 AndrĂ© GIDE 1869-1951, Journal, 24 fĂ©vrier 1946 Les honneurs pleuvent sur le Gide d’aprĂšs-guerre, prix Nobel de littĂ©rature en 1947 pour son intrĂ©pide amour de la vĂ©ritĂ© ». Il a rompu avec le communisme en 1937, et vĂ©cu la guerre comme une ne songe plus qu’à sauver la culture de toute menace de totalitarisme 
 La guerre froide est une guerre limitĂ©e, limitation qui porte non sur les enjeux, mais sur les moyens employĂ©s par les belligĂ©rants [
] La guerre froide apparaĂźt, dans la perspective militaire, comme une course aux bases, aux alliĂ©s, aux matiĂšres premiĂšres et au prestige. »2836 Raymond ARON 1905-1983, Guerres en chaĂźne 1951 Fondateur avec Sartre des Temps Modernes, revue littĂ©raire, politique et philosophique, Ă©ditĂ©e par Gallimard, il s’en sĂ©pare bientĂŽt pour devenir Ă©ditorialiste au Figaro 1947-1977.Toute la QuatriĂšme RĂ©publique est placĂ©e sous le signe de la guerre froide », quand le rideau de fer » qui tombe divise l’Europe en deux mondes antagonistes La guerre a pris fin dans l’indiffĂ©rence et dans l’angoisse [
] la paix n’a pas commencĂ© », dit Sartre en 1945 
 La France est le seul grand pays Ă  recevoir de plein fouet tous les chocs majeurs de l’aprĂšs-guerre ruines, crise monĂ©taire, sĂ©quelles de guerre civile, difficultĂ©s sociales et surtout guerre froide et dĂ©colonisation. »2837 Jean-Pierre RIOUX nĂ© en 1939, La France de la QuatriĂšme RĂ©publique 1980-1983 Historien de ce passĂ© proche, il en dresse un tableau politique, Ă©conomique et social la QuatriĂšme – la plus mal aimĂ©e de toutes les RĂ©publiques – fit face, et pas toujours mal, Ă  tous ces problĂšmes, mourant finalement de son impossibilitĂ© Ă  rĂ©gler la dĂ©colonisation. La France est divisĂ©e en quarante-trois millions de Français. La France est le seul pays du monde oĂč, si vous ajoutez dix citoyens Ă  dix autres, vous ne faites pas une addition, mais vingt divisions. »2838 Pierre DANINOS 1913-2005, Les Carnets du major Thomson 1954 Grand succĂšs de librairie, pour ces Carnets prĂ©sentĂ©s comme la traduction des pensĂ©es d’un major anglais, et jouant sur le dĂ©calage entre les mentalitĂ©s nationales. Le procĂ©dĂ© rappelle les Lettres persanes de Montesquieu 
 L’opinion publique [
] est souvent une force politique, et cette force n’est prĂ©vue par aucune constitution. »2839 Alfred SAUVY 1898-1990, L’Opinion publique 1956 NĂ©e au siĂšcle des LumiĂšres, scientifiquement mesurĂ©e par les sondages depuis la veille de la Seconde Guerre mondiale, son influence se renforce encore Ă  l’arrivĂ©e de la tĂ©lĂ©vision. Le Journal tĂ©lĂ©visĂ© est lancĂ© par Pierre Sabbagh, en avril 1949, pour quelques centaines de privilĂ©giĂ©s. Il y aura 60 000 rĂ©cepteurs en 1954, 680 000 en 1958 
 L’avantage de l’instabilitĂ© pour un gouvernement, c’est qu’elle ne lui laisse pas le temps de se dĂ©savouer. »2840 Jean ROSTAND 1894-1977, InquiĂ©tudes d’un biologiste 1967 Mais l’inconvĂ©nient est qu’elle ne lui laisse pas le temps de construire. En fait d’instabilitĂ©, la QuatriĂšme RĂ©publique est bien la fille de la TroisiĂšme 21 gouvernements se succĂ©deront de 1947 Ă  1958. On prend les mĂȘmes et on recommence. »2841 Formule habituelle pour saluer les changements de gouvernement. On prend les mĂȘmes et on recommence ? 1978, Jean-François Kahn 
 Clemenceau dĂ©nonçait dĂ©jĂ  ces gouvernements qui se ressemblaient tous, faisant appel au mĂȘme personnel politique, dans la RĂ©publique des camarades ». Certains, par leur caractĂšre et leur autoritĂ© – tels Antoine Pinay, Pierre MendĂšs France – ne sont pas comme les autres et ne jouent pas ce jeu politicien, mais le systĂšme ne les laisse pas longtemps au pouvoir 
 Le rĂ©gime des partis, c’est la pagaille. »2842 Charles de GAULLE 1890-1970, entretien tĂ©lĂ©visĂ© avec Michel Droit, 15 dĂ©cembre 1965. Discours et messages pour l’effort, aoĂ»t 1962-dĂ©cembre 1965 1970, Charles de Gaulle Constat souvent rĂ©pĂ©tĂ©. La QuatriĂšme RĂ©publique pĂȘche comme la TroisiĂšme par ses partis trop puissants, ou plutĂŽt impuissants, archaĂŻques, aboutissant Ă  un rĂ©gime d’assemblĂ©e tyrannique. Mais il n’y a pas de dĂ©mocratie sans pluralitĂ© des pagaille » de ce rĂ©gime vient surtout du fait que le gouvernement, piĂ©gĂ© entre les oppositions gaulliste et communiste, tente de s’appuyer sur une troisiĂšme force » centriste MRP, socialistes SFIO 
 La QuatriĂšme RĂ©publique doit, pour une large part, la suite ininterrompue de ses dĂ©sastres et sa ridicule fin Ă  un personnel politique mal prĂ©parĂ© qui n’avait pas fait ses classes. »2843 François MAURIAC 1885-1970, Le Nouveau Bloc-notes, II, 1958-1960 MĂȘme constat d’échec que de Gaulle, mais diagnostic inverse J’ai toujours eu l’idĂ©e que ce ne sont pas les institutions qui corrompent les hommes, que ce sont, au contraire, les hommes qui corrompent les institutions. » L’ennui avec nos hommes politiques, c’est qu’on croit faire leur caricature, alors qu’on fait leur portrait. »2844 SENNEP 1894-1982, Potins de la CommĂšre, France-Soir, 18 juin 1958 C’est l’un des plus talentueux caricaturistes de la presse française, rĂ©solument de droite venu de l’Action française, mais gaulliste ralliĂ© en 1941, dessinateur attitrĂ© du Figaro. Quand les hommes ne choisissent pas, les Ă©vĂ©nements choisissent pour eux. »2845 Raymond ARON 1905-1983, Immuable et changeante. De la IVe Ă  la Ve RĂ©publique 1959 PassivitĂ© des citoyens, isolement de la classe politique, tels sont les vices intimes du rĂ©gime qui semble tourner en rond et s’autodĂ©truire – le cadavre bafouille ». On a pu dire qu’en se privant d’un de Gaulle, dĂšs ses premiers mois, la QuatriĂšme RĂ©publique se condamnait Ă  terme plus ou moins rapide. Le monde ne vaut que par les extrĂȘmes et ne dure que par les moyens ; il ne vaut que par les ultras et ne dure que par les modĂ©rĂ©s. »2846 AndrĂ© SIEGFRIED 1875-1959, citant Paul VALÉRY 1871-1945, De la QuatriĂšme Ă  la CinquiĂšme RĂ©publique au jour le jour 1958 
 Les libĂ©raux de droite et du centre servent de forces d’appoint, faisant pencher le flĂ©au tantĂŽt Ă  gauche, tantĂŽt Ă  droite, d’oĂč les majoritĂ©s fragiles et fluctuantes.
Lecarnet “MusĂ©um, objet d’Histoire” prĂ©sente les travaux du sĂ©minaire de recherche “Le MusĂ©um national d’histoire naturelle, objet d’Histoire” Ce sĂ©minaire de l’École doctorale 227 “Sciences de la Nature et de l’Homme” du MusĂ©um (depuis 2011) est animĂ© par Claude Blanckaert (DĂ©partement Homme Environnement MNHN, UMR 8560 Centre KoyrĂ© CNRS-EHESS-MNHN) et Arnaud
LES FORCES NAVALES FRANCAISES LIBRES Ah! Cette putain de guerre, elle ne finira donc jamais! On lui a fait mal Michel, 19 ans, dĂ©part pour Londres – 27/11/1942 Nous ne pouvions parler de Michel sans consacrer une partie distincte Ă  son engagement au cƓur des Forces Navales Françaises Libres du gĂ©nĂ©ral de Gaulle dont le vĂ©cu est particuliĂšrement prĂ©sent dans ses Ɠuvres. En effet cet engagement va constituer un tournant particulier dans sa vie, tout comme dans celle des nombreux soldats engagĂ©s Ă  l’époque qui, pour beaucoup d’entre eux, garderont sous silence les faits les plus marquants. Au 14 juin 1940, les Allemands sont Ă  Paris, la partie nord de la France est Le gouvernement français, contraint de se dĂ©placer Ă  Bordeaux, sera nouvellement formĂ© sous le marĂ©chal PĂ©tain qui annonce Ă  la radio la nĂ©cessitĂ© d’arrĂȘter les combats, recherchant avec l’ennemi le moyen de mettre un terme aux Du 19 au 20 juin 1940, Bordeaux subit de terribles bombardements. Ce gouvernement nouvellement créé se dĂ©placera dans la ville de –4 Au 22 juin 1940, l’armistice est signĂ©e. Le 1er juillet suivant, l’assemblĂ©e nationale donnera les pleins pouvoirs au marĂ©chal PĂ©tain. SimultanĂ©ment, le GĂ©nĂ©ral de Gaulle lance un appel aux français via les ondes de la BBC Ă  Londres, les invitant Ă  le rejoindre pour poursuivre le combat contre l’occupant L’appel du 18 juin 1940 est lancĂ© La flotte française Ă©tant dĂ©sormais sous le contrĂŽle du rĂ©gime de Vichy, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle va devoir trouver des solutions pour rĂ©cupĂ©rer une partie des bateaux, ne songeant pas Ă  livrer sa flotte aux Une grande partie des navires français se trouve dĂ©jĂ  en dehors de la mĂ©tropole, la flotte qui y demeure prĂ©sente sera aussitĂŽt mise Ă  l’abri Le cuirassĂ© JEAN BART quitte SAINT-NAZAIRE pour CASABLANCALe cuirassĂ© RICHELIEU est Ă©vacuĂ© de BREST vers DAKARLe sous marin SURCOUF Ă©tant en rĂ©vision Ă  BREST sera dirigĂ© vers l’ANGLETERRE, il en sera de mĂȘme pour les sous-marins RUBIS et NARVAL6 Certains marins français, au pĂ©ril de leur vie, dĂ©cident de rejoindre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en ANGLETERRE. Il est important de relever qu’à cette Ă©poque, des pressions Ă©taient effectuĂ©es sur les marins par le rĂ©gime de Vichy afin qu’ils y restent fidĂšles, y compris sur leur propre famille. Aussi, la majoritĂ© des marins français continuait d’exercer auprĂšs de l’amiral Darlan, chef d’état major depuis 1937 et proche du marĂ©chal Croix de Lorraine de la France Libre C’est dans ce contexte que le Vice Amiral Muselier dĂ©cide de rejoindre le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en ANGLETERRE au 30 juin 1940 et va jouer un rĂŽle majeur dans l’histoire de la FRANCE LIBRE. AussitĂŽt, le gĂ©nĂ©ral de Gaulle le nomme au commandement des forces maritimes françaises restĂ©es libres, quelles qu’elles soient et quel que soit l’endroit oĂč elles se trouvent », il sera Ă©galement nommĂ© provisoirement commandant des forces aĂ©riennes de la FRANCE LIBRE. Le jour mĂȘme, il appelle tous les marins et aviateurs français Ă  les rejoindre. Au 3 juillet 1940, l’amiral Muselier propose comme emblĂšme pour la FRANCE LIBRE, la croix de Lorraine en souvenir de son pĂšre d’origine C’est ainsi que va se jouer une vĂ©ritable guerre parallĂšle sur les mers du globe jusque 1945 La Bataille de l’ Ces combats emporteront ainsi la vie de nombreux marins de la FRANCE LIBRE, quand d’autres, pour l’immense majoritĂ© trĂšs jeune, y survivront mais en resteront terriblement marquĂ©s. Ces hommes, vĂ©ritables rĂ©sistants des mers, seront notamment ceux auxquels nous devons la mise en place du dĂ©barquement du 6 juin 1944, sans lequel la France n’aurait pu ĂȘtre libĂ©rĂ©e. Courant 1942, Michel a alors 19 ans. AttirĂ© par l’appel du gĂ©nĂ©ral de Gaulle et animĂ© par une envie irrĂ©pressible de participer Ă  la grande aventure de la France Libre, il se prĂ©sente au consulat d’ANGLETERRE Ă  RIO DE JANEIRO. Encore mineur Ă  l’époque majoritĂ© Ă  21 ans, sa premiĂšre demande sera refusĂ©e, il lui faudra ainsi obtenir l’accord officiel de son pĂšre. En date du 27 novembre 1942, une fois l’accord demandĂ© obtenu, il obtient un laisser-passer pour Londres. 1er ordre de mission au 12 dĂ©cembre 1942 Envoyer Bernanos Ă  Londres, Ă©cole des Cadets » – Objectif » Aller Ă  la Caserne SURCOUF de Londres » – Aucun bateau n’ayant touchĂ© Rio depuis 3 mois, nous acheminons ce volontaire via Cap Town Afrique du Sud d’oĂč il pourra rejoindre plus facilement l’Angleterre » Ordre de mission du 12 dĂ©cembre 1942 Laisser-passer pour Londres du 27 novembre 1942 Au 30 janvier 1943, Michel part pour Londres via le MELBOURNE STAR de la BLUE STAR LINE. Ces navires Ă©taient officiellement des bateaux de la marine marchande conçus pour transporter des passagers et des marchandises rĂ©frigĂ©rĂ©es. Pendant la 2nde guerre mondiale ils Ă©taient officieusement chargĂ©s de l’apport de nourriture et de munitions de guerre Ă  la Grande-Bretagne. Nous relevons ainsi que La BLUE STAR LINE avait 41 navires dispersĂ©s Ă  travers le monde, 29 navires ont Ă©tĂ© perdus par l’action ennemie. Le Melbourne Star – Blue Star Line Le convoi fut pris dans un attaque de U-BOOT sous-marins allemands spĂ©cialement conçus pour attaquer les convois de ravitaillements alliĂ©s. Le MELBOURNE STAR Ă©tant sĂ©rieusement touchĂ©, Michel fut transfĂ©rĂ© sur un pĂ©trolier mixte, certains brĂ»laient en coulant, rependant ainsi une nappe de feu sur la mer, le convoi fit route dans les flammes pendant de nombreuses heures. La vitesse des convois est faible, souvent moins de 6 nƓuds en fonction des navires. [
] Quand le radar indique un bĂątiment ou que sur la passerelle le pĂ©riscope d’un sous-marin a Ă©tĂ© aperçu, ordre est donnĂ© au convoi de resserrer les rangs et d’accĂ©lĂ©rer il faut Ă  la fois dĂ©stabiliser les calculs de tirs ennemis, forcer les sous-marins Ă  se rapprocher et le cas Ă©chĂ©ant, permettre des sauvetages plus rapides. La tension monte alors sensiblement pour les navires escorteurs. Les allemands n’ont pas toujours de cible prĂ©cise, visent d’abord les plus gros tonnages et les pĂ©troliers ou transports de une torpille touche un navire, la corvette la plus proche se lance frĂ©nĂ©tiquement Ă  la recherche du meurtrier, tout en voyant la meute procĂ©der Ă  d’autres attaques en diffĂ©rents endroits
 Les corvettes peuvent prĂȘter main-forte aux bateaux de secours en cas de naufrage, mais la prioritĂ© reste de scĂšne de sauvetage est toujours pĂ©nible le mazout du bĂątiment coulĂ© flotte et crĂ©e une nappe parfois enflammĂ©e dans laquelle se dĂ©battent les quelques rescapĂ©s et oĂč l’on voit aussi des corps inanimĂ©s flotter sur le ventre au milieu des Le 2 avril 1943, soit 2 mois plus tard, le MELBOURNE STAR sera coulĂ© par une torpille ennemie dans l’ocĂ©an atlantique il ne restera que 4 survivants sur les 116 membres de l’équipage.11 Michel obtenait ainsi un premier aperçu de ce que seront faites ses annĂ©es d’engagement Ă  venir. Il arrive ainsi Ă  Londres le 9 mars 1943, le relevĂ© des services militaire indiquĂ© sur son livret individuel de rĂ©serviste de l’armĂ©e de mer nous apporte les Ă©lĂ©ments d’informations suivants 12 –13 –14 –15 Du 11/03/1943 au 19/03/1943 Caserne SURCOUF – Londres Il s’agit du siĂšge des FNFL, les soldats en arrivant y sont logĂ©s quelques jours avant qu’il ne soit dĂ©cidĂ© de leur future affectation. C’est Ă©galement Ă  cet endroit que tous les soldats sont orientĂ©s en arrivant Ă  Londres, Ă  la CPL Compagnie de Passage Ă  Londres, une structure qui constitue l’étape intermĂ©diaire entre les services d’immigration britanniques et les dĂ©pĂŽts français de la Marine de Guerre /Marine –17Du 19/03/1943 au 31/03/1943 Caserne BIR HAKEIM Emsworth – Banlieue de Portsmouth18 Dans les premiers temps, les mobilisĂ©s y bĂ©nĂ©ficient d’un entrainement militaire de 1 mois Ă  leur arrivĂ©e19 Du 31/03/1943 au 8/04/1943 Caserne MEVREAS – Par le fait que le rĂ©dacteur l’ai rattachĂ©e Ă  la caserne BIR HAKEIM sur le livret de Michel, j’en dĂ©duit que cette caserne est situĂ©e Ă©galement Ă  Emsworth ou Ă  proximitĂ© et qu’il s’agit Ă©galement de l’entrainement militaire qui y est dispensĂ©. Du 08/04/1943 au 29/04/1943 Maison de santĂ© Beaconsfield Recherches en cours20Du 29/04/1943 au 20/06/1943 Caserne BIR HAKEIM Emsworth – Banlieue de Portsmouth en Angleterre On y trouve notamment le centre de formation des canonniers – Michel y fait ses classes – Il est important de relever que les formations Ă©taient trĂšs courtes Ă  l’époque, les nouvelles recrues devant ĂȘtre sur le terrain au plus tĂŽt par manque d’effectifs21Du 20/06/1943 au 05/08/1943 Base de Porthmouth Angleterre Principal lieu opĂ©rationnel des FNFL, c’est notamment de ce port que partiront les bateaux pour le dĂ©barquement de Normandie. Les jeunes soldats y suivaient une formation sur le CuirassĂ© COURBET, dĂ©sormais utilisĂ© comme navire d’instruction situĂ© sur ce port d’attacheDu 05/08/1943 au 25/08/1943 Caserne BIR HAKEIM Emsworth – Banlieue de Portsmouth Michel y poursuit sa formation de canonnierDu 25/08/1943 au 15/12/1944 Michel et affectĂ© au chasseur de sous-marins 12 – BENODET, principalement constituĂ© d’hommes de l’Ile de Sein en tant que matelot canonnier, il sera par la suite Ă©galement nommĂ© opĂ©rateur radar En juin 1940, la quasi totalitĂ© des hommes de l’Ile de Sein en Ăąge de combattre choisit de rejoindre les FNFL, ils apporteront ainsi de nombreux bateaux de pĂȘche et de commerce Ă  la flotte du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. L’Ile de Sein recevra la croix de la libĂ©ration du GĂ©nĂ©ral de Gaulle le 1er janvier Le chasseur de sous marins sur lequel Michel est affectĂ© fait parti d’une sĂ©rie de 17 unitĂ©s de la marine destinĂ©e Ă  la lutte anti sous marine. Ces chasseurs sont issus d’un programme mis en place en 1937 pour la construction d’un nouveau type de chasseur avec une coque en acier afin de remplacer les chasseurs amĂ©ricains de type C1 avec coque en bois de la premiĂšre guerre mondiale. Chasseur 12 – Benodet Ces chasseurs disposaient sous les FNFL des caractĂ©ristiques suivantes 23 CaractĂ©ristiques techniques Chasseur de sous-marinsLongueur 37,1 mMaĂźtre-bau 5,66 mTirant d’eau 1,95 mDĂ©placements 107 tonnesPort en lourd 137 tonnesPropulsion 2 moteurs diesel MAN et 2 hĂ©licesPuissance 1130 chVitesse 15,5 nƓudsEquipage 23 CaractĂ©ristiques militaires sous les FNFL 1 canon de 90mm2 mitrailleuses Darne de 7,5mm2 canon Schneider de 37mm2 grenadeurs arriĂšre de 16 chargesRayon d’action 1200 nautiques Ă  8 nƓuds 5,5 tonnes de fuel Les conditions de navigation des Chasseurs sont ainsi dĂ©crites 24 Ces bateaux de surveillance de 40 mĂštres embarquent une trentaine de marins et sont Ă©quipĂ©s pour la riposte [
] Ils se voient assigner un secteur dans lequel ils prennent en charge les convois ou mĂšnent des opĂ©rations de risques sont nombreux outre les attaques d’avions, les chasseurs doivent Ă©viter et consigner soigneusement les longues lignes de mines magnĂ©tiques et acoustiques installĂ©es par la KRIEGSMARINE. Ils doivent rĂ©guliĂšrement parer Ă  des attaques de vedettes rapides les chasseurs peuvent aussi procĂ©der Ă  des grenadages contre les U-BOOTS Sous-marins allemands qui empruntent la Manche pour passer dans l’ navigation est aussi trĂšs difficile, les chasseurs ne sont pas fait pour les temps par tempĂȘte, l’eau y rentre par paquets endommageant tout ce qu’elle peut, rendant ainsi les bĂątiments plus vulnĂ©rables aux attaques ennemies. Par ailleurs, depuis l’entrĂ©e en guerre, les phares restent Ă©teints, ce qui augmente considĂ©rablement le risque d’accident. DĂšs les premiers jours, les Chasseurs 6 et 7 seront torpillĂ©s par la KRIEGSMARINE Marine Allemande, laissant un seul survivant sur les 60 marins membres des deux Ă©quipages. Les Chasseurs gagnent dĂšs la bataille d’Angleterre un profond respect de la part de l’AmirautĂ© Britannique qui saura qu’elle peut compter sur eux pour les opĂ©rations Ă  venir. Le Chasseur 12 a servi pour les Forces Navales Françaises Libres Ă  compter du 3 juillet 1940, basĂ© Ă  Cowes sur l’Ile de Wight Angleterre, il prendra notamment part Ă  de nombreux engagements contre des avions ennemis et fut dĂ©moli en –26 Michel Ă  bord du Chasseur 12 avec une partie de l’équipage Afin de dĂ©finir au mieux la mission de Michel Ă  bord du navire, je me permets de reprendre la dĂ©finition du canonnier affichĂ©e Ă  bord du MAILLE-BREZE, Navire musĂ©e Ă  visiter sur les bords de la Loire Ă  NANTES 27 La valeur de l’artillerie d’un navire dĂ©pend de celle du personnel qui la sert. C’est Ă  dire l’importance du canonnier qui doit manƓuvrer avec compĂ©tence, rapiditĂ© et sang froid des piĂšces de gros calibre qui tirent Ă  une cadence rapide de lourds Ă  grande distance, une cible petite et mouvante, Ă©tant soi-mĂȘme sur une plate forme qui roule et qui tangue, n’est pas facile. Aussi, l’habilitĂ© des canonniers a-t-elle une rĂ©putation solide et canons modernes avec leurs mĂ©canismes compliquĂ©s exigent des servants longuement formĂ©s, connaissant leur piĂšce, leur tourelle, son systĂšme d’approvisionnement en projectiles et tout le matĂ©riel attachĂ© Ă  l’artillerie. En tant qu’opĂ©rateur radar, Michel avait pour principal mission d’analyser et Ă©valuer les menaces environnantes tout en Ă©tant chargĂ© du fonctionnement des dispositifs de dĂ©tection par radar et radio, du systĂšme de brouillage radar/leurres et de l’armement dont il avait dĂ©jĂ  une bonne maitrise en tant que canonnier. Au 22 juin 1940, l’armĂ©e allemande envahit l’URSS par l’opĂ©ration BARBAROSSA. La banquise et les cĂŽtes de NorvĂšge sont tenues par les troupes allemandes et les convois russes et amĂ©ricains constituent des cibles idĂ©ales, les batailles font particuliĂšrement rage sur ce secteur, rappelons que nous sommes au cƓur de la Bataille de l’Atlantique qui durera jusque Les principales missions du Chasseur 12 n’étaient donc pas des plus simples car elles consistaient Ă  protĂ©ger des convois le long du Mur de l’Atlantique29, vĂ©ritables forteresses installĂ©es par les allemands sur les cĂŽtes Le Chasseur 12 interviendra Ă©galement dans les mers du Nord Ă  proximitĂ© des cotes NorvĂ©giennes, elles-mĂȘmes cernĂ©es par les forces allemandes. Le passage de la Manche vers la Mer du Nord entre Calais et Douvres Dover Ă©tait particuliĂšrement dangereux et dĂ©licat. Le Mur de l’Atlantique en 1942, situation identique jusque fin 1944 Les conditions de navigation dans les mers du nord sont particuliĂšrement difficiles, les convois doivent rĂ©guliĂšrement faire des Ă©carts pour se mettre hors de portĂ©e des U-BOOTS31. Il est assez courant que l’eau gĂšle sur les structures des bateaux, tout le pont se recouvre ainsi d’une glace Ă©paisse pendant plusieurs jours. OpĂ©rations d’entretien sur le pont glacĂ© d’une corvette en atlantique du nord Par ailleurs, l’alimentation des marins est mauvaise, ils consomment en grande partie les conserves habituelles, ce qui crĂ©e notamment de fortes carences en vitamines C que le corps ne produit pas seul. Il est donc constatĂ© un amaigrissement gĂ©nĂ©ralisĂ©, plusieurs gingivites, des cernes et une fatigue immense. Michel, comme beaucoup d’autres, attrapera ainsi le scorbut au cours de cette pĂ©riode. Une fois au port, il faut remettre le bateau en Ă©tat, ce qui dure plusieurs jours. Les canonniers doivent nettoyer leurs piĂšces, les moteurs doivent ĂȘtre rĂ©visĂ©s, les chaudiĂšres ramonĂ©es
 Des travaux de peinture sont Ă©galement effectuĂ©s car il suffit de quelques jours sur l’Atlantique pour que la coque se Le Rubis Le livret de Michel ne mentionne pas l’intĂ©gralitĂ© de ses missions car son ami et coĂ©quipier, Jean LIVET, indique qu’il fit Ă©galement un remplacement Ă  bord du sous marin RUBIS. Aussi, de l’étĂ© 1940 Ă  dĂ©cembre 1944, le RUBIS effectuait au total 28 missions de mouillage de mines sur les cĂŽtes de NorvĂšge et de France, entrainant ainsi la destruction de 16 navires ennemis. Le navire RUBIS est le bĂątiment de guerre français qui aura coulĂ© le plus de tonnage allemand au cours de la Jean LIVET, que nous remercions bien sincĂšrement pour son tĂ©moignage, souligne le fait que le capitaine et les Ă©quipages lors de leur affectation disposaient de trĂšs peu d’expĂ©rience car, en pleine seconde guerre mondiale, les formations Ă©taient gĂ©nĂ©ralement faites Ă  la hĂąte par manque de temps. Ainsi, l’équipage du Chasseur 12 Ă©taient parfaitement conscient du fait qu’il pouvait se retourner rapidement par tempĂȘte 34 Les qualitĂ©s nautiques de notre genre d’unitĂ© nous donnait toutes chances de nous retourner par gros temps. Nous en eĂ»mes la triste preuve avec le chasseur 5 peu avant noĂ«l 1943. Savoir que nous risquions le plongeon dĂ©finitif sans mĂȘme avoir besoin pour cela d’un rencontre fĂącheuse avec des unitĂ©s ennemies – La plupart plus rapides et mieux armĂ©es que nous – N’était pas pour remonter un moral dĂ©jĂ  fortement dĂ©tĂ©riorĂ© par l’absence de nouvelles de la famille. Michel et Jean LIVET effectuaient leurs permissions rĂ©guliĂšrement ensemble Ă  Londres. HabituĂ© aux bombardements rĂ©guliers et Ă©puisĂ© par le rythme des missions, Jean Livet rapporte ainsi une anecdote selon laquelle Michel, recouvert de gravas par une explosion survenue sur le toit de son hĂ©bergement, se contentait simplement d’aller se recoucher dans un autre lit libre, aprĂšs ĂȘtre passĂ© tout prĂšs de la Jean LIVET garde de trĂšs bons souvenirs de Michel et Ă©voque une cohabitation heureuse pendant ses annĂ©es de guerre, en dĂ©pit des misĂšres qui en reprĂ©sentaient l’essentiel ». Michel, par son sens de l’humour, avait le don d’apporter une certaine joie de vivre Ă  l’équipage, mĂȘme dans les moments les plus difficiles Quelques jours avant le dĂ©barquement, des pilotes du Gros avaient rĂ©ussi Ă  nous repĂ©rer, en dĂ©pit du rideau de fumigĂšnes sensĂ© occulter la cĂŽte sud de l’Angleterre. ArrivĂ© tardivement sur le pont, Michel n’avait pu se placer derriĂšre la piĂšce de canon anti-aĂ©rien qui lui Ă©tait habituellement attribuĂ©e. De tous les hommes Ă  bord, aucun n’était disposĂ© Ă  cĂ©der sa place. Je piquais aussitĂŽt une tĂȘte dans le caisson Ă  munitions le plus proche lorsque la derniĂšre bombe d’un chapelet tombait dans les eaux Ă  proximitĂ© de notre chasseur. Michel, lui, se mettait Ă  arpenter le pont en rĂ©clamant Ă  corps et Ă  cri une lime Ă  ongles » pour, disait il, ne pas se sentir totalement dĂ©sarmĂ©! » Au 6 juin 1944, le Chasseur 12 participe au dĂ©barquement de Normandie, l’équipage s’y Ă©tant prĂ©parĂ© ardemment les jours prĂ©cĂ©dents, n’avait aucune idĂ©e du jour choisi pour des raisons de confidentialitĂ© Ă©videntes. Aussi, le Chasseur 12 prenait la mer la veille au soir sur ordre urgent qu’il fallait immĂ©diatement patrouiller dans la Manche Ă  la recherche de sous marins ennemis avant de se rendre Ă  un point prĂ©cis d’oĂč ils recevront de nouvelles instructions. Une partie de la flotte d’assaut – 6 juin 1944 Michel est rĂ©veillĂ© Ă  l’aube par des cris et des bruits de pas prĂ©cipitĂ©s dans les coursives. Une fois sur le pont, un vĂ©ritable spectacle s’offre Ă  lui, qu’il dĂ©crit ainsi Je vis se lever Ă  l’horizon, dĂ©gagĂ© de sa brume, le plus fabuleux spectacle marin de tous les temps, des centaines et des centaines de bateaux de tous tonnages, du porte-avions Ă  la pĂ©niche, cĂŽte Ă  cĂŽte en rangs serrĂ©s, couvrait toute la surface de l’eau, Ă  l’infini, tandis que, dans le ciel, grondaient des milliers d’ Le Chasseur 12 effectuait la premiĂšre escorte de convoi L’équipage naviguait au cƓur de la flotte d’ Au cours de l’opĂ©ration, le Chasseur 12 est appelĂ© pour secourir une barge en difficultĂ© au large de l’Ile de Wight, ils font donc demi-tour vers les cĂŽtes anglaises et dĂ©cident de la conduire jusque sur la plage d’Utah –40 Une barge s’approchant des cĂŽtes normandes au cours du dĂ©barquement avec des chars Sherman DD Amphibie Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle pensait pouvoir rĂ©cupĂ©rer la ville de Caen aux mains des allemands dans la foulĂ©e. Cependant, le 6 juin 1944 ne sonnera que le dĂ©but de la Bataille de Caen qui rencontrera une issue victorieuse au 6 aoĂ»t 1944. 2300 tonnes de bombes s’abattront sur la ville est ses alentours en 78 jours , causant ainsi la mort de Ă  civils. La Bataille de Normandie est lancĂ©e, navale et terrestre Le cuirassĂ© Courbet – Bataille de Normandie Michel et l’équipage du 12 participent ainsi aux opĂ©rations navales vĂ©ritables opĂ©rations en mer entre les unitĂ©s allemandes et alliĂ©s qui prendront fin Ă  la mi aoĂ»t Bataille navale en Normandie C’est ainsi qu’ils furent chargĂ©s d’escorter, protĂ©ger des convois de munitions Ă  travers la Manche et d’effectuer diverses missions de ravitaillement en mer. Les Chasseurs de sous-marins, Ă©tant armĂ©s et plus petits pouvaient protĂ©ger les gros bateaux qui Ă©taient beaucoup moins rapides et par consĂ©quent plus facilement exposĂ©s aux tirs ennemis. Une mine en mer – 1944 Les deux camps utilisent le meilleur de leur flotte dont notamment des armes spĂ©ciales telles des sous-marins de poche et des torpilles guidĂ©es, de nombreuses mines sont dĂ©posĂ©es en mer par les parties. Cette bataille navale causa de grandes pertes humaines, les tempĂȘtes en mer rajoutant aux difficultĂ©s rencontrĂ©es. Ainsi, du 18 juin au 22 juin 1944, une trĂšs forte tempĂȘte a lieu sur la Manche et rend impossible les actions des forces navales alliĂ©es et ennemies. Durant 5 jours ils sont exposĂ©s Ă  la tempĂȘte la plus violente depuis 40 ans qui dĂ©truit largement le port artificiel alliĂ© Mulberry A » construit devant Omaha Beach et le rends Les ports artificiels flottants de Mulberry – Normandie Destructions causĂ©es par la tempĂȘte au 19 juin 1944 A la suite du dĂ©barquement, il restait encore la France Ă  libĂ©rer, la guerre Ă©tait bien loin de prendre fin. Les alliĂ©s rĂ©cupĂ©raient progressivement les rĂ©gions occupĂ©es par les armĂ©es du IIIĂšme Reich, engendrant de nombreuses pertes militaires et civiles jusqu’au 8 mai 1945, capitulation de l’Allemagne nazie. Du 15 dĂ©cembre 1944 au 1er janvier 1945, Michel est affectĂ© au Centre Administratif de la Marine Militaire de Paris, un organisme chargĂ© de gĂ©rer le personnel marine de l’armĂ©e d’armistice, celle du rĂ©gime de Vichy. Puis, du 1er janvier 1945 au 29 septembre 1945 Michel sera affectĂ© Ă  la Mission Militaires des Affaires Allemandes Créée par dĂ©cret du 18 novembre 1944, cette mission consiste en la coordination des mesures sur les intĂ©rĂȘts de la France en Allemagne occupĂ©e. C’est notamment au cours de cette pĂ©riode que Michel rejoint le STAFF de l’Amiral MUSELIER, nommĂ© par le gĂ©nĂ©ral de Gaulle en tant que chef de la dĂ©lĂ©gation navale de la Certificat de bonne conduite de Michel Ă©tablit par l’amiral Muselier – 1er avril 1946 Cependant, Michel va rencontrer des problĂšmes de santĂ© importants. Il bĂ©nĂ©ficie ainsi d’un congĂ© de convalescence qui est donnĂ© uniquement par l’armĂ©e lorsque les soldats sont dans un Ă©tat de santĂ© fragile et jugĂ©s par les mĂ©decins hors d’état de combattre. Il fera ainsi sa convalescence chez Madame Magnificat Ă  AVALLON Yonne. Michel Ă©tait ainsi affectĂ© d’une pneumonie et d’une fatigue intense et psychique dont il peinait Ă  se remettre. Il notera ainsi quelques annĂ©es plus tard ce que lui inspirent les moments cruels vĂ©cus pendant la guerre 44 Tous ces ĂȘtres qui tuentOnt le cƓur Ă  tuerTous ces ĂȘtes qui meurent Ont-ils le cƓur prĂȘt ? Le 28 aoĂ»t 1945, Michel est renvoyĂ© Ă  la vie civile, il se retirera sur la commune d’ENTREPIERRES en Provence auprĂšs de ses parents, revenus depuis peu du La plupart des soldats ayant rĂ©pondu Ă  l’appel du gĂ©nĂ©ral de Gaulle au sein des FNFL Ă©taient trĂšs jeunes. Nous ne sommes pas sans rappeler l’ñge de Michel durant ses annĂ©es de guerre au cours desquelles ils combattait entre ses 19 et 22 ans, ni des terribles faits vĂ©cus sur lesquels il restera silencieux. Son entourage l’ayant vu partir enfant, ne le reconnaissait pas sur le quai de la gare Saint-Lazare. Ils retrouvaient dĂ©sormais un homme au regard terriblement Michel, comme tous les autres français libres, restera marquĂ© Ă  vie par ces annĂ©es d’engagement, y laissant ainsi une partie de lui pour sauver sa patrie. Ses Ɠuvres romanesques et poĂ©tiques en seront son principal tĂ©moignage, Ă  commencer par La Montagne Morte de la Vie Ă©crite en seulement 19 jours, n’épargnant pas mĂȘme l’ñme de ses visiteurs, in fine enfermĂ©e dans un corps meurtri. Venant d’un poĂšte, l’unique tĂ©moignage de ses heures les plus durs se devait d’ĂȘtre imagĂ©. Michel au retour de la guerreJuin 1945 Notes et rĂ©fĂ©rences 14 juin 1940 Les Allemands entrent dans Paris, Auriane Viry, Revue des Deux Mondes, 14 juin 2017 [↩]Du 17 juin au 18 juin 1940, de la rĂ©signation Ă  l’espoir, Le Point, 18 juin 2010 [↩]Bombardements et destructions Ă  Bordeaux, Les rĂ©sistants, France-3 [↩]Le RĂ©gime de Vichy, [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, crĂ©ation des FNFL dans un contexte de crise, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, crĂ©ation des FNFL dans un contexte de crise, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]RĂ©sister sur les mers – Une histoire de la Marine Française Libre, Luc-Antoine Lenoir, Editions du Cerf, [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, les FNFL sur toutes les mers du globe, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]Bataille de l’Atlantique de 1939-1945 – [↩]RĂ©sister sur les mers – Une histoire de la Marine Française Libre, Luc-Antoine Lenoir, Editions du Cerf, [↩]Site internet dĂ©diĂ© au MELBOURNE STAR [↩]Liste des marins FNFL, mise Ă  jour du 29/11/2011, Michel Bernanos – ; Services historiques de la dĂ©fense SHD – Dossiers administratifs de rĂ©sistantes et de rĂ©sistants – [↩]MusĂ©e de l’Ordre de la LibĂ©ration HĂŽtel National des Invalides – Paris 7Ăšme – Vitrine consacrĂ©e Ă  Michel Bernanos, comprenant notamment son acte d’engagement dans les Forces Françaises Libres du 11 mars 1943 [↩]Documents militaires personnels livret individuel rĂ©serviste de l’armĂ©e de mer – Marine Nationale [↩]Historique des Forces Navales Françaises Libres – Tome 5 – MĂ©morial Liste complĂšte des Marins de la France Libre, AndrĂ© Bouchi Lamontagne, Ă©ditions Services Historiques de la DĂ©fense, 2002, 1094 p. [↩]MĂ©moire FNFL – [↩]Caserne Surcouf, siĂšge des FNFL Ă  Londres, dans une ancienne Ă©cole religieuse au 40 South Side Clapham Common, [↩]Childhood Memories of Havent in the Second World War 1939 to 1945 – Lieux dans lesquels se situaient deux casernes Bir-Kakeim Allendale Avenue Ă  Emsworth et Southleig Road – Hollybank Lane Ă  Emsworth devenus des quartiers rĂ©sidentiels [↩]Le tournant de Bir-Hakeim et ses consĂ©quences pour l’École Navale, L’Ecole Navale des Forces navales Françaises Libres, – Grande Ecole Militaire de la Mer [↩]The Free French, Beaconsfield Historical Society, [↩]Les Forces Navales Françaises Libres, [↩]LibĂ©ration Les communes compagnons – L’ile de Sein, Ordre de la LibĂ©ration, HĂŽtel National des Invalides [↩]Classe chasseur 5 et autres unitĂ©s [↩]RĂ©sister sur les mers – Une histoire de la Marine Française Libre, Luc-Antoine Lenoir, Editions du Cerf, [↩]Dictionnaire de la France Libre, Sous la direction de Jean-François Broche, de Georges Caitucoli et de Jean-François Muracciole, Coll. Bouquins, Editions Robert Laffont, [↩]MĂ©moire des Equipages des Marines de guerre, commerce, pĂȘche et plaisance de 1939 Ă  1945, [↩]Navire du MAILLE-BREZE, Escorteur d’Escadre de la Marine Nationale, MusĂ©e naval [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]Le Mur de l’Atlantique – [↩]Historique des Forces Navales Françaises Libres – Tome 4 – La Flotte Française de la libertĂ© Historique de la Flotte et parcours de chaque bĂątiment, Pierre Santarelli, Ă©ditions Services Historiques de la DĂ©fense, 2002, 221 p. [↩]Unterseeboot, les sous-marins allemands – [↩]RĂ©sister sur les mers – Une histoire de la Marine Française Libre, Luc-Antoine Lenoir, Editions du Cerf, [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]Les cahiers bleus n°46, Hiver 1988-1989 1er trim. 1989, La grande aventure de la France Libre », Jean Livet, Ă  24 [↩]Michel Bernanos, L’insurgĂ©, Salsa Bertin, PrĂ©face de Michel EstĂšve, Editions de Paris, [↩]Georges Bernanos Ă  la merci des passants, Jean-Loup Bernanos, Plon, 1988, [↩]Les Marins Français du Jour J – FNFL – NORMANDIE 44, Les couleurs de la France dans l’Armada alliĂ©e, Jean-Charles Stasi, Ă©ditions HEIMDAL, [↩]Utah Beach – [↩]Cols-Bleus – Marine Nationale, n°3079 – Juin 2019, [↩]Les cahiers bleus n°46, Hiver 1988-1989 – 1er Trim. 1989, La Grande Aventure de la France Libre », Jean Livet, Ă  24 [↩]OpĂ©rations navales pendant la bataille de Normandie, [↩]Les Ports Mulberry de Normandie – [↩]Institut de la gestion publique et du dĂ©veloppement Ă©conomique, Les relations Ă©conomiques franco-allemandes de 1945 Ă  1955, Sylvie LefĂšvre, Open Ă©dition Books, [↩]Michel Bernanos, L’insurgĂ©, Salsa Bertin, PrĂ©face de Michel EstĂšve, Editions de Paris, [↩]Bulletin individuel de dĂ©mobilisation de Michel Bernanos consultĂ© aux Services Historiques de la DĂ©fense de Vincennes – Cote GR 16 P 50793 [↩]Michel Bernanos L’insurgĂ©, Salsa Bertin, prĂ©face de Michel EstĂšve, Editions de Paris, [↩] Voirle film en entier: Bernanos compte parmi les grandes figures littĂ©raires du 20Ăšme s

DĂźner de Gala Maison Champy - Vente des vins Vin - OenologieBeaune 21200Du 19/11/2022 au 31/08/2022Un dĂźner d’exception oĂč les plus beaux artisans se rencontrent ! La vente des vins aux enchĂšres des Hospices de Beaune fait partie des plus anciennes et renommĂ©e au monde. A l’occasion de la 162Ăšme Ă©dition, la Maison Champy a le plaisir de prĂ©senter son dĂźner de gala, qui se tiendra au sein de notre domaine le samedi 19 novembre 2022. Vins d’exception sĂ©lectionnĂ©s par notre Ɠnologue Dimitri Bazas ». Partition salĂ©e jouĂ©e par le chef Thomas Collomb » Chef Ă©toilĂ© Michelin et aurĂ©olĂ© de l'Ă©toile gastronomie durable » Partition sucrĂ©e jouĂ©e par Marie Simon » Championne du monde des Arts SucrĂ©s CafĂ© et infusion proposĂ©s par Vincent Ballot » Meilleur Ouvrier de France torrĂ©facteurJEP la vie et les curiositĂ©s du marais tourbier Plante - Fleur, ModeLongprĂ©-les-Corps-Saints 80510Le 17/09/2022C’est Ă  pied que l’on peut observer le mieux le Marais et il n’y a pas besoin de faire beaucoup de kilomĂštre pour dĂ©couvrir ses secrets. En faisant le tour de l’étang de la Fontinette, le guide vous fera dĂ©couvrir les curiositĂ©s cachĂ©es du marais. Agrions aux couleurs multiples, libellules diverses et variĂ©es ou oiseaux discrets Ă©voluant dans les herbiers et les haies ou se cachent des plantes aux vertus thĂ©rapeutiques et mĂ©dicinales. Vous serez impressionnĂ©s par la diversitĂ© des espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales de cette nature qui paraĂźt si paisible et douce. Sortie ouverte Ă  tous, prĂ©fĂ©rable aux enfants de plus de 6 ans. Pas de tenue particuliĂšre. chien non europĂ©ennes du Patrimoine Ă  Port-Sainte-Marie Manifestation culturelle, FĂȘte, Histoire - Civilisation, Patrimoine - Culture, Patrimoine - Culture, Exposition, Visites et circuitsPort-Sainte-Marie 47130Du 17/09/2022 au 18/09/2022De nombreuses animations auront lieu dans cet ancien port sur la Garonne pour vous permettre de dĂ©couvrir le riche patrimoine de Port Sainte Marie, son histoire qui remonte Ă  l'Ăšre romaine, en passant par les MĂ©rovingiens, les Templiers et autres ordres monastiques, les nĂ©gociations politiques et conjugales d'Henri IV, et encore bien d'autres anecdotes liĂ©es Ă  l'Histoire de France. Des randos dĂ©couverte, expositions et des visites guidĂ©es vous attendent sur ces deux jours, avec Ă  l'issue des visites guidĂ©es un apĂ©ritif offert par la municipalitĂ© du village pour encore plus de partage et convivialitĂ© Ă  l'ombre des monuments du Port!Moulin de Valmy - Visite guidĂ©e Visites et circuitsValmy 51800Du 15/07/2022 au 31/08/2022Montez les marches du moulin Ă  vent et prenez de la hauteur et dĂ©couvrez les engrenages, meules, blutoir
 Percez les secrets de la fabrication de la farine. Vous partirez aussi Ă  la dĂ©couverte du site de la bataille qui a vu s’opposer en 1792 les armĂ©es françaises et prussiennes. Le moulin de Valmy est associĂ© Ă  la bataille du 20 septembre 1792 au point d'en faire le symbole de l'affrontement. Au moins quatre moulins se sont succĂ©dĂ© sur le colline de Valmy depuis le 16e siĂšcle. L'un a Ă©tĂ© dĂ©truit lors de la bataille de Valmy, le 3Ăšme Ă©difice n'a lui pas rĂ©sistĂ© Ă  la tempĂȘte de 4Ăšme moulin reconstruit en 2005 sur le modĂšle des moulins Champenois du 18Ăšme siĂšcle est parfaitement fonctionnel et capable de produire de la farine. Aujourd'hui, le moulin revĂȘt rĂ©guliĂšrement ses voiles en Ă©tĂ©. Imaginez que nous sommes le 21 septembre 1792, Louis XVI a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  Varennes alors qu’il tentait de rejoindre MontmĂ©dy le 21 juin 1791 et il fut ramenĂ© Ă  paris et emprisonnĂ©, Ă  la prison du temple, en septembre 1792. Marie Antoinette Ă©tant prussienne, a donc reçu l’appui de son pays. Les Prussiens voulaient remettre Louis XVI sur le trĂŽne français. Ils arrivĂšrent par l’Est, Longwy[...]Exposition Le long des chemins.. Patrimoine - Culture, ExpositionOloron-Sainte-Marie 64400Du 03/06/2022 au 31/08/2022DĂ©couvrez les diffĂ©rents lieux, sites et paysages jalonnant la voie d'Arles et la partie aragonaise du Camino FrancĂ©s qui a Ă©tĂ© intĂ©gralement inscrit au patrimoine mondial de l'HumanitĂ©. Un projet Ă©laborĂ© dans le cadre d'un programme europĂ©en en partenariat avec le Conseil DĂ©partemental des PyrĂ©nĂ©es Atlantiques, Turismo Aragon, Gobierno de Aragon et Ayuntamiento de Le long des chemins.. Manifestation culturelle, Patrimoine - Culture, Manifestation culturelle, Exposition, Visites et circuitsOloron-Sainte-Marie 64400Du 03/06/2022 au 31/08/2022DĂ©couvrez les diffĂ©rents lieux, sites et paysages jalonnant la voie d'Arles et la partie aragonaise du Camino FrancĂ©s qui a Ă©tĂ© intĂ©gralement inscrit au patrimoine mondial de l'HumanitĂ©. Un projet Ă©laborĂ© dans le cadre d'un programme europĂ©en en partenariat avec le Conseil DĂ©partemental des PyrĂ©nĂ©es Atlantiques, Turismo Aragon, Gobierno de Aragon et Ayuntamiento de "Le long du chemin" Patrimoine - Culture, Histoire - Civilisation, ExpositionOloron-Sainte-Marie 64400Du 02/06/2022 au 31/08/2022L’exposition itinĂ©rante bilingue Le long du chemin
 » est prĂ©sentĂ©epour dĂ©couvrir les diffĂ©rents lieux, sites et paysages jalonnant la voie d’Arles et la partie aragonaise du Camino FrancĂ©s qui a Ă©tĂ© intĂ©gralement inscrit au patrimoine mondial de l’HumanitĂ©. Un projet Ă©laborĂ© par le Pays d’art et d’histoire PyrĂ©nĂ©es bĂ©arnaises dans le cadre d’un programme europĂ©en en partenariat avec le Conseil DĂ©partemental des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, Turismo Aragon, Gobierno de Aragon et Ayuntamientio de "Le long du chemin" Manifestation culturelle, FĂȘte, Patrimoine - Culture, Histoire - Civilisation, Patrimoine - Culture, Patrimoine - Culture, Manifestation culturelleOloron-Sainte-Marie 64400Du 02/06/2022 au 31/08/2022L’exposition itinĂ©rante bilingue Le long du chemin
 » est prĂ©sentĂ©epour dĂ©couvrir les diffĂ©rents lieux, sites et paysages jalonnant la voie d’Arles et la partie aragonaise du Camino FrancĂ©s qui a Ă©tĂ© intĂ©gralement inscrit au patrimoine mondial de l’HumanitĂ©. Un projet Ă©laborĂ© par le Pays d’art et d’histoire PyrĂ©nĂ©es bĂ©arnaises dans le cadre d’un programme europĂ©en en partenariat avec le Conseil DĂ©partemental des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, Turismo Aragon, Gobierno de Aragon et Ayuntamientio de CLUB RIFKIN'S FESTIVAL Festival gĂ©nĂ©raliste, CinĂ©ma, Nature - EnvironnementCattenom 57570Le 06/09/2022L'espace culturel Victor Hugo vous propose un film de Woody Allen. Ce long-mĂ©trage raconte l’histoire d'un couple d’AmĂ©ricains qui se rend au Festival du Film de Saint-SĂ©bastien et tombe sous le charme de l’évĂ©nement, de l’Espagne et de la magie qui Ă©mane des films. L’épouse a une liaison avec un brillant rĂ©alisateur français tandis que son mari tombe amoureux d’une belle "Corps, nature et conscience" Nature - Environnement, AtelierLongprĂ©-les-Corps-Saints 80510Du 03/08/2022 au 07/09/2022Dans le cadre idyllique du marais de LongprĂ©, venez vous reconnecter Ă  votre corps et Ă  votre nature profonde planter vos racines dans la tourbe millĂ©naire, dĂ©rouler votre colonne comme la fougĂšre, dĂ©ployer vos ailes comme l’oiseau, marcher Ă  l’affĂ»t comme un renard, respirer l’oxygĂšne produit par les arbres et prairies exubĂ©rantes des marais. Atelier proposĂ© par Bettina, thĂ©rapeute psychocorporelle, selon l’approche de l’analyse XVI, ILS ME PRENNENT LA TETE! Spectacle comiqueMETZ 57000Le 11/09/2022 Ă  1930One king show, qui va rĂ©volutionner votre vision de l'Histoire de France ! Il s'appelle XVI. Louis, XVI. Son job Roi de France. Et c'est pas facile tous les jours... Entre un peuple qui rĂ©volutionne tout, des valets qui ne comprennent rien, la cour, les diners officiels, des menuets Ă  danser, et sa femme oui, ça, c'est Marie-Antoinette, Louis XVI vous fait ses confidences ĂȘtre roi en 1789 est une sacrĂ©e prise de tĂȘte ! Bienvenue dans le premier One King show ! Un spectacle hors du temps, drĂŽle et dĂ©calĂ©... qui va rĂ©volutionner votre vision de l'Histoire de France !Sortie nature Ă  Pierrepont "Le marais Saint BoĂ©tien vu du sol" Nature - Environnement, Vie localePierrepont 02350Le 07/09/2022Pour la premiĂšre fois, notre animateur nature vous propose une dĂ©couverte de la tourbe et de ses usages passĂ©s en compagnie d'un passionnĂ©...A vivre en famille ! Inscription obligatoire Ă  l'Office de tourisme du Pays de Laon dĂ©but de la sortie Ă  15h / durĂ©e 2h30 / lieu de RV prĂ©cis communiquĂ© Ă  l'inscription / jauge limitĂ©e Ă  25 personnes / Ă  partir de 6 ans / prĂ©voir des chaussures de marcheFESTIVAL PEZENAS DES IDEES - PRESQUE COMME LES AUTRES ConfĂ©rence - DĂ©bat, Lecture - Conte - PoĂ©sie, Festival gĂ©nĂ©ralistePĂ©zenas 34120Le 26/09/2022InspirĂ© du livre du comĂ©dien Francis Perrin et de sa femme Gersende, Louis, pas Ă  pas , dans lequel ils racontent leur expĂ©rience, cette Ɠuvre bouleversante Ă©claire sur l'autisme et donne de l'espoir. SĂ©verine et Christophe, comĂ©diens, sont de jeunes parents amoureux. Ils ont un fils, Tom. À 3 ans, le petit garçon ne parle pas, crie souvent, dort difficilement, a des comportements Ă©tranges. Aucune baby-sitter ne consent Ă  le garder, la crĂšche le renvoie, les grands-parents sont dĂ©passĂ©s. SĂ©verine, extĂ©nuĂ©e par les nuits sans sommeil, met sa carriĂšre en sourdine, Christophe se rĂ©fugie dans le travail, l’alcool et les Ă©glises. Quand le diagnostic d'autisme tombe enfin, la famille peut commencer Ă  avancer. Avec Julie-Marie Parmentier, Marie-Anne Chazel, Bernard Campan, Michael Bier DurĂ©e 1h30 + dĂ©bat Tarif unique 5 € Un tĂ©lĂ©film de Renaud Bertrand Lundi 26 septembre 2022 - 20H30 DĂ©bat animĂ© par Francis et Louis PerrinExposition PeintureGuise - 2 Du 14/08/2022 Ă  1400 au 31/08/2022 Ă  1800Au sein de la halle Marie de Lorraine Ă  GUISE, venez dĂ©couvir les oeuvres rĂ©centes du peintre Michel Guinot et rencontrer l'artiste. Plage D'Isle Vie localeSaint-Quentin - 2 Du 09/07/2022 Ă  1400 au 31/08/2022 Ă  1900PLAGE D’ISLE Du 9 juillet au 31 aoĂ»t Du mardi au dimanche de 14h Ă  19h ENTREE LIBRE ET GRATUITE* Avenue LĂ©o Lagrange La Plage d’Isle se dĂ©core en plage XXL durant l’étĂ©. Venez profiter de cette plage urbaine et naturelle, au cƓur des Marais d’Isle et avec une sublime vue sur la Basilique,[...]LES PARENTS VIENNENT DE MARS Spectacle comiqueORCHIES 59310Le 17/09/2022 Ă  1800Les parents viennent de Mars, les enfants du Mcdo La comĂ©die qui va rĂ©concilier la famille. On adore nos enfants mais parfois haaaaaaaaaaaaaaaaaaaa... On adore nos parents mais parfois haaaaaaaaaaaaaaaaaaaa... Lorsque les parents regardent leur enfant, la seule question qui leur vient Ă  l'esprit c'est mais de qui a-t-il pris ? Lui lorsqu'il regarde ses parents, il twitte c'est sĂ»r, j'ai Ă©tĂ© adoptĂ©. BĂ©bĂ©, enfant, adolescence, Ă  tous Ăąges ses joies... et ses des Transes de Marie Grauette Manifestation culturelle, Festival gĂ©nĂ©raliste, MusiqueCALONNE-RICOUART, 62470Du 16/09/2022 au 17/09/2022L'Ă©quipe organisatrice bĂ©nĂ©vole est heureuse de vous annoncer le retour du Festival des Transes de Marie Grauette les vendredi 16 et samedi 17 septembre 2022 ! Exceptionnellement la 17Ăšme Ă©dition du Festival se dĂ©roulera sur le site de notre partenaire de toujours Cirqu'en Cavale basĂ© Ă  Calonne des Transes de Marie Grauette Festival gĂ©nĂ©ralisteCalonne-Ricouart 62470Du 16/09/2022 au 17/09/2022L'Ă©quipe organisatrice bĂ©nĂ©vole est heureuse de vous annoncer le retour du Festival des Transes de Marie Grauette les vendredi 16 et samedi 17 septembre 2022 ! Exceptionnellement la 17Ăšme Ă©dition du Festival se dĂ©roulera sur le site de notre partenaire de toujours Cirqu'en Cavale basĂ© Ă  Calonne & SLIMANE ConcertORLEANS 45100Le 07/09/2022 Ă  2000VersuS, le titre de la premiĂšre chanson issu d'un projet incroyable et Ă©vident. VersuS, les confessions musicales de Vitaa et Slimane, deux artistes que le destin a dĂ©cidĂ© de rĂ©unir le temps d'un album duo. disponible le 23 aoĂ»t prochain. VersuS Tour, une tournĂ©e des zĂ©niths Ă  deux. Un spectacle musical unique mettant en scĂšne les interprĂštes du tube Je te le donne ». Un rendez-vous exceptionnel que vous donnent Slimane et Vitaa le temps d'une sĂ©rie de concerts uniques Ă  travers toute la France, la Belgique et la Suisse dĂšs mars 2020. Contact rĂ©servations PMR billetterie 02 31 50 32 30ScĂšne d’étĂ© Concert "Nash"Decize 58300Le 09/09/2022CONCERT Concert, scĂšne d'Ă©tĂ© "Nash" - Decize Vendredi 9 septembre 2022 Ă  21h00 Le groupe de musique NASH, qui sillonne depuis plus de quinze ans les routes de Bourgogne et de France propose un rĂ©pertoire de reprises en musiques actuelles trĂšs large, allant du Rock, de la Pop en passant par le Funk, mais aussi du Reggae et des Standards Blues ainsi que la variĂ©tĂ© Française et Internationale U2, Rolling stones, The police, Bob Marley, David Bowie, Muse, Bruno Mars, Coldplay, Noir DĂ©sir, TĂ©lĂ©phone, Frero Delavega, etc
. ComposĂ© de 3 musiciens chanteurs et multi-instrumentistes, il nous offre ainsi une formule POWER TRIO » guitare-basse-batterie, agrĂ©mentĂ©e de sonoritĂ©s aussi bien chaleureuses et mĂ©lodiques en mĂȘlant la guitare acoustique aux percussions et au ukulĂ©lĂ©, que modernes et Ă©nergiques en alliant avec brio les pads Ă©lectroniques et les samples au son de la guitare Ă©lectrique et d’envolĂ©es lyriques maĂźtrisĂ©es. Ces 3 musiciens professionnels, forts d’une grande expĂ©rience de la musique et de la scĂšne distillent une musique de qualitĂ© avec une justesse dans l’interprĂ©tation et un rapport trĂšs chaleureux avec son public. La diversitĂ© du rĂ©pertoire lui permet[...]ScĂšne d’étĂ© Concert "Nash" Musique, ConcertDecize 58300Le 09/09/2022CONCERT Concert, scĂšne d'Ă©tĂ© "Nash" - Decize Vendredi 9 septembre 2022 Ă  21h00 Le groupe de musique NASH, qui sillonne depuis plus de quinze ans les routes de Bourgogne et de France propose un rĂ©pertoire de reprises en musiques actuelles trĂšs large, allant du Rock, de la Pop en passant par le Funk, mais aussi du Reggae et des Standards Blues ainsi que la variĂ©tĂ© Française et Internationale U2, Rolling stones, The police, Bob Marley, David Bowie, Muse, Bruno Mars, Coldplay, Noir DĂ©sir, TĂ©lĂ©phone, Frero Delavega, etc
. ComposĂ© de 3 musiciens chanteurs et multi-instrumentistes, il nous offre ainsi une formule POWER TRIO » guitare-basse-batterie, agrĂ©mentĂ©e de sonoritĂ©s aussi bien chaleureuses et mĂ©lodiques en mĂȘlant la guitare acoustique aux percussions et au ukulĂ©lĂ©, que modernes et Ă©nergiques en alliant avec brio les pads Ă©lectroniques et les samples au son de la guitare Ă©lectrique et d’envolĂ©es lyriques maĂźtrisĂ©es. Ces 3 musiciens professionnels, forts d’une grande expĂ©rience de la musique et de la scĂšne distillent une musique de qualitĂ© avec une justesse dans l’interprĂ©tation et un rapport trĂšs chaleureux avec son public. La diversitĂ© du rĂ©pertoire lui permet[...]Escape Game "Sauvez la mare !" Nature - EnvironnementPont-Sainte-Maxence 60700Le 24/09/2022Inscription obligatoire 6-7 personnes maximum par session. A partir de 12 ans accompagnĂ© des parents. Une mare forestiĂšre doit ĂȘtre dĂ©truite. Un naturaliste du CPIE des Pays de l’Oise est envoyĂ© sur place pour l’étudier et trouver un moyen de la protĂ©ger. Malheureusement, il est appelĂ© Ă  un congrĂšs mondial sur les zones humides et doit interrompre ses recherches. Il vous confie donc cette responsabilitĂ© Ă  vous, ses Ă©tudiants. A vous de trouver un moyen de sauver la mare avant le dĂ©but des travaux ! Il vous reste 1h !Intervillage Manifestation culturelleSaint-Martin-le-NƓud 60000Le 10/09/2022Les communes de Aux Marais, Goincourt, Saint LĂ©ger en Bray et Saint Martin le Noeud se rencontrent autour d’épreuves ludiques, cette Ă©dition renoue avec la traditionIntervillage 2022 Vie locale, Manifestation sportiveSaint-Martin-le-NƓud 60000Le 10/09/2022La commune accueille ses communes voisines Aux Marais et Goincourt, les Ă©quipes de chaque village s’affronteront dans des joutes sportives et ludiques, jeux, attractions, ambiance assurĂ©e. OrganisĂ© par la mairie de Saint Martin le Noeud Renseignements au 03 44 02 18 52 ou Ă  l'adresse mail PONCE Musique du mondePARIS 09 75009Le 10/09/2022 Ă  2000Suite Ă  l'arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral du 9 mars 2020, interdisant tout rassemblement de plus de 1000 personnes, le concert de Lady Ponce prĂ©vu le 12 avril 2020 est reportĂ© au dimanche 24 mai 2020 . Les billets pour la date du 12 avril restent valables pour la nouvelle date du 24 mai. Vous ne pouvez pas vous rendre Ă  la nouvelle date ? Veuillez vous rapprocher du point de vente oĂč vous avez achetĂ© votre billet pour vous faire rembourser avant le 12 Avril 2020. AccĂšs PMR 0 892 68 33 68Brocante Brocante - Vide-grenierSaint-Aubin-en-Bray 60650Le 11/09/2022Brocante dans le centre de Saint-Aubin-en-Bray rue de la mare, rue de l'Eglise, rue la forge, rue des bonshommes Buvette et restauration place de la mairie Inscription et rĂšglement auprĂšs de Monsieur Berenger au 06 48 54 46 89ImpĂ©riale visite guindĂ©e Patrimoine - CultureCompiĂšgne 60200Du 28/08/2022 au 12/03/2023Venez Ă  la rencontre des personnages illustres qui ont fait la renommĂ©e de CompiĂšgne au cours d’une promenade théùtralisĂ©e Ă  l’initiative de l’Office de Tourisme. Une expĂ©rience immersive pleine de charme et d’humour ! La vĂ©ritĂ© historique pourrait ne pas ĂȘtre celle que l'on croit... Et si la Grande Histoire en cachait bien d'autres ? VoilĂ  le point de dĂ©part de cette crĂ©ation de l’Acte Théùtral, de l’Association Le bord de l’eau et de la compagnie La Cahute basĂ©s sur Margny-lĂšs-CompiĂšgne, en partenariat avec l’Office de Tourisme. Cette visite guindĂ©e inĂ©dite est co-financĂ©e par le projet europĂ©en ExpĂ©rience qui vise Ă  prolonger la saison touristique d’octobre Ă  mars pour attirer de nouveaux visiteurs dans la - Les TrĂ©teaux Érrants ...Et surtout pour le pire ! ThéùtreSaint-Quentin 02100Du 10/09/2022 au 11/09/2022Et surtout pour le pire
 de Viviane Tardivel Rendez-vous chez la juge Gabrielle Laloit pour Paulin et Fanny Le Pain. Paulin veut divorcer. Il ne supporte plus sa femme Fanny qui pourtant lui obĂ©it au doigt et Ă  l’oeil. Mais Marius et Rose Le Pin ont Ă©galement rendez-vous chez la juge pour le mĂȘme motif, le mĂȘme jour et Ă  la mĂȘme heure suite Ă  une erreur de convocation d’Axelle, l’assistante du juge. Rose, menant son mari Ă  la baguette, veut divorcer de Marius pour des motifs on ne peut plus surprenants ! Jo, plombiĂšre de son Ă©tat, voit dĂ©barquer ces deux couples alors qu’elle devait ĂȘtre seule pour rĂ©parer un dĂ©gĂąt des eaux dans la salle d’attente. Ajoutez une juge perturbĂ©e par l’opĂ©ration d’une proche on ne peut plus inattendue. MĂ©langez tous ces personnages et vous obtiendrez un cocktail quelque peu indigeste pour certains
Championnat de France de Barbecue Science et technique, Foire - Salon, FĂȘteSaintes-Maries-de-la-Mer 13460Du 10/09/2022 au 11/09/2022Les amateurs de BBQ doivent confronter leurs recettes et leur science de la cuisson pour convoiter l'un des 6 grands prix dĂ©livrĂ©s taureau de Camargue, boeuf, porc, agneau, poulet et lĂ©gumes. Le salon du Barbecue et des loisirs de plein air oĂč les visiteurs pourront dĂ©couvrir, tester, goĂ»ter les produits et matĂ©riels proposĂ©s par les exposants. Une barbecue party oĂč des restaurateurs, rĂŽtisseurs, spĂ©cialistes de la cuisine au feu proposeront au public, leurs crĂ©ations et leurs prĂ©parations. Des animations permanentes, pour tous les publics et tous les Ăąges, afin de faire souffler un grand air de fĂȘte en Camargue !Concert-lecture Quintette de cuivres "Solstice", AndrĂ© Feydy et Jacques BonnaffĂ© Concert, Musique, Musique classiqueLongueville - 77 Du 10/09/2022 Ă  2000 au 10/09/2022 Ă  2130 Quintette de cuivres "Solstice" Luc Rouselle, Marie Collemare, Emilien Courait et Jean-Charles Dupuis AndrĂ© Feydy Jacques BonnaffĂ© Programme du concert Jean-Philippe Rameau Suite en La extraite des Nouvelles suites de piĂšces de clavecin arrangĂ©e par[...]ChargĂ© / ChargĂ©e de la gestion administrative du personnelEmploi Puy-en-Velay, 43, Haute-Loire, Auvergne-RhĂŽne-AlpesL'Association HospitaliĂšre Sainte-Marie recherche pour le CENTRE HOSPITALIER SAINTE MARIE du PUY EN VELAY de mission RH rĂ©fĂ©rent du personnel mĂ©dical - H/F PRÉSENTATION DU GROUPE L'Association HospitaliĂšre Sainte-Marie, 5 600 collaborateurs rĂ©partis sur 8 dĂ©partements, est un acteur historique de la prise en charge en psychiatrie depuis 1827 et plus rĂ©cemment des personnes ĂągĂ©es ou handicapĂ©s. Elle gĂšre plus d'une trentaine d'Ă©tablissements dont les Centres Hospitaliers Sainte-Marie de Clermont- Ferrand, du Puy-en-Velay, de Privas, de Rodez et de Nice. 1er opĂ©rateur ESPIC de SantĂ© Mentale en France, elle redĂ©finit en 2015 ses grands axes stratĂ©giques autour du projet d'entreprise, Sainte-Marie 2025, pour assurer son dĂ©veloppement, s'adapter aux Ă©volutions des politiques de santĂ© et de sociĂ©tĂ© et soutenir les projets des Ă©tablissements de l'Association. PRESENTATION DE L'ETABLISSEMENT Le Centre Hospitalier Sainte Marie du Puy en Velay est structurĂ© autour de trois pĂŽles, garantissant une prise en charge spĂ©cialisĂ©e par Ăąges, par pathologie et par public. L'offre de soins se dĂ©ploie Ă  travers quatre gradations, quel que soit le pĂŽle - Centres mĂ©dico[...]Sortie nature "Le patrimoine Ă  Bourdon" Nature - Environnement, Vie locale, Patrimoine - CultureBourdon 80310Le 18/09/2022Le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France organise une sortie nature dimanche 18 septembre, de 9h00 Ă  11h00 dans la commune de Bourdon, dans le cadre des journĂ©es europĂ©ennes du patrimoine. Venez dĂ©couvrir le marais du ChĂąteau, site gĂ©rĂ© par le Conservatoire d'espaces naturels des Hauts-de-France, et observer les oiseaux de ce site ouvert uniquement lors des JournĂ©es europĂ©ennes du Patrimoine. Le lieu de rendez-vous sera donnĂ© lors de l'inscription. PrĂ©voir des chaussures de marche. OrganisĂ© en partenariat avec l'office de tourisme NiĂšvre & Somme et le CD80. Inscriptions auprĂšs de l'office de tourisme NiĂšvre & Somme au ou officedetourisme Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Musique, ConcertPau 64000Le 06/10/2022Rencontre avant concert Ă  19h Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Concert Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Manifestation culturelle, Musique, Musique classique, Concert, Manifestation culturellePau 64000Le 06/10/2022Rencontre avant concert Ă  19h Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Concert Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Manifestation culturelle, Musique, Musique classique, Concert, Manifestation culturellePau 64000Le 07/10/2022Rencontre avant concert Ă  19h Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Concert Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Manifestation culturelle, Musique, Musique classique, Concert, Manifestation culturellePau 64000Le 08/10/2022Rencontre avant concert Ă  10h et 17h. Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Concert Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Musique, ConcertPau 64000Le 07/10/2022Rencontre avant concert Ă  19h Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Concert Symphonique OPPB Marie-Ange Nguci Musique, ConcertPau 64000Le 08/10/2022Rencontre avant concert Ă  10h et 17h. Marie-Ange Nguci, Piano Fayçal Karoui, Direction RAVEL Alborada del gracioso RAVEL Concerto en Sol DEBUSSY La Mer RAVEL BolĂ©ro A propos de Marie-Ange Nguci ... VĂ©ritable Ă©toile montante du piano, Marie-Ange Nguci est invitĂ©e en 2020/2021 Ă  se produire avec l’Orchestre de Paris Ă  la Philharmonie de Paris, l’Orchestre National de Lyon sous la direction de Nikolaj Znaider, l’Orchestre National d’Île-de-France et Case Scaglione, l’Orchestre de Chambre de Paris au Théùtre des Champs-ElysĂ©es, l’orchestre de chambre de BĂąle sous la direction de Pierre Bleuse, l’Orchestre National de Bordeaux-Aquitaine et Paul Danielou encore l’Orchestre National de Lille sous la direction de David Reiland. ...Septembre Musical de l'Orne - La Schola de l'Orne Concert, Festival gĂ©nĂ©raliste, Musique classiqueDOMFRONT EN POIRAIE 61700Le 24/09/2022FondĂ©e en 1906, la Schola de l’Orne fait partie des chorales les plus anciennes de France. Le chƓur, placĂ© sous la direction d’Anne-Marie ConcĂ© depuis 1997, interprĂštera Eternal Light A Requiem du compositeur anglais Howard Goodall. Cette oeuvre, Ă©crite en 2008 pour cĂ©lĂ©brer les 20 ans de l’orchestre London Musici, vous sera proposĂ©e dans sa version pour chƓur, solistes, harpe, piano et orgue. Ce Requiem, surprenant, lumineux et accessible Ă  tous, nous offre une vision fraĂźche, sereine et pleine d’espoir de la vie Ă©ternelle. Ce programme sera complĂ©tĂ© par des Ɠuvres tout aussi saisissantes de compositeurs britanniques des 20Ăšme et 21Ăšme siĂšcles. LA SCHOLA DE L’ORNE Anne-Marie CONCÉ, direction Evelyne CABARET, harpe Anna OESINGER, piano Thibault BITSCHENÉ, orgue Karl JENKINS Exsultate, jubilate pour choeur a cappella John RUTTER Variations on an Easter Theme O Fili et Filiae » pour 2 organistes Edward ELGAR Lux Aeterna pour choeur a cappella Benjamin BRITTEN Extraits de la Suite pour harpe John TAVENER Angels pour choeur et orgue Howard GOODALL Eternal Light A RequiemSeptembre Musical de l'Orne - La Schola de l'Orne Musique, Chorale - Chant, Musique classiqueDomfront en Poiraie 61700Le 24/09/2022FondĂ©e en 1906, la Schola de l’Orne fait partie des chorales les plus anciennes de France. Le chƓur, placĂ© sous la direction d’Anne-Marie ConcĂ© depuis 1997, interprĂštera Eternal Light A Requiem du compositeur anglais Howard Goodall. Cette oeuvre, Ă©crite en 2008 pour cĂ©lĂ©brer les 20 ans de l’orchestre London Musici, vous sera proposĂ©e dans sa version pour chƓur, solistes, harpe, piano et orgue. Ce Requiem, surprenant, lumineux et accessible Ă  tous, nous offre une vision fraĂźche, sereine et pleine d’espoir de la vie Ă©ternelle. Ce programme sera complĂ©tĂ© par des Ɠuvres tout aussi saisissantes de compositeurs britanniques des 20Ăšme et 21Ăšme siĂšcles. LA SCHOLA DE L’ORNE Anne-Marie CONCÉ, direction Evelyne CABARET, harpe Anna OESINGER, piano Thibault BITSCHENÉ, orgue Karl JENKINS Exsultate, jubilate pour choeur a cappella John RUTTER Variations on an Easter Theme O Fili et Filiae » pour 2 organistes Edward ELGAR Lux Aeterna pour choeur a cappella Benjamin BRITTEN Extraits de la Suite pour harpe John TAVENER Angels pour choeur et orgue Howard GOODALL Eternal Light A RequiemChantier nature un petit coup de pouce à Tanguy Repas - DĂ©gustation, Nature - Environnement, Competition sportive, ModeLong 80510Le 24/09/2022Venez prêter main forte à Tanguy, Conservateur bénévole, pour le désenvasement et l’agrandissement de mares et la coupe de ligneux sur des espaces fragiles. Marais des Communes De 08h30 à 17h. PrĂ©voir des bottes, des vĂȘtements adaptĂ©s et votre pique-nique. A partir de 10 ans. Inscription auprès du Conservateur bénévole Tanguy LADRIERE 07 64 02 39 FABIAN Spectacle musicalPARIS 09 75009Du 03/10/2022 Ă  2000 au 04/10/2022 Ă  2000Lara Fabian, la tournĂ©e Best Of » Celle qui a vendu plus de 20 millions d'albums s'arrĂȘtera en France, Belgique et en Suisse en 2022 dans le cadre d'un spectacle Best Of ». Une chance unique de cĂ©lĂ©brer l'ensemble de sa carriĂšre et de redĂ©couvrir ses plus grands tubes. Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, les concerts de Lara Fabian initialement reportĂ©s les 4 et 5 juin 2021 sont reportĂ©s aux lundi 3 et mardi 4 octobre 2022. Les billets pour la date du 4 juin 2021 10 septembre 2020 ou 24 mars 2020 sont valables pour la nouvelle date du 3 octobre 2022. Les billets pour la date du 5 juin 2021 11 septembre 2020 ou 25 mars 2020 sont valables pour la nouvelle date du 4 octobre 2022. Vous ne pouvez pas vous rendre Ă  la nouvelle date ? Vous pouvez demander le remboursement de vos billets jusqu'au 30 aoĂ»t 2022. Merci de votre comprĂ©hension,EXPOSITION LES ANIMAUX SOUS TOUTES LES FORMES Exposition, PeintureChĂąteau-Gontier 53200Du 07/05/2022 au 05/09/2022Du 07 mai au 05 septembre 2022, Marie-France HervĂ© sculptrice/crĂ©atrice de bijoux et dĂ©corations et Thierry Guillot plasticien/photographe exposent leurs Ɠuvres dans la salle multi-activitĂ©s du Refuge de l’Arche. Le couple Ɠuvre dans le domaine associatif pour dĂ©fendre les grandes causes auxquelles ils tiennent la protection animale, l’environnement et la biodiversitĂ©. Thierry Guillot a notamment rĂ©alisĂ© la fresque du Refuge de l’Arche en graffs situĂ©e sous le pont de l’Europe. DĂ©couvrez sous toutes les formes portraits animaliers en gravures sur verre, peintures sur ardoise ou sur bois, aquarelles, sculptures en fils de fer... L’exposition fait partie de la visite du Refuge de l’arche, tous les jours de 10h Ă  19h d’avril Ă  aoĂ»t et de 10h Ă  18h en septembre. Pour dĂ©couvrir uniquement l’exposition, les tarifs sont de ‱ 2€ Ă  partir de 12 ans, ‱ 1€ pour les enfants de 4 Ă  11 vie du marais Animaux, Nature - EnvironnementLongprĂ©-les-Corps-Saints 80510Du 12/08/2022 au 22/09/2022C’est Ă  pied que l’on peut observer le mieux le marais et il n’y a pas besoin de faire beaucoup de kilomĂštre pour dĂ©couvrir ses secrets. En faisant le tour de l’étang de la Fontinette, le guide vous fera dĂ©couvrir les curiositĂ©s cachĂ©es du marais. Agrions aux couleurs multiples, libellules diverses et variĂ©es ou oiseaux discrets Ă©voluant dans les herbiers et les haies oĂč se cachent des plantes aux vertus thĂ©rapeutiques et mĂ©dicinales. Vous serez impressionnĂ©s par la diversitĂ© des espĂšces vĂ©gĂ©tales et animales de cette nature qui paraĂźt si paisible et douce. Sortie ouverte Ă  tous, prĂ©fĂ©rable aux enfants de plus de 6 ans. Pas de tenue particuliĂšre. chien non - Secrets de femmes, paroles de femmes » Lecture - Conte - PoĂ©sieSaint-Brieuc 22000Du 01/07/2022 au 18/09/2022Marie-Gilles a grandi en Bretagne entre ciel et terre. Elle a tout d’abord travaillĂ© sur des sujets variĂ©s objets familiers, livres anciens, arbres, reflets, etc
 qu’elle a choisis pour leur force symbolique. Aujourd’hui, elle concentre ses recherches sur la lumiĂšre, la transparence et les matiĂšres. Je pose l’eau et les pigments tout en les guidant dans leur jeu sur du papier de lin artisanal, le gesso ou le tissu. » Le travail de Marie-Gilles est l’expression d’une douceur inspirĂ©e par la force des Ă©lĂ©ments et de la nature qu’elle capte, le carnet de croquis en poche, au fil des chemins arpentĂ©s le long des cĂŽtes et landes finistĂ©riennes. La poĂ©sie et la spiritualitĂ© reprĂ©sentent aujourd’hui de nouvelles sources d’inspiration qui entrent en rĂ©sonnance avec sa peinture. Marie-Gilles participe rĂ©guliĂšrement Ă  de nombreux salons en France et en Europe. Je sculpte la lumiĂšre au fil de l’eau et des matiĂšres »BACK TO BASIC Manifestation culturelleEckbolsheim 67000Le 16/09/2022Le concert initialement prĂ©vu le 9 octobre 2021 est reportĂ© au 12 mars 2022. Les billets restent valables. Les remboursements sont possibles auprĂšs de votre point de vente. Back To Basic s’arrĂȘte dans votre ville, ĂȘtes-vous prĂȘts Ă  faire la fĂȘte, chanter et danser avec vos amis ?! 20 ans aprĂšs ils reviennent sur les routes de France pour votre plus grand plaisir. Back To Basic le meilleur des annĂ©es 2000 !DOPE LEMON Pop - Rock - FolkPARIS 19 75019Du 11/03/2022 Ă  1930 au 05/09/2022 Ă  1930le concert de Dope Lemon qui Ă©tait initialement prĂ©vu le 02 juin 2020 puis le 7 juin 2021 est reportĂ© au 11 mars 2022 Les billets restent valables pour cette nouvelle date Commençons par un avertissement La meilleure façon d'Ă©couter Smooth Big Cat, c'est avec un whisky dans une main et une cigarette dans l'autre. C'est loin au nord de la Nouvelle-Galles-du-Sud Australie, sur la route du magnifique ranch d'Angus Stone, que perdure l'histoire de Smooth Big Cat. CrĂ©ature mystique vouĂ©e aux loisirs, Smooth Big Cat le fauve doux aime Ă  veiller tard en Ă©coutant des disques avec ses vauriens de potes, un verre de whisky Ă  la main. Les problĂšmes du monde ne le concernent pas, et sa vie suit le bon vouloir du vent et de ce qui se trouve devant lui. Quand on se sent perdu ou un peu dĂ©primĂ©, on peut compter sur Smooth Big Cat, pour qu'il nous montre un chemin que l'on dĂ©sire emprunter, Ă  l'image d'Angus, dans une pĂ©riode incertaine, qui chercha conseil auprĂšs de Smooth Big Cat dans le monde insolent qu'il frĂ©quente. Dans l'esprit d'Angus, Smooth Big Cat est le prĂ©sident du conseil d'administration si vous prĂ©fĂ©rez. Quand le temps fut venu pour Angus de trouver un nom pour le nouveau[...]RENTREE DE LA GARE Manifestation culturelleMĂ©ricourt 62680Le 16/09/2022Laissez-vous emmener par la Compagnie DĂ©tournoyment et ses acolytes Steph’ Petit et Sophie Cornille en MercedĂšs et Micheline, hĂŽtesse de l’air et de rail, qui vous indiquera quelle destination emprunter pour votre voyage ! Entre le Japon avec Marie en Geisha et son riz vinaigrĂ©, le QuĂ©bec avec Steeve et ses toasts au beurre de peanut et coulis de sirop d’érable, La Pologne avec Johnny et sa metka, la Belgique avec Willy et ses biĂšres, le Mexique avec Lucas et sa roulette mexicaine
.vous ne saurez plus oĂč donner de la tĂȘte ! Un voyage spatio culinaire succulent en perspective qui se clĂŽturera par une soirĂ©e boom et karaokĂ© ! C’est un minimum pour dĂ©marrer la saison !Ouvrier / OuvriĂšre d'entretien des espaces vertsEmploi Saint-Jean-de-Monts, 85, VendĂ©e, Pays de la LoireLa CommunautĂ© de Communes OcĂ©an-Marais de Monts gĂšre l'EcomusĂ©e du Daviaud, MusĂ©e de France, dĂ©diĂ© Ă  la dĂ©couverte du marais breton vendĂ©en et de sa culture. Ce site propose au public diffĂ©rents espaces d'exposition tout au long d'un parcours d'environ un kilomĂštre et retrace la vie des habitants du marais, leurs traditions et savoir-faire. La collectivitĂ© gĂšre Ă©galement quatre autres sites en rĂ©seau Biotopia, le MusĂ©e Charles Milcendeau, Kulmino et Deambul. Elle recherche, pour le secteur technique, un agent technique dĂ©diĂ© au cheptel et aux espaces verts du Daviaud. PlacĂ© sous l'autoritĂ© du responsable scientifique et technique des sites patrimoniaux, il aura pour mission la gestion du cheptel d'animaux de races anciennes et la participation Ă  l'entretien des espaces verts et des espaces naturels sensibles des marais du Daviaud. Missions - DĂ©placement, soins et mise en valeur des races domestiques Ă  faible effectif. - MĂ©diation et information des visiteurs sur les animaux domestiques, le patrimoine naturel, le paysage qui entoure le site - RĂ©alisation de petits travaux liĂ©s Ă  la gestion du cheptel. - Entretien et usage du matĂ©riel en traction animale - Entretien[...]Visite guidĂ©e "Sous les jupons des reines" au ChĂąteau Royal de Blois Patrimoine - Culture, ThéùtreBlois 41000Du 03/09/2022 au 05/11/2022Visite guidĂ©e "Sous les jupons des reines" au ChĂąteau Royal de Blois. RĂ©sidence favorite de 7 rois et de 10 reines de France, le chĂąteau s’est animĂ© durant des siĂšcles de drames, de manigances et de jeux de pouvoir. Un théùtre historique fort oĂč luxe et faste allaient de pair avec mƓurs scandaleuses et excentricitĂ©s. Une programmation royalement dĂ©calĂ©e pour Ă©voquer la femme et son statut au XVIe siĂšcle. Sexe, mensonges et trahisons cette visite guidĂ©e dĂ©voile tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur l’intimitĂ© des tĂȘtes couronnĂ©es sans jamais oser poser la question ! Interdite aux moins de 16 ans, la visite Sous les jupons des reines » explore l’intimitĂ© et les mƓurs des 10 reines ayant sĂ©journĂ© Ă  Blois, Anne de Bretagne, Claude de France, Marie Stuart, Catherine ...

Lepetit-fils et le petit-neveu de Bernanos, apportent un Ă©clairage nouveau sur la vie et l’oeuvre de l’écrivain le plus anticonformiste de son temps dont l’intensitĂ© des textes rĂ©sonne encore plus Avec sa biographie de l’auteur des Grands CimetiĂšres sous la lune», François Angelier offre un panoramique fouillĂ© d’une vie qui commença par le rĂȘve de devenir un chevalier de la chrĂ©tientĂ©. Et explore sa violente et surnaturelle contrĂ©e romanesque. Georges Bernanos 1888-1948, Ă©crivain français, en 1927. Laure Albin Guillot/Roger-Violletpar Philippe LançonIl avait imaginĂ© mourir une premiĂšre fois, puis revenir pour quelques secondes Ă  la vie, avec, selon un confident, le privilĂšge de garder en mĂ©moire la lumiĂšre entrevue et de la contempler avec des yeux de vivant, des yeux de ce monde-ci, avant de mourir une seconde fois, dĂ©finitivement.» Mais Georges Bernanos n’est mort qu’une fois, comme tout le monde, le 5 juillet 1948, Ă  60 ans. Il Ă©tait rentrĂ© de Tunisie en France pour y ĂȘtre, si possible, soignĂ©. Paris, l’Artois, le Pays basque, Bar-le-Duc, les PyrĂ©nĂ©es, de nouveau le Nord, et Majorque, et la France de nouveau, puis le BrĂ©sil entre 1938 et 1945, puis encore la France, et enfin la Tunisie
 Dans sa vie, il avait dĂ©mĂ©nagĂ© trente fois. Son corps avait subi presque autant de maladies graves et d’accidents. Cinq jours aprĂšs son dĂ©cĂšs, Julien Green note dans son journal Il savait toutes ces choses qui nous font souffrir. C’est mĂȘme de cela que sa grandeur Ă©tait faite. Il avait beau se prĂ©senter Ă  nous en veston, il Ă©tait l’homme de l’invisible.» Dans sa biographie, François Angelier, en six cents pages, soulĂšve le n’est pas simple dans un pays oĂč le catholicisme que l’écrivain incarnait avec ses tensions, ses fulgurances, ses rĂ©fĂ©rences, a fondu comme neige au soleil d’un dieu absent. Julien Gracq le remarquait dĂ©jĂ  il y a trente ans Les serres chaudes du catholicisme, dont le climat vers 1930 faisait Ă©panouir comme des orchidĂ©es tous les puissants et singuliers fantasmes, les angoisses raffinĂ©es et tortueuses des romans de Bernanos et de Green, ont cessĂ© d’entretenir la tempĂ©rature qui permettait seule leur floraison.» Le veston de ce formidable Ă©crivain, Ă  la fois grand romancier et grand polĂ©miste, ou plus exactement prophĂšte, est devenu une vieille tenture de velours sombre. Ses plis sont secouĂ©s par les courants d’air de l’histoire du XXe siĂšcle. Quand elle bat sous l’effet du vent, jaillit une lumiĂšre crue, sauvage, Ă©blouissante. De la terre colle au bord infĂ©rieur du tissu. On est dans une vieille et grande maison de campagne isolĂ©e, incommode, sans chauffage, un presbytĂšre plein de fantĂŽmes d’abbĂ©s, avec des vitraux, des armoiries, toute la ComĂ©die humaine de Balzac, les Ɠuvres de LĂ©on Bloy, la vie de sainte ThĂ©rĂšse d’Avila. Dehors, la nuit et le diable ; dedans, aussi. On entend des hurlements de bĂȘte, des cris d’enfants, puis le silence enveloppe n’est pas le premier Ă  entrer. Les fervents de l’auteur des Grands CimetiĂšres sous la lune et du Journal d’un curĂ© de campagne forment un cercle, dĂ©sormais restreint, mais intense et obstinĂ©. Max Milner, Jean-Loup Bernanos, Jean Bothorel, SĂ©bastien Lapaque ont dĂ©frichĂ© le terrain parcouru par le nouveau biographe. Son travail est une synthĂšse des leurs et, Ă  travers une lecture minutieuse des romans, des essais, des articles, des lettres, un panoramique fouillĂ©, peut-ĂȘtre mĂȘme trop soucieux de ne rien oublier. Il dĂ©voile, autant que possible, le jeune catholique d’extrĂȘme droite, le caporal dĂ©corĂ© du 6e dragons de la PremiĂšre Guerre mondiale. Il n’évite pas le problĂšme de son antisĂ©mitisme, hĂ©ritĂ© d’une tradition, mais montre bien qu’il serait anachronique de le juger selon nos critĂšres, et, de surcroĂźt, dĂ©placĂ© cet antisĂ©mitisme chrĂ©tien, qui ne contamine absolument pas son Ɠuvre romanesque, ne l’a jamais conduit Ă  faire, aux moments cruciaux de l’histoire de France, de mauvais de zĂ©busAu contraire vivant Ă  Majorque au dĂ©but de la guerre d’Espagne, Bernanos dĂ©nonce vite les crimes franquistes ; installĂ© au BrĂ©sil, il devient une des grandes voix de la France libre. Dans la cambrousse brĂ©silienne, il commence par Ă©lever des zĂ©bus, pensant qu’ils vont lui permettre d’écrire. On ne s’improvise pas Ă©leveur, surtout dans une rĂ©gion pauvre et aride ce sont ses articles qui lui permettront de nourrir ses bĂȘtes. Ceux-ci marquent tellement les esprits que De Gaulle lui demande, en 1944, de rentrer au pays. Il y revient en 1945, aprĂšs s’ĂȘtre battu avec des Italiens dans un cafĂ© brĂ©silien. L’Etat français lui offre une CitroĂ«n. Il a un accident. Il y est habituĂ© chevalier des routes, il adore faire de la moto et ne cesse de se fracasser. Assez vite, il n’a pu marcher qu’avec deux cannes, mais, quelques semaines avant sa mort, il fait encore des Ă©quipĂ©es dans le Sud tunisien. Il y a toujours chez lui un peu plus de libertĂ© que de souffrance, un peu plus d’énergie que de suit de prĂšs ce personnage et cet Ă©crivain hors de tout commun, individu qui ne cesse de changer de lieu et qui refuse toute espĂšce de collier et d’allĂ©geance, pĂšre de six enfants perpĂ©tuellement fauchĂ© mais perpĂ©tuellement soutenu, accueilli, financĂ© par des admirateurs plus ou moins fortunĂ©s. Le portrait qui apparaĂźt peu Ă  peu est celui d’un homme qui Ă  40 ans, entre la mort de son pĂšre en 1927 et sa rupture avec l’Action française en 1932, s’est fort bien dĂ©fini Pensez Ă  moi comme Ă  une espĂšce de voyageur, d’aventurier. Je ne suis pas autre chose, je ne suis pas digne d’ĂȘtre autre chose, et si j’entre au ciel, je voudrais que ce fĂ»t en qualitĂ© de vagabond. Quel titre aurais-je Ă  guider personne ? Je ne peux rien faire que d’entraĂźner mon monde aussi loin que je peux aller. Me suit qui veut, Ă  son risque et pĂ©ril, hĂ©las ! Je n’ai pas pris de billet circulaire. Je peux bien m’arrĂȘter en pleine nuit dans une de ces petites gares obscures, ou mĂȘme Ă  un simple passage Ă  niveau, devant un bonhomme qui balance une lanterne dans le grand vent. “OĂč sommes-nous ?” me demandera-t-on
 Heureux l’écrivain qui peut rĂ©pondre, qui eĂ»t le droit de rĂ©pondre “Que vous importe ? Nous sommes loin.”» Ce que cherchent les bernanosiens» en suivant ce flambeau, c’est ça une lutte sans merci avec le mal, le silence, le vide, la mort, pour accĂ©der Ă  cet Ă©tat d’enfance, sans aliĂ©nation ni compromis, qui passe par toutes sortes de dĂ©routes, de fuites, et mĂȘme de crimes, qu’on appelle la grĂące.Du sang sous les ongles»La violente et surnaturelle contrĂ©e romanesque de Bernanos peut paraĂźtre datĂ©e avec ses prĂȘtres, ses prĂ©lats, ses Ă©crivains cyniques, sa province Ă©touffante, ses salons parisiens remplis d’évĂȘques soyeux et d’intellectuels hypocrites. Ses histoires dĂ©routent d’autant plus qu’elles Ă©chappent Ă  l’ordre rationnel et efficace» du rĂ©cit. Elles sont secouĂ©es, comme leurs hĂ©ros, par des forces qui semblent les dĂ©passer. L’action est cassĂ©e par les sentences du moraliste, ou, plutĂŽt, fouettĂ©e par lui. Le diable entre, tout semble Ă©cartelĂ©, dans les phrases et dans les consciences, par des chevaux d’Apocalypse. Les ĂȘtres sont tendus, exaspĂ©rĂ©s, comme chez DostoĂŻevski. Quand le lecteur entre dans la piĂšce, chacun a du sang sous les ongles», et le mobilier est Ă©crit Angelier, s’est considĂ©rĂ© trĂšs tĂŽt comme tĂ©moin plus que comme “gendelettre”», espĂšce qu’il exĂšcre. Mais tĂ©moin de quoi ? Du combat entre son idĂ©e de la France, de l’honneur, de la libertĂ©, du destin, de l’ñme, et le monde tel qu’il va -Ă  sa perte, en passant par la mĂ©diocritĂ©. L’écrivain rĂ©sume, dĂšs 1919, alors qu’il revient de la guerre et n’a encore Ă©crit aucun roman, son Ă©tat Le mĂ©tier littĂ©raire ne me tente pas, il m’est imposĂ©. C’est le seul moyen qui m’est donnĂ© de m’exprimer, c’est-Ă -dire de vivre. Pour tous une Ă©mancipation, une dĂ©livrance de l’homme intĂ©rieur, mais ici quelque chose de plus une condition de ma vie morale.» Dans sa jeunesse, il a rĂȘvĂ© d’ĂȘtre un authentique chevalier de la chrĂ©tientĂ©. Il est monarchiste, catholique, antirĂ©publicain, comme sa famille, aisĂ©e et originale. A l’école, c’est d’abord un cancre, sauf Ă  l’écrit. Un professeur note Celui-lĂ  personnifierait assez bien l’élĂšve amateur, il en a quelques qualitĂ©s et Ă  peu prĂšs tous les dĂ©fauts, en particulier une incurable paresse. Il n’a rien fait ; je me trompe, il a produit un certain nombre de chefs-d’Ɠuvre, non en latin et en grec, mais en français, peut-ĂȘtre mĂȘme en vers français ! J’ai nommĂ© Georges Bernanos !» La famille quitte Paris pour l’Artois. Le gamin court, libre, ensauvagĂ©, Ă  travers champs et bois. À la maison, il force la bibliothĂšque paternelle et lit actif des Camelots du roi, puis, Ă  20 ans, de l’Action française, le jeune homme n’hĂ©site pas Ă  se battre, Ă  crĂ©er des scandales. Il connaĂźt mĂȘme quelques jours de prison. RemarquĂ© par LĂ©on Daudet et Charles Maurras, il est envoyĂ© Ă  Rouen pour relancer le journal du mouvement. Il y parvient. Ses articles dĂ©gomment les rĂ©publicains, les notables et la gloire intellectuelle locale et nationale, pape agnostique du radicalisme le philosophe Alain. L’amour lui-mĂȘme ne doit rien au hasard la femme de Bernanos, rencontrĂ©e Ă  Rouen, descend semble-t-il du frĂšre de Jeanne d’Arc. Angelier Ă©tudie de prĂšs son engagement volontaire en 1914. On ne sait pas trop ce qu’il a fait dans les tranchĂ©es ; mais il en a vu assez pour comprendre que les charges de cavalerie, dont il rĂȘvait, ont laissĂ© place Ă  la boucherie industrielle. GrĂące Ă  son beau-pĂšre, il devient inspecteur des assurances en 1922 Je suis contraint de gagner ma vie en assurant les gens sur la leur.» Le succĂšs de Sous le soleil de Satan, en 1926, l’incite Ă  abandonner ce mĂ©tier, qu’il exerçait trĂšs bien, Ă  38 ans Je n’ai aucun intĂ©rĂȘt Ă  assurer la vie de mes contemporains qui, d’ailleurs, n’en vaut gĂ©nĂ©ralement pas la peine.» Bernanos est rarement Ă©conome de son mĂ©pris, mais on y sent toujours, comme chez LĂ©on Bloy, la prodigieuse colĂšre de son cƓur plein d’amour.» Il Ă©crit le plus souvent dans des cafĂ©s populaires. Il s’installe, Ă©coute les conversations, s’y mĂȘle, longtemps, rĂ©agit, vitupĂšre, puis, Ă  un moment, comme Ă©veillĂ©e par tant d’étincelles, l’écriture verre d’eau-de-vieÀ quoi ressemblent ses personnages ? Voici, dans l’Imposture, publiĂ© en 1927, l’abbĂ© CĂ©nabre entrant dans un cafĂ© Ă  l’aube, prĂšs de la gare de l’Est, un garçon blafard venant d’ouvrir le rideau de fer Sa solitude Ă©tait telle qu’il entra lĂ  d’instinct comme on vient mourir prĂšs d’un inconnu, sur un champ de bataille dĂ©sert. Il s’installa sur l’étroite banquette avec un profond soupir, suivant les allĂ©es et venues de son unique compagnon d’un Ɠil presque Ă©garĂ©, vide de toute pensĂ©e, plein d’une tendresse obscure.» Le garçon lui sert un cafĂ© brĂ»lant, un grand verre d’eau-de-vie, puis, avec une discrĂ©tion professionnelle oĂč se marquait une commençante amitiĂ©, se reprit Ă  frotter frĂ©nĂ©tiquement les tables d’un torchon gras, marchant sur le talon de ses savates.» L’écrivain est toujours avec les pauvres, les solitaires, les scandaleux, les Ă©paves c’est par eux, par leur expĂ©rience de la perte, de la misĂšre, du nĂ©ant, que l’ñme finit par remonter. OĂč sont-ils aujourd’hui ? Peut-ĂȘtre dans un square ou le long d’un pĂ©riphĂ©rique, chez l’un de ces migrants ou de ces chĂŽmeurs abandonnĂ©s. Mais oĂč est le Bernanos qui les repĂȘche au fond du puits, phrase Ă  phrase, pour les passer au gant de crin, en Ă©vacuant l’eau froide de l’idĂ©alisme puritain» ?A son retour en France aprĂšs la guerre, il est aussitĂŽt Ă©cƓurĂ© par ce qu’il voit de vengeances, de bassesses, d’appartenances. Naturellement, il l’écrit. Il quitte Combat, le journal d’Albert Camus, aprĂšs trois articles. Il refuse quatre fois la LĂ©gion d’honneur. Quand François Mauriac lui propose d’entrer Ă  l’AcadĂ©mie française, il rĂ©pond Cette distinction n’est pas faite pour moi, ni pour l’espĂšce de services que je rends, et qui me font passer auprĂšs de tant d’étourdis pour un dĂ©molisseur alors que je voudrais – Dieu le sait – rester seulement jusqu’au bout, dans une sociĂ©tĂ© qui tombe en poussiĂšre, le tĂ©moin de tout ce qui dure contre tout ce qui donne l’illusion de durer.» Autrement dit, Il y a des vĂ©ritĂ©s qu’on ne saurait dire, ni mĂȘme Ă©crire, en habit de carnaval, c’est-Ă -dire en jouant un personnage.»Il n’aimait guĂšre Mauriac, mais celui-ci, aprĂšs sa mort, a rĂ©sumĂ© sa grandeur et ses limites. En 1945, Ă©crit-il, nous n’avions pas Ă  rougir de l’espoir que nous mettions en cet homme, l’un des derniers qui nous parussent Ă  la mesure de notre destin. Avec quelle humble confiance nous nous tournions vers lui et nous guettions les paroles qu’il allait adresser Ă  un peuple recru d’humiliation et de honte ! Ce que furent ces paroles, vous vous le rappelez il invita la jeunesse française Ă  prendre le large et Ă  s’expatrier. Les injures dĂ©ception fut amĂšre, mais brĂšve. Tous nous avons trĂšs vite compris qu’à un Bernanos, il n’y avait rien Ă  demander que d’ĂȘtre lui-mĂȘme, que de rester l’homme qu’il Ă©tait intraitable dans l’immĂ©diat et sur le plan des basses besognes quotidiennes. Il n’avait d’autre mission en ce monde que d’incarner ce que les mystiques appellent l’esprit d’enfance et de lui donner une voix.»François Angelier, Georges Bernanos, La ColĂšre et la grĂące, Seuil, 636 pp., 25€. GeorgesBernanos, Histoire d'un homme libre TV Movie 2020 52 m YOUR RATING Cast & crew IMDbPro Documentary Add a plot Directors Yves Bernanos Jean-Pascal Hattu Writers Yves Bernanos Jean-Pascal Hattu Stars Georges Bernanos (archive footage) Olivier Claverie (voice) Christelle Reboul (voice) See production, box office & company info Add to Watchlist Kimi et Auteur Hubert Marie-ClaudeRĂ©initialiserSaut de ligneRecherche avancĂ©e Me prĂ©inscrire Identifiant Mot de passe Mot de passe oubliĂ© ? Attention rĂ©servĂ© aux lecteurs extĂ©rieurs Etudiants, Enseignants, Personnels UPFLecteurs extĂ©rieurs'Orometua Kimi et Auteur Hubert Marie-ClaudeRĂ©initialiser25 documentsListeMur Suivre RĂ©sultat et auteur hubert marie-claudeSuggĂ©rer un achatImprimerPartager par emailListe des documents recherchĂ©sListe des facettesType de documentListe des facettesSiteBibliothĂšque de l'UniversitĂ© de la PolynĂ©sie franç25Liste des facettesAuteurListe des facettesLangueListe des facettesSujetBernanos et les Ăąges de la vieAndrĂ© NotAffiner le rĂ©sultat de recherche avec le type de document EbookAfficher tous les documents ayant la date d'Ă©dition , commele document Bernanos et les Ăąges de la vie 2020 Presses universitaires de ProvenceBernanos et les Ăąges de la vie Ressource accessible en libre accĂšs Consulter le document Voir le document Bernanos et les Ăąges de la vie de AndrĂ© Not de type EbookRĂ©serverMes prĂ©fĂ©rĂ©s Ajouter Bernanos et les Ăąges de la vie Ă  la sĂ©lection Mes prĂ©fĂ©rĂ©sDĂ©jĂ  lu Ajouter Bernanos et les Ăąges de la vie Ă  la sĂ©lection DĂ©jĂ  luÀ lire Ajouter Bernanos et les Ăąges de la vie Ă  la sĂ©lection À lireAjouter 
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